Aristophane; Traduction nouvelle, tome premier. Аристофан. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Аристофан
Издательство: Public Domain
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Жанр произведения: Драматургия
Год издания: 0
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et blanche est cette plume d'autruche.

DIKÆOPOLIS

      Belle et dorée est cette chair de ramier.

LAMAKHOS

      Hé! l'homme! cesse de rire de mes armes.

DIKÆOPOLIS

      Hé! l'homme! veux-tu bien ne pas guigner mes grives!

LAMAKHOS

      Apporte l'étui de mes trois aigrettes.

DIKÆOPOLIS

      Et à moi le civet de lièvre.

LAMAKHOS

      Mais les mites n'ont-elles pas mangé les aigrettes?

DIKÆOPOLIS

      Mais ne vais-je pas manger du civet avant le dîner?

LAMAKHOS

      Hé! l'homme! veux-tu bien ne pas me parler?

DIKÆOPOLIS

      Je ne te parle pas; moi et mon esclave, nous sommes en discussion. Veux-tu gager et nous en rapporter à Lamakhos? Les sauterelles sont-elles plus délicates que les grives?

LAMAKHOS

      Je crois que tu fais l'insolent.

DIKÆOPOLIS

      Il donne la préférence aux sauterelles.

LAMAKHOS

      Esclave, esclave, décroche ma lance, et apporte-la-moi ici.

DIKÆOPOLIS

      Esclave, esclave, retire cette andouille du feu et apporte-la-moi ici.

LAMAKHOS

      Voyons, je vais retirer ma lance du fourreau. Tiens ferme, esclave.

DIKÆOPOLIS

      Et toi aussi, esclave, ne lâche pas.

LAMAKHOS

      Approche, esclave, les supports de mon bouclier.

DIKÆOPOLIS

      Apporte les pains, supports de mon estomac.

LAMAKHOS

      Apporte ici l'orbe de mon bouclier à la Gorgôn.

DIKÆOPOLIS

      Apporte ici l'orbe de ma tarte au fromage.

LAMAKHOS

      N'y a-t-il pas là pour les hommes de quoi rire largement?

DIKÆOPOLIS

      N'y a-t-il pas là pour les hommes de quoi savourer délicieusement?

LAMAKHOS

      Verse de l'huile, esclave, sur le bouclier. J'y vois un vieillard qui va être accusé de lâcheté.

DIKÆOPOLIS

      Verse du miel, esclave, sur la tarte. J'y vois un vieillard qui fait pleurer de rage Lamakhos le Gorgonien.

LAMAKHOS

      Apporte ici, esclave, ma cuirasse de combat.

DIKÆOPOLIS

      Apporte ici, esclave, ma cuirasse de table, ma coupe.

LAMAKHOS

      Avec cela, je tiendrai tête aux ennemis.

DIKÆOPOLIS

      Avec cela, je tiendrai tête aux buveurs.

LAMAKHOS

      Esclave, maintiens les couvertures du bouclier.

DIKÆOPOLIS

      Esclave, maintiens les plats de la corbeille.

LAMAKHOS

      Moi, je vais prendre et porter moi-même mon sac de campagne.

DIKÆOPOLIS

      Moi, je vais prendre mon manteau pour sortir.

LAMAKHOS

      Prends ce bouclier, esclave, emporte-le, et en route! Il neige. Babæax! C'est une campagne d'hiver.

DIKÆOPOLIS

      Prends le dîner: c'est une campagne de buveurs.

LE CHŒUR

      Mettez-vous de bon cœur en campagne. Mais quelles routes différentes ils suivent tous les deux! L'un boira, couronné de fleurs, et toi, transi de froid, tu monteras la garde. Celui-là va coucher avec une jolie fille et se faire frictionner je ne sais quoi.

PREMIER DEMI-CHŒUR

      Puisse Antimakhos, fils de Psakas, historien et poète, être tout simplement confondu par Zeus, lui qui, khorège aux Lénæa, m'a renvoyé tristement sans souper! Puissé-je le voir guetter une sépia qui, cuite, croustillante, salée, est servie sur table; et qu'au moment de la prendre, elle lui soit enlevée par un chien, qui s'enfuit!

SECOND DEMI-CHŒUR

      Que ce soit là pour lui un premier malheur; puis, qu'il lui arrive une autre aventure nocturne! Que revenant fiévreux chez lui des manœuvres de cavalerie, il rencontre Orestès ivre, qui lui casse la tête, pris d'un accès de fureur, et que, voulant ramasser une pierre, durant la nuit, il saisisse à pleine main un étron encore tout chaud; qu'il lance ce genre de pierre, manque son coup, et frappe Kratinos!

UN SERVITEUR DE LAMAKHOS

      Serviteurs de la maison de Lamakhos, vite de l'eau! Faites chauffer de l'eau dans une petite marmite, préparez des linges, du cérat, de la laine grasse et des tampons de charpie pour la cheville. Notre maître s'est blessé à un pieu, en sautant un fossé; il s'est déboîté et luxé la cheville, s'est brisé la tête contre une pierre et a fait jaillir la Gorgôn hors du bouclier. La grande plume du hâbleur gisant au milieu des pierres, il a fait retentir ce chant terrible: «O astre radieux, je te vois aujourd'hui pour la dernière fois; la lumière m'abandonne; c'est fait de moi! » A ces mots, il tombe dans un bourbier, se relève, rencontre des fuyards, poursuit les brigands et les presse de sa lance. Mais le voici lui-même. Ouvre la porte.

LAMAKHOS

      Oh! là, là! Oh! là, là! Horribles souffrances, je suis glacé. Malheureux, je suis perdu; une lance ennemie m'a frappé! Mais ce qu'il y aurait pour moi de plus cruel, c'est que Dikæopolis me vît blessé, et me rît au nez de mes infortunes.

DIKÆOPOLIS, entrant avec deux courtisanes

      Oh! là, là! Oh! là, là! quelles gorges! C'est ferme comme des coings! Baisez-moi tendrement, mes trésors; vos bras autour de mon cou; vos lèvres sur les miennes! Car j'ai le premier vidé ma coupe.

LAMAKHOS

      Cruel concours de malheurs! Hélas! hélas! quelles blessures cuisantes!

DIKÆOPOLIS

      Hé! hé! salut, cavalier Lamakhos!

LAMAKHOS

      Malheureux que je suis!

DIKÆOPOLIS

      Infortuné que je suis!

LAMAKHOS

      Pourquoi m'embrasses-tu?

DIKÆOPOLIS

      Pourquoi me mords-tu?

LAMAKHOS

      Quel malheur pour moi d'avoir payé ce rude écot!

DIKÆOPOLIS

      Est-ce qu'il y avait un écot à payer à la fête des Coupes?

LAMAKHOS

      Ah! ah! Pæan! Pæan!

DIKÆOPOLIS

      Mais il n'y a pas aujourd'hui de Pæania.

LAMAKHOS

      Soulevez, soulevez ma jambe. Oh! oh! tenez-la, mes amis.

DIKÆOPOLIS

      Et vous deux, prenez-moi juste la moitié du corps, mes amies.

LAMAKHOS

      J'ai le vertige de ce coup de pierre à la tête. Je suis pris d'étourdissements.

DIKÆOPOLIS

      Et moi je veux aller me coucher; je suis pris de redressements et d'éblouissements.

LAMAKHOS

      Portez-moi au logis de Pittalos, entre ses mains médicales.

DIKÆOPOLIS

      Portez-moi auprès des juges. Où est le roi du festin? Donnez-moi l'outre!

LAMAKHOS

      Une lance m'a percé les os. Quelle douleur!

DIKÆOPOLIS, montrant l'outre

      Voyez, elle est vide! Tènella! Tènella! Chantons victoire!

LE CHŒUR

      Tènella! comme tu dis, bon vieillard, victoire!

DIKÆOPOLIS

      J'ai rempli ma coupe d'un vin pur et je l'ai bue d'un trait.

LE CHŒUR

      Tènella! donc, brave homme! Emporte l'outre!

DIKÆOPOLIS

      Suivez, maintenant,