LE VIEUX CHAT ET LA JEUNE SOURIS.
LA CHAUVE-SOURIS, LE BUISSON ET LE CANARD.
LA QUERELLE DES CHIENS ET DES CHATS, ET CELLE DES CHATS ET DES SOURIS.
LE MILAN, LE ROI ET LE CHASSEUR.
LE RENARD, LES MOUCHES ET LE HÉRISSON.
LE CORBEAU, LA GAZELLE, LA TORTUE ET LE RAT.
LE RENARD, LE LOUP ET LE CHEVAL.
LE RENARD ET LES POULETS D’INDE.
L’ÉLÉPHANT ET LE SINGE DE JUPITER.
LE JUGE ARBITRE, L’HOSPITALIER ET LE SOLITAIRE.
TABLE DES FABLES
LES FABLES
I
LA CIGALE ET LA FOURMI.
La cigale, ayant chanté
Tout l’été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue:
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu’à la saison nouvelle:
Je vous paîrai, lui dit-elle,
Avant l’oût, foi d’animal,
Intérêt et principal.
La fourmi n’est pas prêteuse;
C’est là son moindre défaut:
Que faisiez-vous au temps chaud?
Dit-elle à cette emprunteuse.—
Nuit et jour à tout venant
Je chantois, ne vous déplaise.—
Vous chantiez! j’en suis fort aise.
Hé bien! dansez maintenant.
II
LE CORBEAU ET LE RENARD.
Maître corbeau, sur un arbre perché,
Tenoit en son bec un fromage.
Maître renard, par l’odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage:
Hé bonjour, monsieur du corbeau.
Que vous êtes joli! que vous me semblez beau!
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois.
A ces mots, le corbeau ne se sent pas de joie;
Et, pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le renard s’en saisit, et dit: Mon bon monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l’écoute:
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute.
Le corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendroit plus.