La méchante femme mise à la raison. Уильям Шекспир. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Уильям Шекспир
Издательство: Public Domain
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Жанр произведения: Драматургия
Год издания: 0
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que, jusqu'à ce que son père soit débarrassé d'elle, il faut, mon maître, que votre amour reste fille au logis; aussi son père l'a resserrée étroitement, afin qu'elle ne soit pas importunée de soupirants.

      LUCENTIO. – Ah! Tranio, quel père cruel! Mais, n'as-tu pas remarqué le soin qu'il prend pour lui procurer d'habiles maîtres, en état de l'instruire?

      TRANIO. – Oui, vraiment, monsieur; et j'ai même comploté là-dessus…

      LUCENTIO. – Oh! j'ai un plan aussi, Tranio.

      TRANIO. – En vérité, mon maître, je jure par ma main que nos deux stratagèmes se ressemblent, et se confondent en un seul.

      LUCENTIO. – Dis-moi le tien, d'abord.

      TRANIO. – Vous serez le maître, et vous vous chargerez d'instruire la jeune personne: voilà quel est votre plan?

      LUCENTIO. – Oui. Cela peut-il se faire?

      TRANIO. – Impossible: car, qui vous remplacera, et sera ici dans Padoue le fils de Vincentio? Qui tiendra maison, étudiera ses livres, recevra ses amis, visitera ses compatriotes et leur donnera des fêtes?

      LUCENTIO. – Basta13! tranquillise-toi, tout cela est arrangé: nous n'avons encore paru dans aucune maison: personne ne peut nous reconnaître à nos physionomies, ni distinguer le maître du valet. D'après cela, voici la suite: – Tu seras le maître, Tranio, à ma place; tu tiendras la maison, tu en prendras les airs, commanderas les domestiques, comme je ferais moi-même; moi, je serai quelqu'autre, un Florentin, un Napolitain, ou quelque jeune homme peu considérable de Pise. Le projet est éclos, et il s'exécutera. – Tranio, déshabille-toi tout de suite; prends mon manteau et mon chapeau de couleur: quand Biondello viendra, il sera à ta suite; mais je veux auparavant lui apprendre à tenir sa langue.

      (Ils échangent leurs habits.)

      TRANIO. – Vous auriez besoin de le faire. – Bref, mon maître, puisque c'est votre plaisir, et que je suis lié à vous obéir (car votre père me l'a recommandé au moment du départ: rends tous les services à mon fils, m'a-t-il dit; quoique, à mon avis, il l'entendît dans un autre sens), je veux bien être Lucentio, parce que j'aime tendrement Lucentio.

      LUCENTIO. – Tranio, sois-le, parce que Lucentio aime, et laisse-moi faire le personnage d'un esclave, pour conquérir cette jeune beauté, dont la soudaine vue a enchaîné mes yeux blessés. (Entre Biondello.) Voici le fripon. – Eh bien! coquin, où as-tu donc été?

      BIONDELLO. – Où j'ai été?.. Eh mais! vous, où êtes-vous vous-même à présent? Mon maître, est-ce que mon camarade Tranio vous aurait volé vos habits? ou si c'est vous qui lui avez pris les siens? ou vous êtes-vous volés réciproquement? Je vous prie, parlez, quoi de nouveau?

      LUCENTIO. – Drôle, approche ici; il n'est pas temps de plaisanter: ainsi songe à te conformer aux circonstances. Ton camarade que voilà, Tranio, pour me sauver la vie, prend mon rôle et mes habits; et moi, pour échapper au malheur, je mets les siens; car depuis que j'ai abordé ici, j'ai, dans une querelle, tué un homme, et je crains d'être découvert: mets-toi à ses ordres et à sa suite, je te l'ordonne, et sers-le comme il convient, tandis que moi je vais m'échapper pour mettre ma vie en sûreté: tu m'entends?

      BIONDELLO. – Oui, monsieur, pas le plus petit mot.

      LUCENTIO. – Et pas un mot de Tranio dans ta bouche. Tranio est changé en Lucentio.

      BIONDELLO. – Tant mieux pour lui; je voudrais bien l'être aussi, moi.

      TRANIO. – Et moi, foi de valet, je voudrais bien, pour former le second souhait, que Lucentio eût la plus jeune fille de Baptista. – Mais, monsieur le drôle… pas pour moi, mais pour l'amour de votre maître, je vous avertis de vous conduire avec discrétion dans toute espèce de compagnie; quand je serai seul, je serai Tranio pour vous; mais partout ailleurs votre maître Lucentio.

      LUCENTIO. – Tranio, allons nous-en. – Il reste encore un point que je te charge, toi, d'exécuter: – c'est de te placer au nombre des prétendants. – Si tu m'en demandes la raison… il suffit… Mes raisons sont bonnes et convaincantes.

      (Ils sortent.)

      (Personnages du prologue.)

      PREMIER SERVITEUR. – «Milord, vous sommeillez, vous n'écoutez pas la pièce.

      SLY. – «Si, par sainte Anne, je l'écoute. Une bonne drôlerie, vraiment! Y en a-t-il encore à venir?

      LE PAGE. – «Milord, elle ne fait que commencer.

      SLY. – «C'est vraiment une excellente pièce d'ouvrage, madame Lady; je voudrais être à la fin.»

      SCÈNE II

      Devant la maison d'Hortensio.

      PETRUCHIO, GRUMIO

      PETRUCHIO. – Vérone, je prends congé de toi pour quelque temps; je veux voir mes amis de Padoue: mais avant tout, Hortensio, le plus cher et le plus fidèle de mes amis. – Eh! je crois que voici sa maison. – Ici, drôle, allons, frappe, te dis-je.

      GRUMIO. – Frapper, monsieur! qui frapperais-je? quelqu'un vous a-t-il offensé?

      PETRUCHIO. – Allons, maraud, frappe-moi ici comme il faut, te dis-je.

      GRUMIO. – Vous frapper ici, monsieur? Comment donc, monsieur? Qui suis-je, monsieur, pour oser vous frapper ici, monsieur?

      PETRUCHIO. – Coquin, frappe-moi à cette porte, et fort, te dis-je, ou je cognerai ta tête de fripon.

      GRUMIO. – Mon maître est devenu querelleur. Je vous frapperais le premier: mais je sais qui en porterait la peine.

      PETRUCHIO. – Tu t'obstines: je te jure, coquin, que si tu ne frappes pas, je frapperai, moi, et je verrai comment tu sauras dire et chanter sol, fa

      (Il tire les oreilles à Grumio.)

      GRUMIO. – Au secours! au secours! mon maître est fou!

      PETRUCHIO. – Allons, frappe, quand je te l'ordonne, drôle, coquin!

      (Entre Hortensio.)

      HORTENSIO. – Comment donc? de quoi s'agit-il, mon vieux ami Grumio, et mon cher Petruchio? Comment vous portez-vous tous à Vérone?

      PETRUCHIO. – Signor Hortensio, venez-vous terminer la bataille? -Con tutto il core bene trovato, puis-je dire.

      HORTENSIO.

      Alla nostra casa bene venuto

      Molto honorato signor mio Petruchio.

      Lève-toi, Grumio, lève-toi; nous arrangerons cette querelle.

      GRUMIO. – Peu m'importe ce qu'il allègue en latin, – si ce n'est pas pour moi un motif légitime de quitter mon service. – Voyez-vous, monsieur, il me disait de le frapper et de le frotter comme il faut, monsieur; eh bien! était-il convenable qu'un serviteur traitât son maître ainsi, ayant sur moi d'ailleurs, autant que je puis voir, l'avantage de trente-deux contre un! Plût à Dieu que je l'eusse frappé d'abord. Grumio n'aurait pas eu tous les coups.

      PETRUCHIO. – Un stupide coquin! – Cher Hortensio, je dis à ce drôle de frapper à votre porte, et je n'ai jamais pu obtenir cela de lui.

      GRUMIO. – Frapper à la porte? – O ciel! ne m'avez-vous pas dit en propres termes: Coquin, frappe-moi ici, frappe-moi bien, frappe-moi comme il faut? et vous venez maintenant me parler de frapper à la porte.

      PETRUCHIO. – Drôle, va-t'en, je te le conseille.

      HORTENSIO. – Patience, Petruchio; je suis la caution de Grumio; vraiment la chance est trop inégale entre vous et lui; c'est votre ancien, fidèle et aimable serviteur Grumio. Allons, dites-moi donc, mon cher ami, quel heureux vent vous a conduit de l'antique Vérone ici, à Padoue?

      PETRUCHIO. – Le vent qui disperse les jeunes gens dans le monde, et les envoie tenter fortune hors de leur pays natal,


<p>13</p>

Note 13: Basta, c'est assez.