L'archéologie égyptienne. Gaston Maspero. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Gaston Maspero
Издательство: Public Domain
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Жанр произведения: Зарубежная классика
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siècle dernier, et que le gouverneur turc d’Assouân détruisit en 1822. Le mieux conservé, celui du sud, n’avait qu’une seule chambre en grès, haute de 4m,25, large de 9m,50, longue de 12 mètres.

      Les murs, droits et couronnés de la corniche ordinaire, reposaient sur un soubassement creux en maçonnerie, élevé de 2m,25 au-dessus du sol, et entouré d’un parapet à hauteur d’appui. Un portique régnait tout autour. Il était composé, sur chacun des côtés, de sept piliers carrés, sans chapiteau ni base, sur chacune des façades, de deux colonnes à chapiteau lotiforme. Piliers et colonnes s’appuyaient directement sur le parapet, sauf à l’est, où un perron de dix ou douze marches, resserré entre deux murs de même hauteur que le soubassement, donnait accès à la cella. Les deux colonnes qui encadraient le haut de l’escalier étaient plus espacées que celles de la face opposée, et la large baie qu’elles formaient laissait apercevoir une porte richement décorée. Une seconde porte ouvrait à l’autre extrémité, sous le portique. Plus tard, à l’époque romaine, on tira parti de cette ordonnance pour modifier l’aspect du monument. On remplit les entre-colonnements du fond et on obtint une salle nouvelle, grossière et sans ornements, mais suffisante aux besoins du culte. Les temples d’Éléphantine rappellent assez exactement le temple périptère des Grecs, et cette ressemblance avec une des formes de l’architecture classique à laquelle nous sommes le plus habitués, explique peut-être l’admiration sans bornes que les savants français ressentirent à les voir. Ceux de Méshéïkh, d’El-Kab, de Sharonnah, présentaient une disposition plus compliquée. Il y a trois pièces à El-Kab, une salle à quatre colonnes (À), une chambre (B), soutenue par quatre piliers hathoriques, et dans la muraille du fond, en face de la porte, une niche (C) à laquelle on montait par quatre marches.

      Le modèle le plus complet qui nous soit parvenu de ces oratoires de petite ville appartient à l’époque ptolémaïque : c’est le temple d’Hathor, à Déir-el-Médinét.

      Il est deux fois plus long qu’il n’est large. Les faces en sont inclinées et nues à l’extérieur, la porte exceptée, dont le cadre en saillie est chargé de tableaux finement sculptés. L’intérieur est divisé en trois parties : un portique (B) de deux colonnes campaniformes, un pronaos (C), auquel on arrive par un escalier de quatre marches, et qui est séparé du portique par un mur à hauteur d’homme, tracé entre deux colonnes campaniformes et deux piliers d’antes à chapiteaux hathoriques ; enfin, le sanctuaire (D), flanqué de deux cellules (E, E) éclairées par des lucarnes carrées, pratiquées dans le toit. On monte à la terrasse par un escalier (F) fort ingénieusement relégué dans l’angle sud du portique, et muni d’une jolie fenêtre à claire-voie. Ce n’est qu’un temple en miniature, mais les membres en sont si bien proportionnés dans leur petitesse qu’on ne saurait rien concevoir de plus fin et de plus gracieux.

      On n’est point tenté d’en dire autant du temple que les Pharaons de la XXe dynastie construisirent au sud de Karnak, en l’honneur du dieu Khonsou ; mais si le style n’en est pas irréprochable, le plan en est si clair qu’on est porté à le prendre pour type du temple égyptien, de préférence à d’autres monuments plus élégants ou plus majestueux.

      Il se résout, à l’analyse, en deux parties séparées par un mur épais (À, À). Au centre de la plus petite, le Saint des Saints (B), ouvert aux deux extrémités et entièrement isolé du reste de l’édifice par un couloir (C) large de 3 mètres ; à droite et à gauche, des cabinets obscurs (D, D) ; par derrière, une halle à quatre colonnes (E), où débouchent sept autres pièces (F, F). C’était la maison du dieu. Elle ne communiquait avec le dehors que par deux portes (G, G), percées dans le mur méridional (À, À), et qui donnaient sur une salle hypostyle (H) plus large que longue, divisée en trois nefs. La nef centrale repose sur quatre colonnes campaniformes de 7 mètres de haut ; les latérales ne renferment chacune que deux colonnes lotiformes de 5m,50 ; le plafond de la travée médiale est donc plus élevé de 1m,50 que celui des bas côtés. On en profita pour régler l’éclairage : l’intervalle entre la terrasse inférieure et la supérieure fut garni de claires-voies en pierre qui laissaient filtrer la lumière. La cour (I) était carrée, bordée d’un portique à deux rangs de colonnes. On y avait accès par quatre poternes latérales (J, J) et par un portail monumental, pris entre deux tours quadrangulaires à pans inclinés. Ce pylône (K) mesure 32 mètres de long, 10 de large, 18 de haut. Il ne contient aucune chambre, mais un escalier étroit, qui monte droit au couronnement de la porte, et de là, au sommet des tours. Quatre longues cavités prismatiques rayent la façade jusqu’au tiers de la hauteur, correspondant à autant de trous carrés qui traversent l’épaisseur de la construction. On y plantait de grands mâts en bois, formés de poutres entrées l’une sur l’autre, consolidées d’espace en espace par des espèces d’agrafes et saisies par des charpentes engagées dans les trous carrés : de longues banderoles de diverses couleurs flottaient au sommet.

      Tel était le temple de Khonsou ; telles sont, dans leurs lignes principales, la plupart des grands monuments d’époque thébaine ou ptolémaïque, Louxor, le Ramesséum, Médinét-Habou, Philae, Edfou, Dendérah.

      Même ruinés à demi, l’aspect en a quelque chose d’étouffé et d’inquiétant. Comme les dieux égyptiens aimaient à s’envelopper de mystère, le plan est conçu de manière à ménager insensiblement la transition entre le plein soleil du monde extérieur et l’obscurité de leur retraite. À l’entrée, ce sont encore de vastes espaces où l’air et la lumière descendent librement. La salle hypostyle est déjà noyée dans un demi-jour discret, le sanctuaire est plus qu’à moitié perdu sous un vague crépuscule, et au fond, dans les dernières salles, la nuit règne presque complète. L’effet de lointain que produit à l’œil cette dégradation successive de la lumière était augmenté par divers artifices de construction. Toutes les parties ne sont pas de plain-pied. Le sol se relève à mesure qu’on s’éloigne de l’entrée, et il faut toujours enjamber quelques marches pour passer d’un plan à l’autre.

      La différence de niveau ne dépasse pas 1m,60 au temple de Khonsou, mais elle se combine avec un mouvement de descente de la toiture, qui est d’ordinaire accentué vigoureusement. Du pylône au mur de fond, la hauteur décroît progressivement : le péristyle est plus élevé que l’hypostyle, celui-ci domine le sanctuaire, la salle à colonnes et la dernière chambre sont de moins en moins hautes. Les architectes de l’époque ptolémaïque ont changé certains détails d’arrangement. Ils ont creusé dans les murs des couloirs secrets et des cryptes où cacher les trésors du Dieu.

      Ils ont placé des chapelles et des reposoirs sur les terrasses. Ils n’ont introduit au plan primitif que deux modifications importantes. Le sanctuaire avait jadis deux portes opposées, ils ne lui en ont laissé qu’une. La colonnade qui garnissait le fond de la cour ou la façade du temple, quand la cour n’existait pas, est devenue une chambre nouvelle, le pronaos. Les colonnes de la rangée extérieure subsistent, mais reliées, jusqu’à mi-hauteur environ, par un mur couronné d’une corniche, qui forme écran et empêchait la foule d’apercevoir ce qui se passait au delà.

      La salle est soutenue par deux, trois ou même quatre rangs de colonnes, selon la grandeur de l’édifice qui s’étend derrière elle. Pour le reste, comparez le plan du temple d’Edfou à celui du temple de Khonsou, et vous verrez combien peu ils diffèrent l’un de l’autre.

      Ainsi conçu, l’édifice suffisait à tous les besoins du culte. Lorsqu’on voulait l’accroître, on ne s’attaquait pas d’ordinaire au sanctuaire ni aux chambres qui l’entouraient, mais bien aux parties d’apparat, hypostyles, cours ou pylônes. Rien n’est plus propre que l’histoire du grand temple de Karnak à illustrer le procédé des Égyptiens en pareille circonstance. Osirtasen Ier l’avait fondé, probablement sur le site d’un temple plus ancien.

      C’était un édifice de petites dimensions, construit en calcaire et en grès avec portes en granit : des piliers à seize pans unis en décoraient l’intérieur. Amenemhat II et III y travaillèrent, les princes de la XIIIe et de la XIVe dynastie y consacrèrent des statues et des tables d’offrandes ; il était encore intact au XVIIIe siècle avant notre ère, lorsque Thoutmos Ier, enrichi par la guerre, résolut