Le Destin Des Dragons . Морган Райс. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Морган Райс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Серия: L'anneau Du Sorcier
Жанр произведения: Героическая фантастика
Год издания: 0
isbn: 9781632913333
Скачать книгу
Krohn fit demi-tour et se mit à poursuivre la créature en essayant de l’attraper et en faisant claquer ses mâchoires qui se refermaient systématiquement sur du vide.

      Thor nageait pour survivre, comprenant que la seule façon de se sortir de cet enfer était de sortir de l’eau. Après un temps qui lui parut une éternité et après avoir nagé comme il ne l’avait jamais fait de sa vie, il atteignit enfin la barque qui tanguait violemment dans les vagues. Deux membres de la Légion, des garçons plus âgés qui n’avaient jamais adressé la parole ni à Thor ni à ses compagnons, étaient prêts à lui porter assistance. Ils eurent le mérite de se pencher par-dessus bord et de lui tendre la main.

      Thor aida d’abord le garçon en essayant de s’agripper et de le hisser dans le bateau. Le plus âgé des garçons l’attrapa par le bras et le tira à bord.

      Toujours accroché au bateau, Thor attrapa Krohn par la peau du ventre et le lança par-dessus bord. Krohn agita les pattes tout en retombant et griffa le bois du bateau, complètement mouillé et tout tremblant. Il glissa sur le fond mouillé du bateau et traversa la largeur du bateau puis, dès qu’il se retrouva sur pattes, il se retourna et courut jusqu’au bord à la recherche de Thor. Il resta là à regarder l’eau en glapissant.

      Thor tendit la main et se cramponna à celle d’un des garçons. Il était sur le point de sortir de l’eau lorsqu’il sentit une emprise puissante et musclée le saisir par la cheville et la cuisse. Il se retourna et regarda sous lui. Son cœur s’arrêta de battre quand il vit la créature verdâtre qui ressemblait vaguement à un calmar enrouler son tentacule autour de sa jambe.

      Thor hurla de douleur lorsqu’il sentit ses aiguillons transpercer sa chair.

      Thor comprit qu’il serait perdu s’il ne réagissait pas rapidement. De sa main libre il attrapa sa courte dague sur sa ceinture et poignarda la bête. Cependant, le tentacule était tellement épais que la dague n’arrivait pas à la transpercer.

      Cela mit la créature en colère. La tête de la créature sortit de l’eau d’un coup. Verte, sans yeux et armée de deux mâchoires sur un long cou, l’une au-dessus de l’autre, elle montra brusquement une rangée de dents acérées comme des lames de rasoir et s’élança vers Thor. Ce dernier eut l’impression que son sang cessa soudain de circuler dans sa jambe et sut qu’il fallait réagir au plus vite. Malgré les efforts du plus âgé des garçons pour le retenir, Thor lâchait prise peu à peu et redescendait lentement vers les eaux.

      Krohn glapit encore et encore, les poils dressés sur le dos, se penchant par-dessus bord comme s’il était prêt à se lancer à l’eau, mais même Krohn devait savoir qu’attaquer cette chose était peine perdue.

      L’un des deux garçons fit un pas en arrière et cria :

      “PENCHE-TOI !”

      Thor baissa la tête alors que le garçon jetait une lance. Elle fila dans l’air mais rata sa cible, finissant dans l’eau sans faire aucun mal. La créature était trop petite et trop rapide.

      Soudain, Krohn bondit dans l’eau, atterrit mâchoire ouverte sur l’arrière du cou de la créature et y enfonça ses crocs acérés. Krohn mordit violemment. Secoué de tous côtés, il refusa de lâcher prise.

      Cependant, cette bataille était perdue d’avance : la peau de la créature était bien trop épaisse et musclée. La créature secoua Krohn de part et d’autre et l’envoya finalement promener dans les airs. Pendant ce temps, la créature avait resserré son emprise sur la jambe de Thor, qui commençait à manquer d’oxygène. Les tentacules le brûlaient affreusement et il avait l’impression que sa jambe allait lui être arrachée à tout moment.

      Dans une dernière tentative désespérée, Thor lâcha la main du garçon pour se saisir de la petite épée à sa ceinture.

      Cependant, il ne réussit pas à l’attraper à temps; il glissa et tomba la tête la première dans l’eau.

      Thor se sentit emporté loin du bateau. La créature le tira dans la mer. Entraîné de plus en plus vite, il tendit désespérément les mains et vit le bateau disparaître. La dernière chose dont il se souvint fut d’être entraîné sous la surface de l’eau vers les profondeurs de la Mer de Feu.

      CHAPITRE NEUF

      Gwendolyn courait dans la prairie aux côtés de son père, le Roi MacGil. Elle était jeune, avait environ dix ans et son père semblait bien jeune lui aussi. Il portait une courte barbe qui ne grisonnait pas encore comme cela serait le cas plus tard dans sa vie, sa peau était jeune, sans ride aucune et brillait de santé. Il était heureux, insouciant et se laissait aller à rire tout en lui tenant la main et en courant dans les champs. C’était le père dont elle se souvenait, le père qu’elle connaissait.

      Il la prit dans ses bras et la jeta sur son épaule, la faisant tourner encore et encore, en riant de plus en plus fort alors qu’elle ricanait de façon hystérique. Elle se sentait en sécurité dans ses bras. Elle aurait voulu que ce moment partagé dure pour toujours.

      Toutefois, lorsque son père la reposa à terre, quelque chose d’étrange se produisit. Le bel après-midi ensoleillé fit brusquement place au crépuscule. Lorsque les pieds de Gwen touchèrent le sol, ils ne se trouvaient plus dans une prairie fleurie mais embourbés jusqu’à la cheville dans de la boue. Son père gisait à présent sur le dos, dans la boue, à quelques pas d’elle. Il était plus âgé, bien plus âgé, trop âgé, et il était coincé. Plus loin, sa couronne scintillante gisait elle aussi dans la boue.

      “Gwendolyn”, haleta-t-il. “Ma fille. Aide-moi.”

      Désespéré, il réussit à extraire une main de la boue et la tendit vers elle.

      Submergée par le sentiment de devoir lui venir en aide au plus vite, elle essaya de le rejoindre et d’attraper sa main mais ses pieds ne bougèrent pas d’un pouce. Elle baissa les yeux et vit que la boue avait durci tout autour d’elle et craquait en s’asséchant. Elle remua le plus qu’elle put pour se libérer.

      Gwen cligna des yeux et se retrouva debout sur le parapet du château, regardant la Cour du Roi en contrebas. Quelque chose clochait : en baissant les yeux, elle ne voyait ni la splendeur ni les festivités habituelles mais plutôt un cimetière à perte de vue. Là où, jadis, la Cour du Roi avait affiché sa splendeur, il n'y avait maintenant plus que des tombes fraîches où que se posent ses yeux.

      Elle entendit des bruits de pas. Son cœur s’arrêta quand elle se retourna et découvrit un assassin en cape noire à capuche qui s’approchait d’elle. Il se précipita sur elle en relevant sa capuche et révéla son visage grotesque, auquel manquait un œil et qui était balafré par une épaisse cicatrice déchiquetée qui lui barrait l’orbite. Il se mit à grogner, leva une main tenant une dague scintillante dont la poignée avait un éclat rouge.

      Il allait trop vite et elle ne put réagir à temps. Elle se recroquevilla sur elle-même en sachant qu’elle allait mourir transpercée par la dague qui s’abattrait sur elle avec force.

      Cependant, l'assassin s’arrêta brusquement à quelques centimètres de son visage. Elle rouvrit les yeux pour découvrir que son père mort s’était relevé pour intercepter le poignet de l’homme dans sa course. Il serra la main de l’homme jusqu’à ce qu’il lâche la dague puis souleva l’homme par-dessus son épaule et le projeta par-dessus le parapet. Gwen entendit ses hurlements lorsqu’il passa par-dessus le rebord.

      Son père se retourna et la regarda. Il l’attrapa fermement par les épaules de sa main en décomposition et la fixa avec une expression sévère.

      “Ce lieu n’est pas sûr pour toi”, la sermonna-t-il. “C’est dangereux !” se mit-il à crier. Ses doigts se refermèrent de plus en plus fort sur son épaule et lui arrachèrent un cri.

      Gwen se réveilla en criant. Elle s’assit dans son lit, regardant la chambre autour d’elle, prête à subir une attaque.

      Cependant, elle n’entendit que le silence, le silence lourd et tranquille qui précédait l’aube.

      Transpirante