Le Visage de la Folie. Блейк Пирс. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Блейк Пирс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Серия: Les Mystères de Zoe Prime
Жанр произведения: Современные детективы
Год издания: 0
isbn: 9781094342702
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de près. Zoe ne put s’empêcher de remarquer que son carnet était resté fermé durant toute la durée de la séance, et que le stylo pendait librement dans sa main.

      « Je fais quelque chose que je n’ai encore jamais fait, » dit Zoe, en sentant l’enthousiasme faire légèrement rougir ses joues. « Un double rendez-vous. John et moi, avec Shelley et son mari.

      – Tu penses que tu vas pouvoir t’épanouir dans cette situation ?

      – Oui. » Zoe hocha la tête, sachant que c’était la vérité. Non seulement grâce à l’aide de la Dr. Monk, mais aussi parce qu’elle avait appris à faire confiance à John, après être sortie avec lui pendant des mois. Shelley, sa partenaire de travail, avait également prouvé à maintes reprises qu’elle pouvait soutenir Zoe chaque fois qu’elle en avait besoin. « Les exercices que vous m’avez donnés m’ont permis de maîtriser les chiffres. Je ne pense pas que je serai submergée. Pas cette fois-ci. »

      Les lèvres de la Dr. Monk se courbèrent brièvement vers le haut pendant que Zoe parlait, comme si elle avait entendu quelque chose qui la comblait de joie. Elle avait un grain de beauté à un demi-centimètre au-dessus de la commissure droite de sa bouche, et celui-ci bondit aussi. D’un air enjoué, elle posa son carnet sur la table et plaça le stylo dessus. « Zoe, je vais te dire quelque chose, et ne le prends pas mal, s’il te plaît, » dit-elle. Son expression était tout empreinte de gaieté, comme si elle ne voulait pas révéler son bonheur. « Je pense qu’il est temps que nous arrêtions de nous voir. »

      Zoe haussa un sourcil. « Vous pensez que je devrais voir un autre thérapeute ? »

      La Dr. Monk rit. « Non, Zoe. Qu’est-ce que j’ai dit à propos du fait de le prendre mal ? Je pense que tu n’as plus du tout besoin de voir un thérapeute.

      – On a… fini ? »

      La Dr. Monk acquiesça d’un signe de tête. « Tu n’as plus besoin de moi. »

      Zoe jeta un coup d’œil tout autour de la pièce que la Dr. Monk utilisait pour ses séances de thérapie : les diplômes encadrés de bois noir sur le mur, les étagères remplies de livres de psychologie, la plante en pot dans le coin. Soudainement, un pincement de nostalgie s’empara d’elle, quelque chose qu’elle n’éprouvait pas souvent en tant qu’agent du FBI – toujours au même endroit et juste assez longtemps pour ne pas s’y habituer avant la fin de l’affaire. C’était la sensation de quitter un endroit pour une dernière fois. « Et si je recommençais à perdre le contrôle ? »

      La Dr. Monk se pencha en avant, posant sa main sur celle de Zoe qui reposait sur le bras du fauteuil. « Si jamais tu as encore besoin de moi, il suffit de téléphoner et prendre un rendez-vous. Tu seras toujours sur ma liste de patients. Mais c’est notre dernière séance régulière. »

      Zoe hocha la tête, se laissant submerger par la nouvelle. Elle avait terminé sa thérapie. Elle n’en avait plus besoin. Cela faisait plusieurs mois qu’elle s’asseyait dans ce fauteuil, et elle avait beaucoup travaillé pour essayer de changer. Entendre qu’elle en était finalement sortie victorieuse n’était en réalité qu’une confirmation. Elle savait, en creusant au fond d’elle-même, qu’elle avait dompté les pires parties de son esprit, qu’elle les avait apprivoisées et dressées.

      Elle jeta à nouveau son regard dans la pièce, pour un petit test d’autoévaluation. Les chiffres étaient toujours là, quand elle le voulait. Elle pouvait savoir d’un seul coup d’œil qu’il y avait un livre de moins sur les étagères – peut-être que la Dr. Monk l’avait enlevé pour le lire ou l’avait donné à quelqu’un pour l’étudier. Elle savait que les étagères mesuraient deux mètres de haut, et que la Dr. Monk devait probablement monter sur quelque chose pour atteindre les volumes tout en haut.

      Mais quand elle observa une nouvelle fois, en s’efforçant de rester calme, elle vit juste une bibliothèque remplie de livres. Comme tous les autres.

      Elle sentit ses lèvres dessiner une courbe, sans qu’elle ne l’ait voulu. Un vrai sourire naturel, quelque chose qui lui arrivait rarement. Elle se sentait plus forte que jamais. Mieux. Plus prête, pour tout ce qui pourrait lui arriver.

      « Merci, Dr. Monk, » dit-elle en se levant et en lui tendant la main.

      La docteur lui secoua la main, la serrant un moment avec un sourire ému de fierté, puis escorta Zoe jusqu’à la porte.

      « Ne le prenez pas mal, » dit Zoe, avec humour, en se retournant sur le seuil. « Mais j’espère que je n’aurai pas à vous revoir avant longtemps. »

      La Dr. Monk lui répondit avec un sourire éclatant. « Je ressens la même chose, » dit-elle, avant de refermer la porte derrière elle en riant.

      Zoe redressa ses épaules. Les victoires personnelles devaient être célébrées. C’était donc tout aussi bien qu’elle ait un endroit spécial où aller.

***

      Une autre porte s’ouvrit lorsque Zoe y frappa, quelques heures plus tard et dans un autre quartier de la ville. Malgré les mots encourageants de la Dr. Monk, elle se sentait maintenant nerveuse et agitée, ses mains apparemment incapables de rester immobiles. Elle remua la hanse de son sac entre ses doigts, tordant la fine courroie d’un côté puis de l’autre.

      La silhouette encore mince de la Dr. Francesca Applewhite était enveloppée dans un peignoir confortable, et ses cheveux foncés à mèches grises rebondissaient de haut en bas dans son carré soigné, tandis qu’elle toisait Zoe de la tête aux pieds. « Zoe, » dit-elle, en essayant visiblement de choisir ses mots avec précaution. « Je ne m’attendais pas à te voir. Tu es très belle. Mais, ah… qu’est-il arrivé à tes yeux ? »

      Zoe s’effondra presque, son regard fixant le sol. Elle savait qu’elle avait échoué. « J’ai besoin de votre aide, » dit-elle tristement.

      La Dr. Applewhite s’approcha immédiatement d’elle, la prenant par le coude. « Très bien, ma chère. Entre, entre. »

      Zoe suivit sa mentor bien-aimée dans son agréable maison. Le couloir était bordé de succès mis sous cadre : la Dr. Applewhite et son mari étaient tous deux des êtres accomplis, et bien qu’ils n’aient jamais eu d’enfants, les diplômes et les distinctions évoquaient leurs carrières universitaires et de vies consacrées à la recherche.

      « Je ne l’ai jamais fait auparavant, » dit Zoe d’un ton plaintif, tout en détestant la façon dont sa voix semblait si abattue et aiguë. « Je pensais que ce serait facile. J’ai regardé des tutoriels sur YouTube pour voir comment le faire mais… »

      La Dr. Applewhite fit une pause, se retournant pour poser sa main entre les omoplates de Zoe tandis qu’elle lui montrait le chemin. « Ne t’inquiète pas. C’est facile à réparer. On va arranger ça. Grosse soirée en perspective, n’est-ce pas ?

      – Soirée rancart, » dit Zoe, se sentant déjà mieux à l’idée de se faire aider par la seule personne qui avait toujours été là pour elle quand elle en avait eu besoin.

      Quoique, ce n’était pas tout à fait exact. Elle ne connaissait Shelley que depuis peu de temps par rapport à la Dr. Applewhite, mais elle n’avait jamais déçu Zoe non plus. Même à l’époque où Zoe lui en voulait pour ses présumées bêtises, elle s’était toujours rendu compte par la suite que Shelley avait fait les bons choix. Il y a quelques mois, lorsqu’elles avaient travaillé ensemble pour faire tomber un tueur en série qui visait les personnes portant des tatouages en mémoire de l’Holocauste, Shelley avait mis toute sa confiance en Zoe pour concentrer leurs efforts sur la recherche du tueur alors qu’elles avaient déjà un autre suspect en garde à vue. Cela avait fonctionné, et elles étaient plus que jamais en synergie, travaillant instinctivement pour résoudre leurs affaires et se faisant implicitement et mutuellement confiance.

      En y réfléchissant bien, John ne l’avait jamais laissée tomber non plus. Il était toujours celui qui arrivait, souvent le premier, souvent à l’attendre. Il n’avait jamais été frustré ou fâché lorsque