Il y avait une camionnette de journalistes garée dans l’allée. Une jolie journaliste et un caméraman étaient occupés à discuter devant elle. Une seule voiture de police y était également garée, avec un officier de police assis à l’intérieur. En voyant Kate et DeMarco arriver, il sortit lentement de la voiture.
La journaliste leva les yeux vers Kate et DeMarco au moment où elles sortirent de voiture. Ayant flairé une piste, elle se précipita instantanément vers elles. Le caméraman attrapa son équipement et essaya de la suivre, mais elle fut trop rapide pour lui.
« Vous êtes détectives ? » demanda la journaliste.
« Pas de commentaire, » répondit Kate, d’un ton sec.
« Est-ce que vous êtes autorisées à être là ? »
« Et vous ? » demanda Kate, en répondant du tac au tac.
« C’est ma responsabilité de couvrir les news, » dit la journaliste, en utilisant une réponse toute faite.
Kate savait qu’il ne faudrait pas plus d’une heure à la journaliste pour découvrir qu’elles étaient du FBI. Elle n’eut dès lors aucun problème à lui montrer son badge, tout en continuant à avancer vers la maison.
« Nous sommes du FBI, » dit Kate. « Gardez ça à l’esprit si vous avez l’intention de nous suivre à l’intérieur. »
La journaliste s’arrêta net et le caméraman faillit lui rentrer dedans. Derrière eux, l’officier de police s’approchait. Le badge accroché à son uniforme indiquait qu’il s’agissait du shérif de Deton. Il sourit d’un air narquois à la journaliste au moment où il passa à côté d’elle.
« Vous voyez, » dit-il à la journaliste, sur un ton bourru. « Il n’y a pas que moi qui ne veux pas vous voir dans les parages. »
Il passa devant Kate et DeMarco et les guida jusqu’à la porte d’entrée. Il ajouta en murmurant : « Vous connaissez la loi aussi bien que moi. Je ne peux pas les éjecter parce que techniquement, ils ne font rien de mal. Ces vautours espèrent juste qu’un membre de la famille ou un ami finisse par arriver. »
« Ça fait combien de temps qu’ils sont garés là ? » demanda DeMarco.
« Il y a tous les jours au moins une camionnette de journalistes garée là depuis que c’est arrivé, il y a deux jours. Hier, il y en avait même trois. Toute cette histoire a fait pas mal de bruit dans la région. Il y a aussi des journalistes tout autour du commissariat. C’est exaspérant. »
Il ouvrit la porte de la maison et les invita à entrer. « Je suis le shérif Randall Barnes, au fait. J’ai la malchance de me retrouver en charge de cette enquête. En apprenant que le FBI était en route, la police d’état s’est retirée. Ils continuent à rechercher la fille mais ils m’ont laissé me charger de la partie de l’enquête pour meurtre. »
Ils entrèrent, pendant que Kate et DeMarco se présentaient. Mais la conversation s’interrompit tout de suite après ça. Ce qu’elles avaient devant les yeux, bien que ce ne soit pas aussi horrible que certaines scènes de crime que Kate ait vu dans le passé, les ébranla. Les taches rouges séchées sur la moquette bleue sautaient aux yeux. Il y avait une sensation de renfermé qui émanait des lieux. C’était quelque chose que Kate avait déjà ressenti sur des scènes de crime – quelque chose qu’elle avait essayé de décrire d’innombrables fois sans jamais y parvenir.
Elle pensa tout d’un coup à Michael. Elle avait essayé une fois de lui expliquer cette sensation, en lui disant que c’était comme si la maison elle-même avait subi une perte et que ce sentiment de renfermé était sa manière à elle d’y réagir. Il avait ri et lui avait dit que ça avait presque l’air spirituel d’une certaine manière.
C’était un peu ça… et c’était exactement la manière dont elle se sentait à l’instant présent, en regardant la maison des Fuller.
« Agents, je vais ressortir sur le porche, » dit-il. « M’assurer qu’il n’y ait pas d’yeux indiscrets. Appelez-moi si vous avez besoin de quoi que ce soit. Mais je peux tout de suite vous dire que… tout ce que vous voudriez savoir et qui ne se trouve pas déjà dans les rapports que nous vous avons envoyés, c’est à l’un des mes hommes qu’il faudra le demander – un type du nom de Foster. À Deton, on n’a pas vraiment l’habitude de ce genre d’affaires. On se rend compte combien on n’est pas préparé à faire face à ce genre de choses. »
« Ce serait bien qu’on puisse lui parler après avoir inspecté la maison, » dit DeMarco.
« Je vais l’appeler pour m’assurer qu’il soit au commissariat, alors. »
Il ressortit silencieusement par la porte d’entrée, en les laissant sur la scène de crime. Kate contourna les taches de sang sur la moquette. Il y avait également des taches sur le divan et des éclaboussures sur le mur, juste au-dessus du divan. Une petite table de salon se trouvait devant le canapé, où étaient éparpillés quelques factures, un gobelet en plastique vide et une télécommande. Ça pourrait être le signe qu’il y avait eu une sorte de lutte mais si c’était le cas, elle ne devait pas avoir été particulièrement féroce.
« Pas de réels signes de lutte, » dit DeMarco. « À moins que leur fille soit du genre athlétique, je ne vois pas comment elle aurait pu faire ça. »
« Si c’est la fille, il se pourrait qu’ils ne l’aient pas vu venir, » dit Kate. « Peut-être qu’elle est entrée dans la pièce en cachant l’arme derrière elle. Peut-être que l’un d’entre eux était déjà mort avant que l’autre ne comprenne ce qui se passe. »
Elles examinèrent l’endroit pendant quelques instants, sans rien y trouver qui sorte de l’ordinaire. Il y avait quelques photos accrochées au mur, dont la plupart étaient des photos de famille. C’était la première fois que Kate voyait le visage de la fille disparue, Mercy Fuller. Les photos la montraient à différentes étapes de sa vie : depuis l’âge de cinq ans jusqu’à des photos plus récentes. C’était une jolie fille qui allait probablement devenir une très belle femme vers l’âge de la majorité. Elle avait des cheveux noirs, des yeux bruns et un sourire radieux.
Elles continuèrent leur inspection de la maison et arrivèrent dans une chambre qui appartenait visiblement à une adolescente. Un journal brillant était posé sur un bureau qui était jonché de stylos et de feuilles de papier. Un ananas rose en céramique était posé sur le bord. C’était un porte-photo avec un support en fil de fer sur le haut. La photo de deux adolescentes souriantes y était accrochée.
Kate ouvrit le journal. La dernière note datait d’il y a huit jours et parlait d’un garçon du nom de Charlie, qui l’avait rapidement embrassée au moment où ils avaient changé de salles de cours à l’école. Elle examina quelques-unes des notes précédentes et y trouva des histoires similaires : la difficulté d’un examen, l’envie que Charlie fasse plus attention à elle, que cette conne de Kelsey Andrews se fasse renverser par un bus.
Il n’y avait aucun signe nulle part dans sa chambre d’une quelconque intention d’homicide. Elles allèrent ensuite dans la chambre à coucher des parents et n’y trouvèrent rien d’intéressant non plus. Il y avait quelques magazines pour adultes cachés dans l’armoire mais à part ça, les Fuller avaient l’air irréprochables.
Quand elles ressortirent de la maison une vingtaine de minutes plus tard, Barnes était toujours sur le porche. Il était assis dans une chaise longue usée et fumait une cigarette.
« Vous avez trouvé quelque chose ? » demanda-t-il.
« Rien, » répondit DeMarco.
« Mais je me demande quand même, » ajouta Kate. « Si vous aviez trouvé un ordinateur portable ou un téléphone dans la