WOLSEY.–Milord Sands, je vous suis redevable. Allons, égayez vos voisines.–Eh bien, mesdames, vous n'êtes pas gaies?–Cavaliers, à qui donc la faute?
SANDS.–Il faut auparavant, milord, que le vin rouge soit monté dans leurs jolies joues; et alors vous les entendrez parler jusqu'à nous faire taire.
ANNE.–Vous êtes un joyeux voisin, milord Sands.
SANDS.–Oui, quand je trouve à faire ma partie.–A votre santé, madame, et faites-moi raison, s'il vous plaît: car je bois à une chose....
ANNE.–Dont vous ne pouvez me montrer la pareille 5.
SANDS.–J'ai dit à Votre Grâce qu'elles parleraient bientôt.
WOLSEY.–Qu'est-ce que c'est que cela?
LE CHAMBELLAN.–Allez voir ce que c'est.
WOLSEY.–Quels accents guerriers! que peuvent-ils signifier? Mais n'ayez pas peur, mesdames: par toutes les lois de la guerre vous êtes privilégiées.
LE CHAMBELLAN.–Eh bien? qu'est-ce que c'est?
LE SERVITEUR.–Une compagnie de nobles étrangers, car ils en ont l'air. Ils ont quitté leur barge et sont descendus à terre; et ils s'avancent avec l'appareil de magnifiques ambassadeurs envoyés par des princes étrangers.
WOLSEY.–Cher lord chambellan, allez les recevoir: vous savez parler français; je vous prie, traitez-les avec honneur, et introduisez-les dans cette salle, où ce ciel de beautés brillera sur eux de tout son éclat.... Que plusieurs d'entre vous l'accompagnent. (Le chambellan sort accompagné, tous se lèvent et l'on ôte les tables.) Voilà le banquet interrompu; mais nous vous en dédommagerons. Je vous souhaite à tous une bonne digestion; et encore une fois, je répands sur vous une pluie de saluts. Soyez tous les bienvenus! (Hautbois. Entrent le roi et douze autres masques sous l'habit de bergers, accompagnés de seize porteurs de flambeaux. Ils sont introduits par le lord chambellan, et défilent tous devant le cardinal qu'ils saluent gracieusement.) Une noble compagnie!.... Que désirent-ils?
LE CHAMBELLAN.–Comme ils ne parlent pas anglais, ils m'ont prié de dire à Votre Grâce qu'instruits par la renommée que cette assemblée si noble et si belle devait se réunir ici ce soir, ils n'ont pu moins faire, vu la grande admiration qu'ils portent à la beauté, que de quitter leurs troupeaux, et de demander, sous vos favorables auspices, la permission de voir ces dames, et de passer une heure de divertissement avec elles.
WOLSEY.–Dites-leur, lord chambellan, qu'ils ont fait beaucoup d'honneur à mon humble logis; que je leur en rends mille actions de grâces, et les prie d'en user à leur plaisir.
LE ROI HENRI.–C'est la plus belle main que j'aie touchée de ma vie! O beauté, je ne t'avais pas connue jusqu'à ce jour.
WOLSEY, au chambellan.–Milord?
LE CHAMBELLAN.–Votre Grâce?
WOLSEY.–Je vous prie, dites-leur de ma part qu'il pourrait y avoir quelqu'un dans leur compagnie, dont la personne serait plus digne que moi de la place que j'occupe, et à qui, si je le connaissais, je la remettrais, et lui offrirais en même temps l'hommage de mon attachement et de mon respect.
LE CHAMBELLAN.–J'y vais, milord.
WOLSEY.–Que vous ont-ils dit?
LE CHAMBELLAN.–Ils conviennent tous qu'il y a en effet parmi eux une telle personne; mais ils voudraient que Votre Grâce la devinât; elle le permet.
WOLSEY.–Voyons donc. (Il quitte son siége d'honneur.) Avec votre permission à tous, cavaliers.–C'est ici que je fixe mon choix, et je le crois royal.
LE ROI HENRI.–Vous avez deviné, cardinal.–Vous avez là vraiment un cercle brillant! c'est à merveille, cardinal. Vous êtes homme d'église; sans cela, je vous le dirai, cardinal, j'aurais eu sur vous de mauvaises pensées.
WOLSEY.–Je suis bien ravi que Votre Grâce soit de si bonne humeur.
LE ROI HENRI.–Milord chambellan, écoute, je te prie, approche; quelle est cette belle dame?
LE CHAMBELLAN.–Sous le bon plaisir de Votre Grâce, c'est la fille de sir Thomas Boulen, vicomte de Rocheford, une des femmes de Sa Majesté.
LE ROI HENRI.–Par le ciel, elle est ravissante. (A Anne de Boulen.) Mon cher coeur, je serais bien peu galant de vous prendre pour danser, sans vous donner un baiser.–Allons, cavaliers, une santé à la ronde.
WOLSEY.–Sir Thomas Lovel, le banquet est-il prêt dans ma chambre?
LOVEL.–Oui, milord.
WOLSEY.–Je crains que la danse n'ait un peu échauffé Votre Grâce.
LE ROI HENRI.–Beaucoup trop, j'en ai peur.
WOLSEY.–Vous trouverez un air plus frais, sire, dans la chambre voisine.
LE ROI HENRI.–Allons, conduisez chacun vos dames. (A Anne Boulen.) Ma belle compagne, je ne dois pas vous quitter encore.–Allons, égayons-nous.–Mon cher lord cardinal, j'ai une demi-douzaine de santés à boire à ces belles dames, et une danse encore à danser avec elles; après quoi nous irons rêver à qui de nous est le plus favorisé. Allons, que la musique donne le signal.
ACTE DEUXIÈME
SCÈNE I
PREMIER BOURGEOIS.–Où courez-vous si vite?
SECOND BOURGEOIS.–Ah!–Dieu vous garde!–J'allais jusqu'à la salle du parlement, pour apprendre quel sera le sort de l'illustre duc de Buckingham.
PREMIER BOURGEOIS.–Je puis vous épargner cette peine: tout est fini; il ne reste plus que la cérémonie de reconduire le prisonnier.
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