Un Rite D’Epées . Морган Райс. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Морган Райс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Серия: L'anneau Du Sorcier
Жанр произведения: Героическая фантастика
Год издания: 0
isbn: 9781632914484
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UN

      Thorgrin survolait la campagne de l’Anneau sur le dos de Mycoples, en direction du sud, où se trouvait Gwendolyn. Il serrait dans son poing fermé l’Épée de Destinée. En contrebas s’étendait l’armée d’un million d’hommes de Andronicus, qui grouillait comme une nuée de sauterelles. L’Épée de Destinée palpitait dans la main de Thor. Il savait ce qu’elle voulait : protéger l’Anneau, chasser les envahisseurs. C’était presque un commandement sacré et Thor était plus que disposé à lui obéir.

      Bientôt, il ferait demi-tour et leur ferait payer. Maintenant que le Bouclier s’élevait à nouveau autour du pays, Andronicus et ses hommes étaient pris au piège. Les renforts n’arriveraient plus pour leur porter secours. Thor ne s’arrêterait pas avant de les avoir tués jusqu’au dernier.

      Cependant, l’heure n’était pas encore venue. La priorité de Thor, c’était son grand amour, la femme qu’il désirait et dont il se languissait depuis son départ : Gwendolyn. Il brûlait de la revoir, de la serrer entre ses bras, de la savoir en vie. Il sentait l’anneau de sa mère rouler sous sa chemise, contre sa poitrine. Il ne pouvait attendre une minute de plus avant de le donner à Gwen, lui confesser son amour et lui demander sa main. Il fallait qu’elle sache que rien n’avait changé entre eux, que ce qui lui était arrivé n’importait pas. Il l’aimait autant qu’avant, peut-être même plus. Elle devait savoir.

      Mycoples ronronna doucement et Thor sentit les vibrations à travers les écailles. Mycoples avait hâte, tout comme lui, d’atteindre Gwendolyn et de s’assurer que rien ne lui était arrivé. Le dragon plongea et s’enfila entre les nuages en battant ses ailes immenses, heureux de parcourir l’Anneau en compagnie de Thor. Le lien qu’ils partageaient devenait plus fort à chaque instant. Thor sentait que Mycoples écoutait la moindre de ses pensées, le moindre de ses désirs. C’était comme chevaucher une partie de lui-même.

      Les pensées de Thor se tournèrent vers Gwendolyn. Les mots de l’ancienne Reine résonnaient encore dans son esprit, bien malgré lui. Sa révélation le blessait plus qu’il n’aurait su le dire. Andronicus ? Son père ?

      Ce n’était pas possible. Une partie de lui espérait que ce n’était là qu’une farce cruelle de la Reine. Après tout, elle l’avait toujours détesté. Peut-être voulait-elle le déstabiliser, le tenir éloigné de sa fille, pour quelque raison. Thor se raccrochait à cette pensée.

      Au fond, pourtant, depuis qu’il avait entendu ces mots, ils résonnaient à l’intérieur du corps et de l’âme de Thor. Tout était vrai, Thor le savait. Au moment où la révélation avait quitté les lèvres de la Reine, il avait su que Andronicus était bel et bien son père.

      Cette certitude suivait Thor comme un cauchemar. Il avait espéré, il avait prié, quelque part, au fond de sa tête, pour que le Roi MacGil soit son père, sans pour autant que Gwen soit sa sœur, d’une manière ou d’une autre. Thor avait toujours songé que, le jour où il connaîtrait l’identité de son père, tout prendrait sens.

      Apprendre que son père n’était pas un héros, c’était une chose. Il pouvait l’accepter. Apprendre que son père était un monstre – le pire des monstres, l’homme que Thor souhaitait voir mourir –, c’était beaucoup plus difficile à avaler. Ils partageaient le même sang. Qu’est-ce que cela pouvait bien signifier ? Cela voulait-il dire que Thor deviendrait un monstre lui aussi, tôt ou tard ? Cela voulait-il dire qu’une étincelle diabolique dormait en lui ? Était-il destiné à devenir comme Andronicus ? Trouverait-il la force d’être différent ? Le destin déciderait-il à sa place ? Une génération pouvait-elle s’affranchir de la précédente ?

      Thor se demandait également si cette révélation était liée à l’Épée de Destinée. Si la Légende disait vrai, si seul un MacGil pouvait manier l’Épée, Thor était-il un MacGil ? Comment était-ce possible, si Andronicus était son père ? À moins que Andronicus ne soit lui-même un MacGil ?

      Et surtout, comment annoncer la nouvelle à Gwendolyn ? Comment lui dire qu’il était le fils de son pire ennemi ? De l’homme qui l’avait agressée ? Elle le haïrait. Elle reconnaitrait le visage de Andronicus dans celui de Thor. Pourtant, il fallait lui dire : Thor ne pouvait pas garder cela secret. Cette révélation anéantirait-elle leur relation ?

      Le sang de Thor bouillait de rage. Il voulait tuer Andronicus, lui faire regretter de l’avoir mis au monde. Comme il volait, il observait la campagne. Andronicus se trouvait là, quelque part. Bientôt, Thor le débusquerait. Il l’affronterait. Et il le tuerait.

      D’abord, il fallait retrouver Gwendolyn. En survolant la Forêt du Sud, Thor sentit qu’elle était toute proche. Cependant, un mauvais pressentiment le prévenait que quelque chose de terrible était sur le point d’arriver. Il poussa Mycoples qui pressa l’allure. Maintenant, chaque minute comptait.

      CHAPITRE DEUX

      Gwendolyn se tenait debout, seule, au sommet de la Tour du Refuge, vêtue des robes noires que les nonnes lui avaient données. Elle avait l’impression de vivre là depuis une éternité déjà. Elle avait été accueillie en silence. Son guide, une nonne, ne lui avait adressé qu’une seule fois la parole pour lui expliquer les règles : il ne fallait ni parler, ni interagir avec les autres. Chaque femme vivait dans son propre univers. Chaque femme cherchait la solitude. C’était une Tour du Refuge, un lieu pour celles qui voulaient guérir. Gwendolyn serait à l’abri des dangers du monde, mais également seule. Si seule.

      Gwendolyn ne comprenait tout cela que trop bien. Elle aussi recherchait la solitude.

      Elle se tenait à présent au sommet de la Tour et balayait du regard les cimes des arbres de la Forêt du Sud. Seule, plus seule que jamais. Elle savait qu’il faudrait se montrer forte. Elle était une battante, la fille d’un Roi et l’épouse – presque l’épouse – d’un grand guerrier.

      Cependant, Gwendolyn devait admettre que son cœur et son esprit demeuraient meurtris. Thor lui manquait terriblement et elle craignait qu’il ne revienne jamais. Et s’il le faisait, s’il apprenait ce qui lui était arrivé ? Il ne voudrait plus d’elle.

      Gwen était également dévastée par la destruction de Silesia, par la victoire de Andronicus et par la capture de tous ses êtres chers. Andronicus était partout maintenant. Il occupait l’Anneau tout entier et il n’existait plus d’endroit sûr. Gwen se sentait impuissante et épuisée. Bien trop épuisée pour une jeune femme de son âge. Elle avait également l’impression d’avoir abandonné son peuple. Il lui semblait qu’elle avait déjà vécu bien trop longtemps. Elle n’en pouvait plus.

      Gwendolyn fit un pas en avant, par-dessus le parapet. Elle leva les bras lentement, les paumes levées. Une brise froide fouetta alors son visage et la violence du souffle la fit presque chavirer. Elle baissa les yeux vers le précipice abrupt.

      Elle regarda le ciel et pensa à Argon. Elle se demanda où il était, sans doute prisonnier de son propre univers, en guise de châtiment. Elle aurait tout donné pour le revoir, pour entendre ses conseils une dernière fois. Peut-être aurait-il pu la sauver…

      Mais il était parti. Il avait lui aussi une dette à payer. Il ne reviendrait pas.

      Gwen ferma les yeux et pensa à Thor. Si seulement il avait été là, tout aurait été différent. Si seulement il lui restait une personne en ce monde, une personne qu’elle pourrait aimer, elle aurait eu une raison de vivre… Elle scruta l’horizon, dans l’espoir fou d’apercevoir Thor. Le regard plongé dans les nuages, elle crut entendre le rugissement lointain d’un dragon. C’était si ténu… Sans doute une manifestation de son imagination. Son esprit lui jouait des tours. Il n’y avait pas de dragon dans l’Anneau et Thor était perdu à jamais dans l’Empire. Il ne reviendrait pas.

      Des larmes se mirent à couler sur ses joues, comme elle imaginait la vie qui aurait été la leur, comme elle se rappelait combien ils avaient été proches. Elle imagina l’expression de son visage, le son de sa voix, son rire. Elle avait été certaine que rien ne les séparerait, que