Le Coeur Brisé D'Arelium. Alex Robins. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Alex Robins
Издательство: Tektime S.r.l.s.
Серия:
Жанр произведения: Героическая фантастика
Год издания: 0
isbn: 9788835427940
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avait un genou à terre, la crosse de leurs lances fermement plantée dans le sol derrière eux, la pointe d’acier tournée vers l'ennemi. Le deuxième rang se tenait un pas derrière le premier, leurs lances reposant légèrement sur les épaules des hommes agenouillés devant eux.

      À l'intérieur du demi-cercle de lances, Reed pouvait distinguer l'officier en cape rouge qui l'avait recruté toutes ces années auparavant, sa barbe noire touffue striée de filaments gris, ses dents pourries clairement visibles tandis qu'il hurlait des ordres aux défenseurs. Le capitaine Yusifel, commandant de la garde de réserve.

      Devant l'anneau défensif, juste hors de portée des lances hérissées, deux bonnes douzaines de créatures à la peau grise faisaient les cent pas, montrant leurs dents acérées et hurlant des obscénités aux défenseurs. Alors que Reed observait, deux d'entre eux s’élancèrent soudainement, griffes levées, les yeux fixés sur un petit espace dans le cercle où deux des gardes s’étaient écartés l’un de l’autre.

      Reed commença à crier un avertissement, mais c’était inutile. Lorsque les créatures atteignirent la ligne défensive, les deux gardes se déplacèrent calmement pour combler l'écart et abaissèrent leurs armes, empalant les deux attaquants ahuris avant qu'ils ne puissent réagir. Reed réalisa qu’Yusifel avait appâté l'ennemi pour qu'il attaque le mur de lance. Tactiquement, c'était logique, car cela lui permettait de réduire lentement le nombre d’attaquants sans risquer la vie de ses propres hommes, mais Reed savait que d'autres créatures étaient en route et que les gardes finiraient par être submergés. Ils devaient battre en retraite.

      Une silhouette surgit de la fumée derrière lui et faillit le renverser. C'était Kellen, le visage et le masque de cuir éclaboussés de sang, les cheveux couverts d'une fine couche de cendres provenant des feux. Ses yeux écarquillés se concentrèrent avec difficulté sur Reed.

      — Iden est tombé ! cria-t-il par-dessus le vent. Deux d'entre eux ont franchi le mur sur sa droite et lui ont arraché la jambe au niveau du genou. Je n'ai pas pu le sauver !

      Il émit un petit rire nerveux qui se transforma en sanglot.

      — Il avait réussi à faire quelques mètres de plus sur un pied, mais une autre lui a sauté dessus et...

      Reed l’attrapa par le bras.

      — De la droite ? Tu es sûr ? demanda-t-il.

      — De la droite, Reed, de la droite, de la droite, de la droite ! C’est bien ce que j’ai vu ! s’écria Kellen en ricanant, rejetant la main de Reed et essuyant ses yeux injectés de sang avec sa manche.

      — Par les Douze ! jura Reed. Si l'ennemi avait vraiment attaqué par la droite, cela voulait dire qu’il avait réussi à grimper par-dessus les remparts et à descendre de l'autre côté.

      Ils étaient complètement encerclés. Et le mur de lances de Yusifel deviendrait inutile si les créatures pouvaient faire le tour pour attaquer le flanc ou l'arrière de la ligne défensive. Il devait les avertir.

      — Avec moi ! cria-t-il à Kellen, qui le fixait d’un regard vide.

      Reed lui envoya une claque au travers du visage et le tira vers lui.

      — Allez, Kellen, on doit avertir Yusifel !

      Un cri derrière lui le poussa à agir et il se précipita vers le garde de réserve, entraînant Kellen avec lui.

      — Yusifel ! Yusifel, écoutez-moi, espèce de lourdaud ! hurla-t-il.

      Il avait perdu son masque et une fumée âcre emplissait ses poumons, le faisant tousser et bafouiller.

      Yusifel aperçut les deux hommes et, sentant que quelque chose se passait, dégaina son sabre d'officier et regarda autour de lui. Et il n'était pas le seul. Trois des créatures, alertées par les cris de Reed, avaient interrompu l'attaque du mur de lance et s’étaient retournées pour affronter cette nouvelle menace.

      Reed ne ralentit pas une seconde, mais fonça à pleine vitesse sur les attaquants. Sa lance transperça le torse de la créature la plus proche, la lame jaillissant de son dos dans une gerbe d'os et d'ichor. La chose s'agrippa faiblement au bout du manche qui dépassait de sa poitrine avant de s'effondrer sur le sol. Reed eut à peine le temps de dégager son arme qu'une deuxième créature bondissait vers lui, ses griffes visant sa poitrine.

      Il réussit à lever sa lance pour parer l'attaque et les griffes s'enfoncèrent dans le bois sec avec un claquement, fendant le manche en deux et envoyant des éclats de bois dans toutes les directions. Reed tomba lourdement, sa lance brisée glissant de sa main. La créature était tombée avec lui, grattant à son surcot, un grognement démoniaque au bout des lèvres. Reed ferma le poing et frappa son agresseur à la bouche, lui cassant deux dents et lui brisant la mâchoire.

      La chose hurla et roula sur le côté. La main tâtonnante de Reed se referma sur le manche brisé de sa lance et, avec un grognement d'effort, il fit pivoter son bras et enfonça le bois profondément dans le cou de la créature. Elle émit un feulement guttural et s’effondra.

      Reed gloussa d'incrédulité et se redressa sur ses coudes, juste à temps pour voir une horde de créatures descendre les murs de la guérite comme un raz-de-marée et s'écraser sur les gardes de réserve.

      Les hommes hurlèrent lorsque les longues griffes transpercèrent leur chair, et le mur de lances se démantela dans le chaos.

      Comme les brasiers n’avaient plus de bois pour les alimenter, les flammes s’éteignirent, rendant encore plus difficile de distinguer les amis des ennemis à travers le nuage de fumée et de cendres qui engloutissait la place. Des formes sombres apparaissaient et disparaissaient au milieu des bruits de lances s'entrechoquant contre des griffes, des cris de colère et des hurlements de douleur. Reed pouvait entendre Yusifel, tout près, hurler et jurer, ses jurons se transformant en appels à l'aide avant de laisser place au silence.

      Reed chancela vers l’avant, trébucha sur un corps et tomba, se heurtant durement sur le sol. Le corps appartenait à Kellen. Le dernier membre du groupe de Reed n'avait pas réussi à quitter le mur. Il était mort la tête tournée vers le ciel et son regard vitreux fixait Reed de manière accusatrice. Reed soupira et ferma les yeux du jeune homme, avant d'arracher la lance des mains raides et froides, et de se mettre debout. Saisissant fermement la nouvelle lance, il chercha à se diriger vers l'endroit où il avait entendu Yusifel pour la dernière fois.

      Il retrouva le capitaine quelques instants plus tard dans l'ombre de la guérite, tenant tête à deux des créatures, les repoussant à larges coups d'épée. Reed le rejoignit et ensemble ils les coincèrent contre le mur de la guérite et les taillèrent en pièces.

      Yusifel se tourna vers lui, respirant lourdement.

      — Reed ! Heureux que tu aies pu te joindre à nous ! Qu'est-ce qui t’a pris si longtemps ? Nous avions allumé les brasiers il y a une éternité de cela !

      Il essuya son épée sur sa cape, se racla la gorge et cracha un amas brun et visqueux.

      Reed le regarda avec incrédulité.

      — Oh, je suis désolé ! Je serai arrivé plus tôt mais j'ai dû parcourir la moitié de la longueur du mur avec une bande de jeunes recrues, en esquivant des dizaines de ces monstres gris, puis me tailler un chemin à travers la place, tout en essayant de rester en vie, pour vous empêcher de vous faire découper en morceaux.... Monsieur, ajouta-t-il après une pause.

      Yusifel fronça les sourcils et observa Reed longuement. Les cheveux et la barbe poivre et sel de Reed étaient incrustés de sang séché et de ragoût, son surcot maculé et entaillé. Sa cape pendait en lambeaux sur ses épaules. Un gros bleu de la taille d'un œuf de poule colorait sa tempe gauche tandis que ses yeux étaient rouges et larmoyants à cause de la fumée constante.

      — Combien d'hommes as-tu amené avec toi, mon garçon ? dit doucement Yusifel, les yeux scrutant le brouillard derrière Reed, comme s'il s'attendait à voir une patrouille complète de gardes arriver en courant.

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