- Cette fois ? Qu'est-ce que vous voulez dire... cette fois ?
Kyou inspira profondément.
- Vous avez peut-être oublié, mais pas moi.
L'odeur de Kyoko l'entourait et il ressentait la douleur autour de son cÅur oublié, mais elle devait savoir la vérité.
- Nous avons combattu ensemble par le passé, prêtresse, et nous allons bientôt devoir recommencer. »
Les yeux de Kyoko s'adoucirent un instant.
- Qui êtes-vous ?
- Votre gardien. Kyoko, je sais que vous avez tout oublié en sacrifiant vos souvenirs de nous pour pouvoir ramener le Cristal du CÅur du Gardien dans ce monde.
Son regard cherchait le sien et sa voix devint un simple chuchotement :
- Vous devez me faire confiance.
Même s'il venait juste d'essayer de l'effrayer, tout son corps lui disait de lui faire confiance. - Je... vous fais confiance.
Dès qu'elle chuchota ces mots, il la prit dans ses bras. Au début, elle se raidit, puis, en sentant cette enveloppe de chaleur l'entourer, elle céda à cette étreinte relaxante dans une confusion sereine.
Kyou ne pouvait pas s'en empêcher. Il avait eu peur de se faire rejeter depuis bien trop longtemps, et le fait d'entendre ces mots avait enlevé le poids du monde sur ses épaules tendues. Il la serra contre lui, s'entourant de son odeur en blottissant son visage contre ses cheveux.
- Ne t'en va pas cette fois, chuchota-t-il dans un moment de faiblesse.
Kyoko pouvait sentir la tendresse dans ses mots et dans ses bras, pourtant, il venait juste de lui foutre la trouille quelques minutes plus tôt, et à présent, il la tenait comme si sa vie en dépendait. Elle ne savait pas si elle devait le craindre ou tendre la main pour caresser sa joue lisse.
Elle avait tout un tas de questions, elle marmonna contre son torse :
- Je veux me souvenir de ce que vous dites que j'ai oublié. Qu'est-ce que je dois savoir ?
Kyou ferma ses yeux dorés, ne voulant pas déjà revenir dans le monde réel... Elle était là où elle devait être... dans ses bras. Il la relâcha contre le sofa à contrecÅur tout en soupirant, puis, il s'assit à côté d'elle.
Passant sa main dans sa frange un peu trop longue, Kyou prit une grande inspiration pour calmer ses instincts en furie. Réprimant ses désirs, il fixa le mur devant lui et commença à lui raconter ce qu'elle voulait savoir. Il y avait une différence entre entendre quelque chose et s'en souvenir.
- Tu auras de l'aide. Tous ceux qui sont arrivés de la même manière que toi, avec une bourse, je les ai réunis pour toi. Ils ne se souviennent pas de toi et tu ne te souviens pas d'eux, mais ils ont combattu auprès de toi par le passé, et ils le referont lorsque le moment viendra.
Sa voix avait une touche de souvenirs du passé.
Les yeux de Kyoko s'élargirent.
- Suki et Shinbe ? Le questionna-t-elle en se demandant pourquoi elle le croyait si aisément.
Kyou hocha la tête.
- Je vois que tu les as rencontrés. Oui, tu étais très proche d'eux, ainsi que Toya qui te protégeait comme personne.
Toya ? Sourcilla-t-elle en le regardant. Vous vous moquez de moi.
Puis, elle ajouta dans sa tête :
- Il ne m'aime même pas.
Kyou soupira avec réticence.
- Toya n'a pas changé dans cette vie, il est toujours le même jeune homme odieux et têtu qu'avant. Mais oui, il te protégeait avec une ardeur redoublée et aurait donné sa vie pour toi si besoin.
Kyoko fronça les sourcils.
- Il ne se souvient pas ?
Elle sentait qu'il lui disait la vérité, et cela avait du sens, sachant qu'il y avait un trou dans sa propre mémoire. Ses yeux cherchaient à croiser les siens, voulant récupérer ce savoir.
Kyou secoua légèrement la tête.
- Je suis le seul à ne pas être revenu avec toi. Par conséquent, je suis le seul à me souvenir de ce qu'il s'est passé. Toya ne se souvient même qu'il est mon frère.
Kyoko inspira face à un tel aveu. Elle devait savoir.
- Frères ? Comment se fait-il que vous soyez le seul à vous souvenir ?
- Tu as abandonné tous tes souvenirs durant la bataille pour pouvoir détruire le mal de notre monde et sauver le Cristal du CÅur du Gardien. à cet instant, tu as adressé un vÅu au cristal, celui de revoir tout le monde. Tu ne voulais pas les perdre. Lorsque tu as disparu d'un coup, tout le monde t'a suivie... dont l'ennemi.Tu les as involontairement amenés ici... avec toi.
Il soupira avec regret.
- J'avais lancé un sort sur moi pour me protéger de tels vÅux.
Son regard devint distant comme s'il revivait les souvenirs.
- Tu as pris tout le monde avec toi, et tu ne le savais même pas. Ils se sont tous réincarnés ici, à ton époque, me laissant seul dans le passé.
Ses yeux fixèrent les siens.
- Donc, j'ai survécu et je t'ai attendue. Une fois le moment venu, j'ai réuni tous ceux qui m'avaient quitté. Maintenant, tu as ramené le cristal avec toi, et la malveillance qui le désire...
Sa voix devint plus grave.
- ⦠Le mal a déjà commencé à te chercher et je ne le permettrai pas.
Kyoko hocha la tête en essayant de comprendre.
- Donc, tous ceux qui sont arrivés de la même manière que moi, je peux leur faire confiance ?
Il hocha la tête et Kyoko poursuivit :
- Est-ce qu'ils sont au courant ?
Kyou secoua la tête.
- Ils sentiront un lien et il se renforcera, mais à part ça, je ne connais pas le futur, seulement le passé. Ils te protégeront comme avant. C'est la raison pour laquelle ils sont nés... leur raison de vivre.
Il détourna rapidement le regard de ses grands yeux, sachant que la vérité de ses mots le concernait aussi.
- On a encore un peu de temps, mais pour l'instant, je veux que tu arrêtes de cacher tes pouvoirs de prêtresse et que tu prennes conscience de ton environnement. Je te surveillerai, et j'ai demandé à Toya d'en faire de même.
Kyoko le regarda avec attention, essayant de se souvenir de quoi que ce soit le concernant. Il semblait la connaître si bien. En le fixant droit dans les yeux, elle demanda avec curiosité :
- à quel point étions-nous proches ?
Un brin d'affection cachée traversa ses orbes dorés avant que Kyou se raidît et s'écartât d'elle. Son apparence calme se remettant en place, il grogna en regardant la porte, puis la regarda rapidement. - Ne répète pas ce que je t'ai dit car ils s'en souviendront d'eux-mêmes.
Kyoko sursauta lorsque quelqu'un frappa à la porte avec force, puis l'ouvrit sans permission.
Toya