De la fraîche palette est le ton le plus tendre.
Роза
Я знаю все оттенки розы:
Пурпурной, красной, цвета киновари и карминной
Я знаю тон румяный бабочкиных крыльев
Все краски, что являют скромность розы.
В Гренаде, где течет Ксенил,
Я на Муласене парчой, фольгой белил
Увидел снег, красневший под лучами,
Как поцелуй звезды вечерней пред очами.
И видел я зарю, что отражением пурпурным
К Венере вознеслась, откинув плат лазурный,
И удивлялся в рощах свежего румянца холодку.
А роза, что на лбу жемчужном, белоснежном,
Воспетая в коротком мадригале сем прилежном,
Полна оттенков свежих, самых нежных.
À une jeune Italienne
Février grelottait blanc de givre et de neige;
La pluie, à flots soudains, fouettait l’angle des toits;
Et déjà tu disais: « Ô mon Dieu! quand pourrai-je
Aller cueillir enfin la violette au bois?»
Notre ciel est pleureur, et le printemps de France,
Frileux comme l’hiver, s’assied près des tisons;
Paris est dans la boue au beau mois où Florence
Égrène ses trésors sous l’émail des gazons.
Vois! les arbres noircis contournent leurs squelettes;
Ton âme s’est trompée à sa douce chaleur :
Tes yeux bleus sont encor les seules violettes,
Et le printemps ne rit que sur ta joue en fleur!
Юной итальянке
Февраль дрожит белой изморозью и снегом;
Дождь бьется по углам крыш, словно о край ковчега;
И ты говоришь: «О, ангелы-братья,
Когда же смогу лесных фиалок собрать я?»
Небо наше плачущее, и весна во Франции
Зябка, словно зима у тлеющего камина;
Париж в грязи, когда Флоренция в прекраснейший из сезонов
Перебирает сокровища под эмалью газонов.
Вижу деревья с контурами черных тог;
Твоя душа обманута их нежным пылом:
Лазурны только фиалки глаз твоих милых,
И весну смешит цвет твоих щёк!
À trois Paysagistes
Salon de 1839
C’est un bonheur pour nous – hommes de la critique,
Qui, le collier au cou, comme l’esclave antique,
Sans trêve et sans repos, dans le moulin banal
Tournons aveuglément la meule du journal,
Et qui vivons perdus dans un désert de plâtre,
N’ayant d’autre soleil qu’un lustre de théâtre —
Qu’un grand paysagiste, un poète inspiré,
Au feuillage abondant, au beau ciel azuré,
Déchire d’un rayon la nuit qui nous inonde
Et nous fasse un portrait de la beauté du monde,
Pour nous montrer qu’il est encor loin des cités,
Malgré les feuilletons, de sévères beautés
Que du livre de Dieu la main de l’homme efface;
De l’air, de l’eau, du ciel, des arbres, de l’espace,
Et des prés de velours, qu’avril étoile encor
De paillettes d’argent et d’étincelles d’or.
– Enfants déshérités, hélas! sans la peinture,
Nous pourrions oublier notre mère Nature;
Nous pourrions, assourdis du vain bourdonnement
Que fait la presse autour de tout événement,
Le cœur envenimé de futiles querelles,
Perdre le saint amour des choses éternelles,
Et ne plus rien comprendre à l’antique beauté,
À la forme, manteau sur le monde jeté,
Comme autour d’une vierge une souple tunique,
Ne voilant qu’à demi sa nudité pudique!
Merci donc, ô vous tous, artistes souverains!
Amants des chênes verts et des rouges terrains,
Que Rome voit errer dans sa morne campagne,
Dessinant un arbuste, un profil de montagne,
Et qui nous rapportez la vie et le soleil
Dans vos toiles qu’échauffe un beau reflet vermeil!
Sans sortir, avec vous nous faisons des voyages,
Nous errons, à Paris, dans mille paysages;
Nous nageons dans les flots de l’immuable azur,
Et vos tableaux, faisant une trouée au mur,
Sont pour nous comme autant de fenêtres ouvertes
Par où nous regardons les grandes plaines vertes,
Les moissons d’or, le bois que l’automne a jauni,
Les horizons sans borne et le ciel infini!
Ainsi nous vous voyons, austères solitudes
Où l’âme endort sa peine et inquiétudes,
Grottes de Cervara, que d’un pinceau certain
Creusa profondément le sévère Bertin.
Ainsi nous vous voyons avec vos blocs rougeâtres
Aux