L'année terrible. Victor Hugo. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Victor Hugo
Издательство: Bookwire
Серия:
Жанр произведения: Языкознание
Год издания: 0
isbn: 4064066304270
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DE LA MER.

      L’HOMME QUI RIT.

      Drame.

      CROMWELL.

      HERNANI.

      MARION DELORME.

      LE ROI S’AMUSE.

      LUCRÈCE BORGIA,

      MARIE TUDOR.

      ANGELO, TYRAN DE PADOUE.

      LA ESMERALDA.

      RUY BLAS.

      LES BURGRAVES.

      Complément.

      LITTÉRATURE ET PHILOSOPHIE MÊLÉES.

      LE RHIN.

      NAPOLÉON LE PETIT.

      WILLIAM SHAKESPEARE.

      ŒUVRES ORATOIRES:

      (Institut, Chambre des Pairs, Assemblée Constituante, Assemblée Législative, Discours de l’Exil.)

      PARIS.

      ACTES ET PAROLES.

      En vente, chez Michel Lévy frères

      RUY BLAS

      ÉDITION NOUVELLE CONTENANT L’ALLOCUTION

      A LA FRANCE DE 1872

      Un volume in-18: 2 fr.; grand in-8, papier de Hollande, 6 fr.

      L’état de siége fait partie de l’Année Terrible, et il règne encore. C’est ce qui fait qu’on rencontrera dans ce volume quelques lignes de points. Cela marquera pour l’avenir la date de la publication.

      Par le même motif, plusieurs des pièces qui composent ce livre, appartenant notamment aux sections avril, mai, juin et juillet, ont dû être ajournées. Elles paraîtront plus tard.

      Le moment où nous sommes passera. Nous avons la république, nous aurons la liberté.

      Paris, avril 1872.

      A

      PARIS

      CAPITALE DES PEUPLES

      V. H.

       Table des matières

      LES 7,500,000 OUI

      (Publié en mai 1870.)

      Quant à flatter la foule, ô mon esprit, non pas!

      Ah! le peuple est en haut, mais la foule est en bas.

      La foule, c’est l’ébauche à côté du décombre;

      C’est le chiffre, ce grain de poussière du nombre;

      C’est le vague profil des ombres dans la nuit;

      La foule passe, crie, appelle, pleure, fuit;

      Versons sur ses douleurs la pitié fraternelle.

      Mais quand elle se lève, ayant la force en elle,

      On doit à la grandeur de la foule, au péril,

      Au saint triomphe, au droit, un langage viril;

      Puisqu’elle est la maîtresse, il sied qu’on lui rappelle

      Les lois d’en haut que l’âme au fond des cieux épelle,

      Les principes sacrés, absolus, rayonnants;

      On ne baise ses pieds que nus, froids et saignants.

      Ce n’est point pour ramper qu’on rêve aux solitudes.

      La foule et le songeur ont des rencontres rudes;

      C’était avec un front où la colère bout

      Qu’Ézéchiel criait aux ossements: Debout!

      Moïse était sévère en rapportant les tables;

      Dante grondait. L’esprit des penseurs redoutables,

      Grave, orageux, pareil au mystérieux vent

      Soufflant du ciel profond dans le désert mouvant

      Où Thèbes s’engloutit comme un vaisseau qui sombre,

      Ce fauve esprit, chargé des balaiements de l’ombre,

      A, certes, autre chose à faire que d’aller

      Caresser, dans la nuit trop lente à s’étoiler,

      Ce grand monstre de pierre accroupi qui médite,

      Ayant en lui l’énigme adorable ou maudite;

      L’ouragan n’est pas tendre aux colosses émus;

      Ce n’est pas d’encensoirs que le sphinx est camus.

      La vérité, voilà le grand encens austère

      Qu’on doit à cette masse où palpite un mystère,

      Et qui porte en son sein qu’un ventre appesantit

      Le droit juste mêlé de l’injuste appétit.

      O genre humain! lumière et nuit! chaos des âmes.

      La multitude peut jeter d’augustes flammes;

      Mais qu’un vent souffle, on voit descendre tout à coup

      Du haut de l’honneur vierge au plus bas de l’égout

      La foule, cette grande et fatale orpheline;

      Et cette Jeanne d’Arc se change en Messaline.

      Ah! quand Gracchus se dresse aux rostres foudroyants,

      Quand Cynégire mord les navires fuyants,

      Quand avec les Trois-cents, hommes faits ou pupilles,

      Léonidas s’en va tomber aux Thermopyles,

      Quand Botzaris surgit, quand Schwitz confédéré

      Brise l’Autriche avec son dur bâton ferré,

      Quand l’altier Winkelried, ouvrant ses bras épiques,

      Meurt dans l’embrassement formidable des piques,

      Quand Washington combat, quand Bolivar paraît,

      Quand Pélage rugit au fond de sa forêt,

      Quand Manin, réveillant les tombes, galvanise

      Ce vieux dormeur d’airain, le lion de Venise,

      Quand le grand paysan chasse à coups de sabot

      Lautrec de Lombardie et de France Talbot,

      Quand Garibaldi, rude au vil prêtre hypocrite,

      Montre un héros d’Homère aux monts de Théocrite

      Et fait subitement flamboyer à côté

      De l’Etna ton cratère, ô sainte Liberté !

      Quand la Convention impassible tient tête

      A trente rois, mêlés dans la même tempête,

      Quand, liguée et terrible et rapportant la nuit,

      Toute l’Europe accourt, gronde et s’évanouit,

      Comme aux pieds de la digue une vague écumeuse,

      Devant les grenadiers pensifs de Sambre-et-Meuse,

      C’est le peuple; salut, ô peuple souverain!

      Mais quand le lazzarone ou le transteverin

      De quelque Sixte-Quint baise à genoux la crosse,

      Quand la cohue inepte, insensée et féroce,

      Étouffe sous ses flots, d’un vent sauvage émus,

      L’honneur dans Coligny, la raison dans Ramus,

      Quand un poing monstrueux, de l’ombre