Notre Honneur Sacré. Джек Марс. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Джек Марс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Серия: Un Thriller Luke Stone
Жанр произведения: Современные детективы
Год издания: 0
isbn: 9781094342849
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Comme toujours, il fut ébloui par sa beauté. Ses yeux étaient bleu pâle, et sur ses traits il devinait la femme qui s’étalait sur les couvertures des magazines plus de vingt ans auparavant. Elle rajeunissait, reculait vers cette époque. Il l’aurait presque juré – depuis le peu de temps qu’ils étaient ensemble, elle paraissait un peu plus jeune presque chaque jour.

      Elle esquissa un demi-sourire et plissa les yeux, sceptique.

      – Luke Stone est inquiet ? L’homme qui démantèle les réseaux terroristes d’un seul geste de la main ? L’homme qui renverse les dirigeants despotiques et arrête les tueurs de masse de la même façon, tout ça avant le petit-déjeuner ? De quoi Luke Stone pourrait-il bien être inquiet ?

      Il secoua la tête et sourit malgré lui.

      – Arrête avec ça.

      À vrai dire, il était plus qu’inquiet. Les choses se compliquaient. Il était déterminé à rétablir sa relation avec Gunner. Ça se passait bien – mieux qu’il n’aurait pu l’espérer – mais les grands-parents de Gunner avaient toujours la garde de l’enfant. Luke commençait à penser que ça valait mieux. Une bataille pour reprendre la garde contre les parents riches et haineux de Becca serait longue, interminable et affreuse. Et que gagnerait-il ? Luke grenouillait toujours dans le monde de l’espionnage. S’il emménageait avec Luke, Gunner finirait par passer beaucoup de temps seul. Pas de conseils, pas de supervision, ç’aurait l’air pourri comme arrangement.

      Puis il y avait la situation de Susan. Elle était présidente des États-Unis. Elle avait sa propre famille, et techniquement parlant, elle était toujours mariée. Pierre, son mari, savait à propos de Luke, et avait l’air content pour eux. Mais ils gardaient ça secret pour tout le monde.

      De qui se moquait-il ? Ils ne gardaient rien secret.

      Son équipe de sécurité rapprochée savait tout de lui – c’était leur travail de le savoir. Ce qui signifiait qu’il y avait déjà une rumeur qui croissait et se répandait au sein du Secret Service. Il franchissait le cordon de sécurité pour entrer ici tard le soir, deux, parfois trois nuits par semaine. Ou bien il émargeait en tant qu’invité l’après-midi, mais ne signait jamais sa sortie. Ceux qui contrôlaient la vidéosurveillance le voyaient entrer et sortir de la Résidence, et prenaient note du moment où il le faisait. Le chef savait qu’il cuisinait pour deux, et les serveuses qui apportaient les plats étaient deux vieilles dames corpulentes qui lui souriaient, le badinaient et l’appelaient « Monsieur Luke ».

      La cheffe de cabinet de Susan le savait, ce qui signifiait que Kurt Kimball le savait sans doute également, et Dieu seul savait où la rumeur pouvait se propager à partir de là.

      Tous ceux qui savaient à propos de Luke avaient de la famille, des amis, des connaissances. Ils avaient leurs gargotes favorites au petit-déjeuner, ou leurs cafétérias au déjeuner, ou leurs bars préférés où ils régalaient les habitués de récits de la vie à la Maison-Blanche.

      La question posée hier par la journaliste laissait entendre que la rumeur s’était déjà propagée. Il y avait eu une fuite, un appel d’un membre du personnel mécontent au Washington Post ou à CNN, à l’origine d’un cirque médiatique général et permanent.

      Luke ne désirait pas cela. Il ne voulait pas voir Gunner sous le feu des projecteurs. Il ne voulait pas voir son garçon chaperonné par le Secret Service partout où il allait. Il ne voulait pas voir les médias le suivre ou camper devant son école.

      Luke ne désirait pas non plus toute cette attention pour lui-même. Il faisait mieux son travail s’il pouvait rester dans l’ombre. Il lui fallait toute liberté pour opérer, à la fois pour lui et pour son équipe.

      Et il ne voulait pas que cette attention se porte sur Susan. Il ne le souhaitait pas, pour leur propre relation. La situation était chaude et pesante en ce moment, mais il n’imaginait pas que cela puisse durer sous le regard constant des médias.

      Or il était impossible d’aborder ces questions avec elle. C’était une optimiste indécrottable, elle était déjà sous les feux des médias de toute façon, et elle était gorgée d’endorphines. Sa réponse était toujours une variante de « Oh, on va arranger ça ».

      – Qu’est-ce qui vous inquiète, monsieur Luke ? demanda Susan.

      – Ce qui m’inquiète… commença-t-il. (Il secoua de nouveau la tête.) Je crains de tomber amoureux.

      Son sourire à mille watts illumina la chambre.

      – Je sais, dit-elle. N’est-ce pas génial ?

      Elle l’embrassa longuement, puis bondit hors du lit comme une adolescente. Il la regarda trottiner nue dans la pièce vers sa penderie. Elle avait toujours un corps d’adolescente.

      Enfin, presque.

      – J’aimerais te faire rencontrer mes filles, annonça-t-elle. Elles viennent en ville la semaine prochaine pour passer Noël.

      – Super, répondit-il. (Cette idée lui retourna lentement l’estomac.) Qu’est-ce qu’on va leur dire à mon sujet ?

      – Elles savent qui tu es : une sorte de superhéros. James Bond version mal rasé et sans costard. Je veux dire, tu as sauvé la vie de Michaela il y a quelques années à peine.

      – On n’a jamais été vraiment présentés…

      – Quand même. Tu es comme un oncle pour elles.

      À cet instant, le téléphone sur la table de chevet se mit à sonner. Il émettait un drôle de bruit, moins une sonnerie qu’un bourdonnement. On aurait dit un moine enrhumé psalmodiant une méditation. De plus, il s’allumait en bleu à chaque sonnerie. Luke détestait ce téléphone.

      – Tu veux que je décroche ? demanda-t-il.

      Elle sourit et secoua la tête. Il la regarda retraverser la pièce, d’un pas plus vif cette fois. Un bref instant, il imagina un autre monde, dans lequel ils n’auraient pas leurs emplois. Merde, peut-être même un monde où tous deux seraient chômeurs. Dans ce monde, elle retournerait direct au lit avec lui.

      Elle empoigna le téléphone.

      – Bonjour…

      Son expression changea tandis qu’elle écoutait la voix à l’autre bout de la ligne. Toute sa joie s’évanouit. L’éclat dans ses yeux se ternit, son sourire s’effaça. Elle prit un grand souffle et laissa échapper un long soupir.

      – Okay, conclut-elle. Je serai en bas dans quinze minutes.

      Elle raccrocha.

      – Des ennuis ? s’enquit Luke.

      Elle le regarda, ses yeux exprimant quelque chose – peut-être une vulnérabilité – que les masses n’avaient jamais vu à la télé.

      – Quand est-ce qu’il n’y a pas d’ennuis ? rétorqua-t-elle.

      CHAPITRE HUIT

      07:30, heure normale de l’Est

      Salle de crise

      Maison-Blanche, Washington DC

      L’ascenseur s’ouvrit et Luke pénétra dans l’ovoïde salle de crise.

      Le grand Kurt Kimball, qui se tenait à l’autre bout de la salle, son crâne chauve tout luisant, le repéra aussitôt. D’habitude, Kurt menait ces réunions d’une main de fer. Il avait une telle maîtrise des affaires du monde, profonde, naturelle et encyclopédique, que les gens avaient tendance à le suivre.

      – Agent Stone, dit-il. Content que vous puissiez vous joindre à nous de si bon matin.

      Y avait-il un soupçon de sens caché, voire de sarcasme, dans sa déclaration ? Luke décida de ne pas relever. Il haussa les épaules.

      – La présidente m’a appelé. Je suis venu aussi vite que possible.

      Il promena son