Le Destin Des Dragons . Морган Райс. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Морган Райс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Серия: L'anneau Du Sorcier
Жанр произведения: Героическая фантастика
Год издания: 0
isbn: 9781632913333
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en sont tes promesses, à présent ? Es-tu encore persuadé que je vais réussir à lever l’épée ?”

      Firth déglutit. Il avait l’air particulièrement nerveux. Il était sans voix. A l’évidence, il n’avait rien à dire.

      “Je suis désolé, Monseigneur !” dit-il. “J’avais tort.”

      “Tu t’es trompé sur beaucoup de choses !” cracha Gareth.

      En effet, plus Gareth y pensait, plus il venait à réaliser à quel point Firth avait pu se tromper. En fait, sans Firth, son père serait toujours en vie aujourd’hui et Gareth ne se serait pas retrouvé dans un tel pétrin. Le poids de la royauté ne lui pèserait pas sur la tête, toutes les choses ne partiraient pas ainsi de travers. Gareth souhaitait retrouver les jours plus simples de l'époque où il n’était pas encore Roi, lorsque son père était encore en vie. Il eut brusquement envie de les faire tous revenir, de retrouver les choses telles qu’elles étaient, mais il ne pouvait pas, et c'était la faute de Firth.

      “Que fais-tu ici ?” l’interrogea Gareth.

      Firth s’éclaircit la gorge, visiblement très nerveux.

      “J’ai entendu … des rumeurs … des serviteurs murmurer. Il est remonté jusqu’à moi que vos frères et sœurs se posent des questions. Ils ont été vus dans les quartiers des serviteurs. Ils s’intéressaient de près au vide-ordures et recherchaient l’arme du meurtre. Le poignard que j’ai utilisé pour tuer votre père.”

      A ces mots Gareth se glaça. Il était figé par la peur et sous le choc. Est-ce que ce jour pouvait encore empirer ?

      Il se racla la gorge.

      “Et qu’ont-ils trouvé ?” demanda-t-il la gorge sèche, les mots peinant à sortir.

      Firth secoua la tête.

      “Je ne sais pas, Monseigneur. Tout ce que je sais, c’est qu’ils suspectent quelque chose.”

      Gareth sentit sa haine envers Firth s’accroître, une haine dont il ne se pensait pas capable. Si Firth n’avait pas été aussi bête, s’il s’était proprement débarrassé de l’arme, Gareth ne se serait pas retrouvé dans cette position. Firth le mettait dans une position vulnérable.

      “Je ne le dirai qu’une fois”, dit Gareth en se rapprochant de Firth, se plantant devant lui avec le regard le plus mauvais dont il était capable. “Je ne veux plus jamais revoir ta tête. Tu m’entends ? Disparais et ne reviens jamais. Je vais t’envoyer loin d’ici. Et si jamais tu remets un jour les pieds entre les murs de ce château, sois sûr que je te ferai arrêter.

      “A PRÉSENT, VA-T’EN !” s’époumona Gareth.

      Fondant en larmes, Firth tourna les talons et partit en courant, le bruit de ses pas résonnant longtemps après qu’il eut disparu dans le couloir.

      Les pensées de Gareth revinrent vers l’épée et son échec. Il ne pouvait se débarrasser de l'impression qu'il avait déclenché une terrible catastrophe à son encontre. Il avait la sensation de s’être jeté depuis le haut d’une falaise et qu’à partir de cette journée le reste de sa vie ne serait qu’une longue descente.

      Il resta ainsi, ancré au sol en pierre dans l’implacable silence de la chambre de son père, à trembler et se demander ce qu’il avait bien pu déclencher. Il ne s’était jamais senti aussi seul, il n’avait jamais autant douté de lui-même.

      Était-ce donc cela être roi ?

*

      Gareth se hâta dans l’escalier en colimaçon en pierre, enchaînant les étages, se dépêchant de rejoindre le parapet le plus élevé du château. Il avait besoin d’air. Il avait besoin de temps et d’espace pour réfléchir. Il avait besoin d’un point de vue sur son royaume, d'une chance d’apercevoir sa cour, son peuple et de se rappeler que tout cela lui appartenait. Malgré les événements cauchemardesques de la journée, il était encore roi.

      Gareth avait congédié tous ses domestiques et gravissait seul les escaliers en respirant fort. Il s’arrêta à un étage, se courba et chercha à reprendre son souffle. Des larmes roulaient sur ses joues. A chaque étage, il avait l’impression de voir le visage de son père le fusiller du regard.

      “Je te déteste !” cria-t-il dans le vide.

      Il aurait juré entendre un rire moqueur en retour. Le rire de son père.

      Gareth avait besoin de s’échapper de cet endroit. Il tourna les talons et continua sa course jusqu’à ce qu'il finisse par atteindre le sommet. Il jaillit par la porte et la brise fraîche estivale lui frappa le visage.

      Il inspira profondément tout en reprenant son souffle au soleil, savourant les chaudes brises. Il ôta sa cape, celle de son père, et la jeta au sol. Il faisait trop chaud et il ne voulait plus avoir à la porter.

      Il se précipita au bord du parapet et s’agrippa au mur de pierre en respirant bruyamment tout en observant sa cour en contrebas. Il voyait la foule immense sortir du château. Tous quittaient la cérémonie. Sa cérémonie. Il pouvait presque lire leur déception, même d’ici. Ils étaient tous si petits. Il ne cessait de s’émerveiller de tous les savoir sous son contrôle.

      Cependant, pour combien de temps encore ?

      “Les règnes sont de drôles de choses”, déclara une voix âgée.

      Gareth se retourna et, à sa grande surprise, découvrit qu’Argon se tenait à quelques pas de lui, vêtu d’une cape blanche à capuche et appuyé sur son bâton. Il le regardait un sourire au coin des lèvres, mais ses yeux n’étaient point rieurs. Ils brillaient, le transperçaient et cela agaçait Gareth. Ses yeux en voyaient trop.

      Il y avait tant de choses que Gareth aurait souhaité dire et demander à Argon. Cependant, à présent qu’il avait échoué avec l’épée, il n’arrivait plus à se souvenir d’une seule de ses questions.

      “Pourquoi ne m’as-tu rien dit ?” implora Gareth d’une voix désespérée. “Tu aurais pu me dire que je n’étais pas destiné à la soulever. Tu aurais pu m’épargner toute cette honte.”

      “Et pourquoi l'aurais-je fait ?” demanda Argon.

      Gareth le fusilla du regard.

      “Tu n’es pas un bon conseiller pour le Roi”, dit-il. “Tu aurais fidèlement conseillé mon père. Cependant, pas moi.”

      “Peut-être méritait-il d’être justement conseillé”, répliqua Argon.

      La colère de Gareth s’intensifia. Il détestait cet homme et il lui en voulait.

      “Je ne veux plus de toi dans mon entourage”, dit Gareth. “Je ne sais pas pourquoi mon père t’a pris à son service mais je ne veux plus de toi à la Cour du Roi.”

      Argon se mit à rire. Un son creux et effrayant sortit de sa gorge.

      “Ton père ne m’a pas pris à son service, mon pauvre garçon !” déclara-t-il. “Pas plus que son père avant lui. Je suis censé être ici. Il en est ainsi. Ce serait même plutôt moi qui les aurais pris à mon service.”

      Argon s’avança brusquement et le regarda comme s’il arrivait à lire l’âme de Gareth.

      “Peux-tu en dire autant ?” demanda Argon. “Toi, es-tu censé être ici ?”

      Ses mots touchèrent une corde sensible chez Gareth et le firent frissonner. C’était exactement le sujet sur lequel Gareth en était venu à se poser des questions. Gareth se demanda si c'était une menace.

      “Celui qui règne par le sang gouvernera par le sang”, tonna Argon. Sur ces mots, il se retourna vivement et s’éloigna.

      “Attends !” s’écria Gareth qui ne voulait soudain plus qu’il s’en aille tant il avait de questions. “Que veux-tu dire ?”

      Gareth ne pouvait s’empêcher de penser qu’Argon essayait de lui faire passer un message, comme quoi son règne