Lewis Carroll
Aventures d'Alice au pays des merveilles
Publié par Good Press, 2020
EAN 4064066074319
Table des matières
CHAPITRE PREMIER. AU FOND DU TERRIER.
CHAPITRE II. LA MARE AUX LARMES.
CHAPITRE III. LA COURSE COCASSE.
CHAPITRE IV. L’HABITATION DU LAPIN BLANC.
CHAPITRE V. CONSEILS D’UNE CHENILLE.
CHAPITRE VIII. LE CROQUET DE LA REINE.
CHAPITRE IX. HISTOIRE DE LA FAUSSE-TORTUE.
CHAPITRE X. LE QUADRILLE DE HOMARDS.
CHAPITRE XI. QUI A VOLÉ LES TARTES?
CHAPITRE XII. DÉPOSITION D’ALICE.
AVENTURES D’ALICE
AU PAYS DES MERVEILLES.
PAR
LEWIS CARROLL.
TRADUIT DE L’ANGLAIS PAR HENRI BUÉ.
OUVRAGE ILLUSTRÉ DE 42 VIGNETTES PAR JOHN TENNIEL.
Londres:
MACMILLAN AND CO.
1869.
[Le Droit de Traduction et de Reproduction est réservé.]
[L’Auteur désire exprimer ici sa reconnaissance envers le Traducteur de ce qu’il a remplacé par des parodies de sa composition quelques parodies de morceaux de poésie anglais, qui n’avaient de valeur que pour des enfants anglais; et aussi, de ce qu’il a su donner en jeux de mots français les équivalents des jeux de mots anglais, dont la traduction n’était pas possible.]
LONDRES.—IMPRIMERIE DE R. CLAY, FILS, ET TAYLOR, BREAD STREET HILL.
Notre barque glisse sur l’onde
Que dorent de brûlants rayons;
Sa marche lente et vagabonde
Témoigne que des bras mignons,
Pleins d’ardeur, mais encore novices,
Tout fiers de ce nouveau travail,
Mènent au gré de leurs caprices
Les rames et le gouvernail.
Soudain trois cris se font entendre,
Cris funestes à la langueur
Dont je ne pouvais me défendre
Par ce temps chaud, qui rend rêveur.
“Un conte! Un conte!” disent-elles
Toutes d’une commune voix.
Il fallait céder aux cruelles;
Que pouvais-je, hélas! contre trois?
La première, d’un ton suprême,
Donne l’ordre de commencer.
La seconde, la douceur même,
Se contente de demander
Des choses à ne pas y croire.
Nous ne fûmes interrompus
Par la troisième, c’est notoire,
Qu’une fois par minute, au plus.
Puis, muettes, prêtant l’oreille
Au conte de l’enfant rêveur,
Qui va de merveille en merveille
Causant avec l’oiseau causeur;
Leur esprit suit la fantaisie
Où se laisse aller le conteur.
Et la vérité tôt oublie
Pour se confier à l’erreur.
Le conteur (espoir chimérique!)
Cherche, se sentant épuisé,
A briser le pouvoir magique
Du charme qu’il a composé,
Et “Tantôt” voudrait de ce rêve
Finir le récit commencé:
“Non, non, c’est tantôt! pas de trêve!”
Est le jugement prononcé.
Ainsi du pays des merveilles
Se racontèrent lentement
Les aventures sans pareilles,
Incident après incident.
Alors vers le prochain rivage
Où nous devions tous débarquer
Rama le joyeux équipage;
La nuit commençait à tomber.
Douce Alice, acceptez l’offrande
De ces gais récits enfantins,
Et tressez-en une guirlande,
Comme on voit faire aux pèlerins
De ces fleurs qu’ils ont recueillies,
Et que plus tard, dans l’avenir,
Bien qu’elles soient, hélas! flétries,
Ils chérissent en souvenir.
CHAPITRE PREMIER.
AU FOND DU TERRIER.
ALICE, assise auprès de sa sœur sur le gazon, commençait à s’ennuyer de rester là à ne rien faire; une ou deux fois elle avait jeté les yeux sur le livre que lisait sa sœur; mais quoi! pas d’images, pas de dialogues! “La belle avance,” pensait Alice, “qu’un livre sans images, sans causeries!”.
Elle s’était mise à réfléchir, (tant bien que mal, car la chaleur du jour l’endormait et la rendait