La Cité Ravagée. Scott Kaelen. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Scott Kaelen
Издательство: Tektime S.r.l.s.
Серия:
Жанр произведения: Ужасы и Мистика
Год издания: 0
isbn: 9788893986496
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du banc sur lequel il était assis. Il ouvrit le coffre et laissa échapper un sifflement à la vue des pièces d'argent nettement empilées.

      "Cinq cents en tout, comme promis, et pas une seule pièce de cuivre." La vieille femme poussa un soupir. "Je crains qu'il n'y ait que peu de temps à perdre, alors dites-moi maintenant, marché conclu ?"

      Maros se lécha les lèvres et lui lança un regard oblique. "Lachyla, vous dites. Bien. Je suppose que ce n'est vraiment qu'une légende…"

      Cela Chiddari sourit. Le peu de lumière accentuait les creux de son visage et, pendant un moment, elle ressemblait au symbole de la tête de mort elle-même. "Bon état d'esprit, sabreur," susurra-t-elle. "Quelle bravoure. Félicitations, le travail est à vous. Et maintenant, retrouvez-moi mon héritage."

      Jalis leva les yeux des cartes qu'elle avait en main et poussa distraitement un soupir. Les murs en pierre de la salle commune bourdonnaient du bavardage et du caquetage des clients de la taverne. Une serveuse passa en vitesse, emportant des assiettes vides à la cuisine. Derrière le bar, Jecaiah était occupé à remplacer un baril vide en prévision de l'affluence des clients du soir.

      Elle se concentra à nouveau sur ses cartes. Sa meilleure carte était l'Arkhus mais elle ne valait rien à côté des autres. Le mieux qu'elle eut à faire était une quinte basse dans les Artisans. Elle jeta un regard à ses deux compagnons. Dagra attendait patiemment, essuyant d'un mouchoir sale la mousse de bière qui collait à sa barbe clairsemée. De l'autre côté de la table, Oriken se grattait la joue, ses yeux fixes alors qu'il la regardait par dessous le bord de son chapeau.

      "Orik," dit-elle, attirant son attention. "Mon visage est ici."

      "Hein ? Ah." Il se racla la gorge. "Ben alors, vas-y ! C'est ton tour. Tu ne fais que retarder la victoire de Dag et tu sais combien il aime compter ses sous."

      "Va te faire foutre," dit Dagra.

      Jalis jeta un coup d’œil au sablier posé sur la table et regarda les derniers grains s'écouler.

      "Le temps est écoulé", dit Oriken.

      Elle jeta ses cartes sur la table. "Je me plie."

      "Pourquoi ?" Dagra fronça les sourcils à la vue de ses cartes. "Tu avais de quoi faire là."

      "Ouais, je le sentais pas," dit-elle. "Que tu gagnes ou que tu perdes, il faut savoir s'arrêter."

      Oriken ramassa les cartes et les empila. "Et si on faisait une partie de Cinq Saisons ?"

      "Pas maintenant, Orik."

      "Bien, très bien." Il poussa un soupir et jeta un regard vers les portes battantes à l'entrée de la salle. "Je vais peut-être sortir me faire un petit tobah."

      Jalis pencha la tête en sa direction et le fixa du regard. "Tu n'es pas censé arrêter ?"

      "Hmm. Ouais. Bon, qu'est-ce qu'on fait alors ?"

      Elle haussa les épaules. "Nous devrions peut-être prendre un contrat."

      Dagra ricana. "Non mais, vous avez vu le tableau de la guilde ? Des travaux à peine dignes d'un débutant ! Les bons trucs sont pris très vite et, de ceux-là, il n'y en a pas eu depuis des semaines. Croyez-moi, si un bon contrat se pointe, je serai le premier à le prendre et à quitter cette taverne."

      Jalis hocha la tête. "Il y a tant d'autres choses que je préférerais faire en ce moment. Ce n'est vraiment pas la joie de vivre ici mais c'est toujours mieux qu'à la maison de la guilde." Elle jeta un coup d’œil vers l'avant de la salle commune. Un rayon de soleil brillait au-dessus des portes. Au-delà, le ciel bleu tendait ses bras. "Nous ne devrions pas gâcher nos journées à attendre qu'un bon travail se présente. Nous devrions être là-bas, dehors."

      Oriken renifla. "Je suis d'accord avec toi mais si on commence à aller se balader dehors, on pourrait perdre notre chance de décrocher un bon contrat."

      Elle porta sa coupe à sa bouche et avala une gorgée d'eau. "Ne me méprenez pas," dit-elle. "J'adore votre compagnie, les gars, mais nous sommes des sabreurs, nom dans lequel il y a le mot sabre."

      "Le problème, c'est qu'on est trop bon dans ce que nous faisons," dit Oriken.

      Dagra hocha la tête en signe d'assentiment. "Entre nous et le reste de la branche, nous avons pratiquement débarrassé Caerheath de tous ses bandits. Les seuls troubles de la ville sont rarement plus que de petites querelles."

      Jalis soupira. "Ce devrait être une bonne chose. Nous maintenons la paix mais nous ne nous rendons pas service. Depuis quand la guilde est-elle le législateur principal à Himaera?"

      "Principal ?" Dagra fronça les sourcils. "Tu veux dire l'unique. Ce n'est pas Vorinsia ici. Nous n'avons pas de grand Arkhus pour exercer la loi, ni d'armée, pas même un minable shérif. Rien depuis l’Époque des Rois. Les sabreurs sont tout ce qui reste dans ce pays."

      "J'ai vécu ici assez longtemps," dit Jalis, "mais je n'arrive pas à m'habituer à l'absence totale d'armée ou de représentant de l'ordre. C'est un miracle qu'Himaera n'ait pas été consumée par les Arkhs depuis des siècles."

      Dagra haussa les épaules. "Ils ont essayé de nous envahir pendant le Soulèvement mais Himaera, même sur les genoux, les a envoyés paître et soigner leurs plaies. Les Arkhs se sont ramollis depuis. Plus rien qui vaille la peine d'être conquis." Il regarda Jalis d'un air embarrassé. "Sans vouloir t'offenser, ma belle."

      "Y a pas de mal."

      Oriken s'adossa contre le mur. "De toute façon," dit-il, "je ne m'inquiéterais pas. Un bon truc arrivera bientôt sur le tableau d'affichage. Tôt ou tard, il y en a toujours un." Il fit à Jalis un sourire enjoué.

      "Ah, l'éternel optimiste..." De son menton, Dagra désigna le tableau de la guilde dans l'alcôve au bout du bar. "Vous avez vu les récompenses affichées ? La plus haute est de huit pièces de cuivre. C'est une insulte."

      "Il est peut-être temps qu'on parte en vacances," dit Oriken.

      "Pas une mauvaise idée," dit Jalis. "Je ne suis pas allée au pays depuis longtemps."

      "Pas vraiment ce que j'avais à l'esprit."

      "Je vais aller pisser," annonça Dagra en se mettant debout.

      Oriken le regarda s'éloigner. "Nous devrions quitter la ville pour un temps. Il y a peut-être un besoin de main d’œuvre à Middlemire. Ou à la Baie de Brancosi. On devrait demander à Maros d'aller voir pour nous."

      Une ombre traversa la lumière du soleil sur le plancher. Jalis aperçut la massive silhouette de Maros claudiquant à travers les portes de la taverne. Il aperçut son regard et se dirigea vers eux en boitant.

      "Le retour du vagabond", dit Oriken. "Pas moyen de te garder dans ta propre taverne ces jours-ci."

      Maros aboya d'un rire fatigué et rassembla ses béquilles dans une main. "Depuis que j'ai repris cet endroit, je ne suis jamais allé plus loin que Balen. Rappelez-moi de ne jamais y retourner."

      Jalis inclina la tête pour chercher son regard. "Tu as été à Balen ? Tout l'après-midi ?"

      "À peine ! La plus grande partie du temps a été de m'y rendre et d'en revenir."

      "Pourquoi n'as-tu pas demandé à Ravlin de te conduire dans son chariot ? Ça ne l'aurait pas dérangé."

      "J'ai essayé. Le marchand était parti faire son réapprovisionnement à Brancosi."

      "Qu'y a-t-il de si important à Balen que tu n'y aies pas envoyé de novice ?" demanda Oriken.

      "Absolument rien, si ç'avait été un autre jour." Maros jeta un coup d'œil à Jalis. "Bon, il faut que je m'occupe de quelques trucs. Je vous retrouve dans peu de temps."

      Jalis le regarda se rendre au tableau en boitillant. Après un moment, il