- Alors elle veut jouer, songea Kyou oisivement, mais il se débarrassa aussitôt de ses pensées intrigantes.
- Qu'est-ce qui vous fait croire que je ne saurais pas que vous êtes une prêtresse ? répondit-il d'une voix anormalement calme.
Elle était si petite par rapport à lui alors qu'il se penchait vers elle en regardant son visage en forme de cÅur.
Kyoko observa les plans de son visage parfait à la recherche de la moindre émotion, et fut surprise de n'en trouver aucune. Il ressemblait à une structure de perfection et de sérénité, et cela l'irritait au plus haut point.
- Est-ce que vous répondez toujours à une question par une question, Monsieur... ?
Elle balbutia en ne connaissant même pas son nom de famille.
Kyou sourit mais intérieurement pour qu'elle ne pût pas le voir. Eh bien, il pouvait dire qu'il y avait toujours de la vie en elle, et cela ne lui déplaisait pas. Cela lui donnait juste envie d'en voir plus. - Monsieur Lord, mais vous pouvez m'appeler Kyou, sauf si vous préférez Lord.
Il la coinça avec un regard ardent. Kyoko retourna ce même regard.
- Pourquoi... suis... je... là ?
Elle prononça ces mots lentement et un par un, comme si elle parlait à un enfant. Tiens, voyons voir comment il compte répondre à cela.
- Monsieur Lord, mon cul, maugréa Kyoko intérieurement sans jamais détourner le regard.
Ayant lu les pensées de Kyoko, les yeux dorés de Kyou rayonnaient tandis qu'il les plissait en fixant ses yeux émeraudes. Il s'approcha un peu plus d'elle, sachant qu'il l'intimiderait en faisant cela. Il pouvait le sentir.
- Vos pouvoirs de prêtresse sont faibles et non entraînés, sinon, vous comprendriez pourquoi je sais que vous êtes une prêtresse.
Il sifflait presque, perdant son calme rien qu'un instant avant de reprendre une expression sereine.
- Je vous enseignerai les arts martiaux et je vous apprendrai à obtenir plus de force... ce dont vous manquez.
Pour Kyoko, les derniers mots qu'il avait prononcés ressemblaient presque à une insulte. Ãtant connue pour être une tête brûlée, elle se pencha en se retrouvant presque nez à nez avec lui, et le sarcasme était imposant.
- Peut-être que je cache simplement mon vrai pouvoir, et quand je trouverai une cible qui le mérite, je le libérerai.
La colère la rendait intrépide, ou stupide, elle ne savait pas trop à ce moment-là .
Kyou se pencha encore plus près, rapprochant ses lèvres des siennes pour que son souffle chaud caressât sa bouche. Il chuchota d'une voix grave :
- Prêtresse.
Chapitre 4 « Faire attention »
Kyoko eut un mouvement de recul, sentant tout d'un coup des ondes émaner de lui, des ondes qu'elle n'était pas censée sentir. Quelque chose était en train de se passer et elle avait l'impression d'être la dernière au courant.
- J'ai besoin de réponses, chuchota-t-elle nerveusement, mordant sa lèvre inférieure dans l'espoir de se débarrasser de cette sensation de chatouillement que Kyou avait créée.
Elle souhaitait pouvoir se débarrasser rapidement des frissons à couper le souffle qui avaient décidé de se répandre dans son système nerveux.
Inhalant l'odeur de Kyoko et sentant son propre sang chauffer instantanément, Kyou se pencha en arrière. Il avait vu le petit corps de cette fille frissonner, mais pas de dégoût. En jetant un coup dâÅil vers le bas, il sourit presque d'un air narquois lorsqu'il vit les bras de Kyoko prendre vie en ayant la chair de poule.
La voix légèrement arrogante lui demanda :
- Pourquoi réprimez-vous votre pouvoir ? Vous devez être consciente de votre environnement avant que le passé ne se répète.
Kyoko eut la gorge serrée.
- Qu'est-ce que vous voulez dire par là ? Se crispa-t-elle.
- Vous êtes consciente qu'il y a des immortels dans cette école, n'est-ce pas ?
Ses yeux brillaient de quelque chose que Kyoko n'avait jamais vu, et sa voix était sévère, comme s'il désapprouvait.
- Les démons se rapprochent de nous en ce moment même.
Les yeux de Kyoko s'élargirent puis se plissèrent. Jouait-il avec elle ?
- Qu'est-ce qui vous fait penser qu'il y aurait des gardiens et des démons ici ? demanda-t-elle en se moquant d'un air indigné.
En un clin dâÅil, Kyou l'attrapa par les bras et la tira brusquement, sa tête s'inclina à deux centimètres du visage de la jeune fille. Il grogna avec colère :
- Faites attention.
Kyoko cligna des yeux, n'en croyant pas ses yeux. La personne qui se trouvait en face d'elle n'était pas la même personne à qui elle était en train de parler à l'instant. Elle voyait des yeux dorés anormalement vifs et agacés, et plus bas, des petits crocs d'une blancheur inégalée. Elle pouvait également sentir les griffes inconsciemment enfoncées dans ses bras à ce moment-là .
La longueur de ses cheveux avait doublé en un instant, et ils semblaient presque flotter autour de lui comme s'ils attendaient de la reconnaissance. En criant d'effroi, Kyoko se dégagea de son emprise et recula rapidement, mais en vain. Kyou s'était rapproché d'elle d'un pas menaçant.
- Vous êtes un gardien ? bégaya-t-elle sans conviction.
- Et vous êtes la prêtresse qui aurait déjà dû le savoir, siffla-t-il en la suivant même s'il sentait sa colère s'atténuer.
Elle se retourna pour courir vers la porte et cria instantanément lorsqu'elle sentit des bras musclés l'envelopper par derrière.
Le corps de Kyou se serra autour d'elle alors qu'elle se débattait. Il la souleva du sol tandis qu'elle donnait des coups de pied dans le vide afin de lui échapper. Lui donnant assez de temps pour comprendre qu'essayer de lui échapper était inutile, il plaça ses lèvres près de son oreille et chuchota :
- Vous resterez ici jusqu'à ce que vous soyez assez forte pour vous libérer de ces bras, prêtresse.
Puis, il la transporta dans les airs pour pouvoir la jeter de nouveau sur le sofa bien trop moelleux, où elle atterrit en rebondissant légèrement. Maintenant qu'elle lui faisait de nouveau face, Kyoko lui cria dessus d'un air furieux, puis cligna de nouveau les yeux lorsque son apparence redevint celle de l'homme à qui elle était en train de parler.
Elle le regarda furieusement, serrant son poing vers le haut.
- Bon sang, qu'est-ce qu'il se passe ?
Kyou se tenait debout devant elle d'un air serein, mais cette fois, ses yeux brillaient encore, - Vous allez rester là .
Il se pencha vers elle.
- Vous allez me laisser vous entraîner.
Il posa ses mains sur le dossier du sofa en la piégeant efficacement.
- Et cette fois, vous gagnerez sans faire