— Vous le prendrez au centre commercial Waterside près du parc.
— Et si le kidnappeur regarde ?
— Ça ira, lui assura Keri. Votre patron vous fera le transfert, juste devant les distributeurs automatiques de la Bank of America. Il se fait préparer par l'un de nos détectives en ce moment même. Il y aura des officiers dans la zone, également hors de vue, au cas où le kidnappeur essaye de voler l'argent à ce moment.
— Est-ce que vous marquez l'argent avec un genre de traceur GPS ?
— Oui, admit Ray en prenant le relais, et le sac aussi. Mais les traceurs sont très petits. Celui dans le sac sera cousu dans la couture. Les traceurs des billets sont minuscules, des autocollants transparents placés sur chaque billet. Même s'il trouve l'endroit exact, ils sont très durs à voir.
Keri savait pourquoi Ray avait répondu à la question. Il était clair à l'expression amère de Rainey qu'il n'était pas content à propos des traceurs. Il ne le disait pas, mais ils pouvaient deviner qu'il avait peur que cela puisse mettre Jessica en danger.
Ray avait parlé pour être le porteur de cette fâcheuse information. De cette façon, la relation et la confiance que construisait Keri avec le père anxieux ne seraient pas compromises. Keri fit un hochement de tête imperceptible pour remercier son partenaire. Rainey ne sembla pas le remarquer. Elle voyait qu'il était troublé par les paroles de Ray mais il n'objecta pas. Il passa à la suite.
— Alors qu'est-ce que je fais ensuite ? demanda-t-il à Keri en détournant les yeux de Ray.
— Comme je l'ai dit, après avoir récupéré l'argent de la rançon, roulez jusqu'au parking à un pâté de maison de Chace Park. Puis sortez simplement et marchez vers le pont entre les pergolas. Il y aura des officiers dans le coin mais vous ne les verrez pas. Et ce n'est pas votre travail de vous inquiéter pour ça. Tout ce que vous avez à faire, c'est aller sur le pont avec l'argent.
— Que se passera-t-il quand il arrivera ? voulut savoir Rainey.
— Vous allez demander votre fille. En théorie, il devrait avoir l'impression que vous êtes seul. Alors ça n'aurait pas l'air vrai si vous vous contentez de lui donner l'argent sans résister. Il deviendrait méfiant. Je doute sérieusement qu'il l'emmènera avec lui. Il se peut qu'il vous donne un emplacement. Il se peut qu'il vous dise qu'il vous enverra l'emplacement une fois qu'il sera loin et en sécurité. Il se peut qu'il dise qu'il vous enverra par FedEx l'endroit...
— Vous ne pensez pas qu'elle sera là-bas ? interrompit Rainey.
— J'en serai très surprise. Il abandonnerait son unique moyen de pression s'il l'amenait avec lui. Sa meilleure option pour vous garder dans le droit chemin est de vous maintenir dans la peur pour la sécurité de Jessica. Vous devez vous préparez à l'éventualité qu'elle ne soit pas là.
— Je comprends. Ensuite ?
— Après avoir exprimé votre réticence à lui donner l'argent, faites-le. N'essayez pas de négocier un autre plan avec lui. N'essayez pas de le maîtriser. Il pourrait être nerveux. Il sera probablement armé. Nous ne voulons rien faire qui pourrait provoquer une confrontation.
Tim Rainey hocha la tête à contrecœur. Keri n'aimait pas ses vibrations et décida qu'elle devait être plus percutante.
— Monsieur Rainey. J'ai besoin que vous me promettiez que vous ne ferez rien de stupide. Notre meilleure option est qu'il vous dise où trouver votre fille ou qu'il revienne la voir après la livraison. Même s'il ne vous dit rien, ne paniquez pas. Nous le traquerons. Quand le bon moment sera venu, nous l'arrêterons. Si vous prenez les choses en main, ça pourrait très mal finir pour Jessica et vous. Est-ce que nous nous sommes bien compris, monsieur ?
— Oui. Ne vous inquiétez pas. Je ne ferai rien qui mette Jessica en danger.
— Bien sûr que non, dit Keri, rassurante malgré ses doutes. Ce que vous allez faire, c'est finir la livraison, retourner à votre voiture, et revenir ici. Nous nous occuperons de tout le reste au fur et à mesure, d'accord ?
— Allez-vous me mettre un micro ? demanda-t-il, ne lui répondant pas directement de façon évidente.
— Oui, dit Ray en prenant à nouveau le relais, ainsi qu'une minuscule caméra. Aucun ne sera visible, surtout de nuit. Mais la caméra pourrait nous aider à l'identifier. Et l'audio nous permettra de savoir si vous courez un danger.
— Serons-nous capables de communiquer ?
— Non, lui dit Ray. Je veux dire que nous serons bien évidemment capables de vous entendre. Mais il serait risqué de vous donner une oreillette. Il pourrait la voir. Et nous voulons que vous restiez concentré sur ce vous avez à faire.
— Encore une chose, ajouta Keri. Il y a une chance qu'il ne vienne pas du tout. Il peut très bien se dégonfler et se retirer. Il se peut qu'il n'ait jamais eut l'intention de venir. Préparez-vous à cette possibilité aussi.
— Pensez-vous que c'est ce qui va se passer ? demanda Rainey. Il n'avait clairement jamais envisagé cette possibilité.
Keri lui fit la réponse la plus honnête qu'elle pouvait trouver.
— Je n'ai absolument aucune idée de ce qui va se passer. Mais nous sommes sur le point de le découvrir.
CHAPITRE 7
Keri pensa qu'elle pourrait bien être malade. C'était presque comique. Après tout, elle avait vécu sur une péniche pendant plusieurs années. Mais se retrouver sur un voilier dans les eaux libres d'un chenal tout en tenant des jumelles devant les yeux pendant de longs moments était une tout autre affaire.
Butch avait proposé de lâcher l'ancre au Pipsqueak mais Keri et Ray étaient tous deux inquiets qu'un bateau stationnaire puisse avoir l'air louche. Bien sûr, un bateau allant et venant sans but n'était pas beaucoup mieux.
Après environ quinze minutes, Butch suggéra de flâner près d'un quai de l'autre côté du chenal du parc, où ils seraient moins remarquables au milieu des autres bateaux. Keri ne sachant pas si elle pourrait encore retenir ses nausées très longtemps, sauta sur la suggestion.
Ils trouvèrent un coin libre et s'y attardèrent alors que minuit approchait. Le vent mordant de l'hiver hurlait dehors. Assise sur le petit banc près de la fenêtre, Keri entendait l'eau clapoter bruyamment contre la coque. Elle se mit au diapason, essayant de calquer sa respiration sur le rythme de l'eau. Elle sentit le nœud à son estomac commencer à se desserrer et la sueur à son front s'estomper un peu.
Il était 23h57. Keri porta à nouveau les jumelles à ses yeux et regarda le parc de l'autre côté de l'eau. Ray, à plusieurs mètres, faisait de même.
— Vous voyez quelque chose ? demanda Butch d'en haut. Il était excité de faire partie d'une opération de police et avait du mal à s'en cacher. C’était probablement la chose la plus mouvementée qui lui soit arrivée depuis des années.
Il était toujours le même gars buriné dont elle se rappelait, défini par sa peau tannée par les intempéries. Dans des circonstances normales, naviguer sur un bateau dans cet état était une violation. Mais elle était prête à laisser couler, au vu de la situation.
— Il y a des arbres qui obstruent partiellement la vue, murmura-t-elle. Et c'est dur de voir avec le reflet de la vitre, même si les lumières sont éteintes ici.
— Je ne peux rien faire pour les arbres, lui dit Butch. Mais vous savez, les fenêtres s'ouvrent à moitié.
— Je ne le savais pas, admit-elle.
— Combien de temps as-tu vécu sur un bateau ? demanda Ray.
Keri, agréablement surprise par sa volonté d'engager les taquineries, lui tira la langue avant d'ajouter.
— Apparemment, pas assez.
Une voix se fit entendre dans leurs radios, interrompant le