Le dessous est peint dans un revêtement réfléchissant, songea l’esprit de Reid. Il est impossible que les yeux restent concentrés dessus.
L’objet perdit de l’altitude, comme s’il tombait du ciel. Alors qu’il passait au-dessus du monticule du lanceur sur le terrain de baseball, quelque chose tomba de l’appareil : un câble en acier avec une étroite barre transversale au bout, semblable au barreau d’une échelle. Une corde de rappel.
“Ce doit être mon taxi,” murmura-t-il. Pendant que les flics regardaient avec incrédulité ce véritable OVNI fondre sur eux, Reid laissa tomber l’arme sur le gravier. Il s’assura que son sac était bien fixé à son épaule et, alors que la barre transversale se balançait vers eux, il leva les bras et s’accrocha à elle.
Il inspira d’un coup, instantanément emporté dans les airs, atteignant sept mètres en quelques secondes, puis dix, puis quinze. Les gamins criaient sur le terrain de baseball, montrant du doigt l’objet volant en train de rétracter rapidement la corde de rappel au-dessus de la tête de Reid, gagnant en altitude par la même occasion.
Il jeta un œil en bas et vit de nouvelles voitures de polices qui venaient d’arriver sur le parking, les conducteurs sortant de leurs véhicules et levant les yeux au ciel. Il était à trente mètres au-dessus du sol quand il atteignit le cockpit. Ensuite, il s’installa dans le seul siège qui se trouvait là.
Reid secoua la tête d’étonnement. Le véhicule qui venait de le récupérer n’était rien de plus qu’une petite capsule en forme d’œuf avec quatre bras parallèles formant un X, chacun d’entre eux ayant un moteur rotatif en son extrémité. Il savait ce que c’était : un quadricoptère, un drone pouvant accueillir une seule personne, totalement automatisé et hautement expérimental.
Un souvenir lui traversa l’esprit : Le toit d’un immeuble à Kandahar. Deux snipers ont repéré ton emplacement. Tu ne sais pas du tout où ils sont. Un seul geste et tu es mort. Ensuite, tu entends un bruit… un ronflement aigu, à peine plus élevé qu’un bourdonnement. On dirait le bruit que fait ton taille-haie. Une forme apparaît dans le ciel. C’est difficile de la regarder. Tu peux à peine la voir, mais tu sais que de l’aide vient d’arriver…
La CIA avait expérimenté l’usage de machines comme celle-ci pour extraire les agents de zones tendues. Lui-même avait pris part à cette expérimentation.
Il n’y avait pas de commandes devant lui, juste un écran LED lui indiquant que la vitesse était de trois-cent-quarante-sept kilomètres heure et que le temps restant avant atterrissage était de cinquante-quatre minutes. À côté de l’écran se trouvait un casque. Il s’en empara et le posa sur ses oreilles.
“Zéro.”
“Bon sang, Watson. Comment as-tu eu ce truc ?”
“Ce n’est pas moi.”
“Alors Mitch,” dit Reid, ce qui confirmait ses soupçons. “Ce n’est pas qu’un simple ‘atout,’ pas vrai ?”
“Il est tout ce dont tu as besoin pour que tu aies confiance en sa volonté de t’aider.”
La vitesse du quadricoptère augmentait régulièrement, atteignant presque trois-cent-quatre-vingts kilomètres heures. Le temps d’arrivée diminua de plusieurs minutes.
“Qu’en est-il de l’agence ?” demanda Reid. “Est-ce qu’ils peuvent… ?”
“Le pister ? Non. Il est trop petit et vole à de trop basses altitudes. De plus, il n’est plus en service. L’agence trouvait le moteur trop bruyant pour l’aspect furtif et discret.”
Il poussa un léger soupir de soulagement. Il avait une adresse où se rendre à présent, ce Starlight Motel dans le New Jersey et, cette fois, ce n’était pas un indice de Rais pour le mener par le bout du nez. S’ils étaient encore là, il pourrait mettre un terme à tout ça… ou essayer du moins. Il savait bien que ça finirait forcément par une confrontation avec l’assassin et il ne fallait pas que ses filles soient un dommage collatéral.
“Attends quarante-cinq minutes et refile le tuyau du motel à Strickland et à la police locale,” dit-il à Watson. “S’il est là, je veux que tout le monde y soit aussi.”
Toutefois, le temps que la CIA et la police arrivent, ses filles seraient peut-être en sécurité ou Reid Lawson serait peut-être mort.
CHAPITRE HUIT
Maya serra sa sœur contre elle. La chaîne des menottes cliquetait entre leurs poignets. Le bras de Sara était remonté contre sa propre poitrine, sa main agrippant l’épaule de Maya, alors qu’elles étaient recroquevillées l’une contre l’autre sur la banquette arrière de la voiture.
L’assassin conduisait, dirigeant la voiture le long de Port Jersey. Le terminal de fret était long, plusieurs centaines de mètres d’après les estimations de Maya. De hautes piles de containers se dressaient de chaque côté, formant une ligne étroite pas plus large que trente centimètres de chaque côté de la voiture.
Les phares étaient éteints et l’obscurité était effrayante, mais ça ne semblait pas poser de problème à Rais. De temps en temps, il y avait une petite brèche entre les piles de containers et Maya pouvait voir des lumières vives à distance, près du bord de l’eau. Elle pouvait même entendre le ronronnement des machines. Il y avait des gens qui travaillaient, du monde aux alentours. Même si ça lui donna un peu d’espoir, Rais avait tellement bien planifié les choses jusqu’ici qu’elle doutait qu’ils se fassent repérer par qui que ce soit.
Il fallait néanmoins qu’elle fasse quelque chose pour les empêcher de partir.
L’horloge de la console centrale de la voiture lui indiqua qu’il était quatre heures du matin. Cela faisait moins d’une heure qu’elle avait laissé le mot dans le réservoir de la chasse d’eau des toilettes du motel. Peu après, Rais s’était soudainement levé et avait annoncé qu’il était l’heure d’y aller. Sans un mot d’explication, il leur avait fait quitter la chambre d’hôtel, mais pas pour reprendre le véhicule blanc avec lequel ils étaient arrivés. Au lieu de ça, il les avait conduites vers une voiture plus ancienne, garée non loin de leur chambre. Il n’avait eu aucun mal à crocheter la serrure et les avait faites monter sur la banquette arrière. Rais avait retiré le cache de la colonne de direction et fait démarrer le véhicule avec les câbles d’allumage en quelques secondes.
Et, maintenant, voilà qu’ils étaient au port, sous couvert de la nuit, se rapprochant de la pointe terrestre au nord, là où le sol laissait place à la Baie de Newark. Rais ralentit et gara la voiture.
Maya regarda à travers le pare-brise. Elle vit un bateau, assez petit selon les standards commerciaux habituels. Il ne faisait pas plus de dix-huit mètres d’un bout à l’autre, chargé de containers cubiques d’un mètre et demi de côtés. La seule lumière de ce côté du quai, à part celle des étoiles, provenait de deux ampoules jaunes faiblardes sur le bateau, l’une à la proue et l’autre à la poupe.
Rais éteint le moteur et resta assis là, en silence, pendant un long moment. Puis, il fit un seul appel de phares. Deux hommes sortirent de la cabine du bateau. Ils regardèrent dans sa direction, puis désembarquèrent par une rampe étroite entre le bateau et le quai.
L’assassin se retourna sur son siège, regardant directement Maya. Il ne prononça qu’une seule phrase en articulant lentement. “Ne bougez pas.” Puis, il sortit de la voiture et referma la portière, se tenant à quelques mètres seulement, tandis que les hommes approchaient.
Maya serra la mâchoire et tenta de ralentir son rythme cardiaque trop rapide. Si elles montaient sur ce bateau et quittaient le rivage, leurs chances d’être retrouvées un jour allaient diminuer significativement. Elle ne pouvait pas entendre ce que les hommes se disaient, elle n’entendait