Retour. Морган Райс. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Морган Райс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Серия:
Жанр произведения: Книги для детей: прочее
Год издания: 0
isbn: 9781094311005
Скачать книгу
à ras bord. Pourtant, elle resta où elle était, immobile comme une statue.

      — Oui, dit-elle finalement, je sais.

      — Tu le sais, dit Kevin. C’est tout ?

      — Que veux-tu que je dise ? répliqua Chloe, et Kevin entendit alors sa douleur. J’ai mal, bien sûr, mais, dans la Ruche, j’ai vu que les choses pouvaient être bien pires. J’ai vu qu’il était mal d’imposer ce qu’on ressent aux gens. Je …

      Kevin voyait qu’elle avait les larmes aux yeux et il la prit instinctivement dans ses bras et la tint près de lui pour la réconforter. Il était quasiment sûr que ce n’était pas la personne qui venait de dire qu’elle ne vous aimait pas qui devait vous réconforter, mais il le fit quand même.

      — Je suis désolé, dit-il. Je voudrais —

      — Tu voudrais quoi, Kevin ? demanda Chloe. Que rien de tout cela ne soit arrivé ? Tu ne dois pas vouloir ça. Je ne le veux pas.

      Une partie de Kevin le voulait, malgré ça. Il aurait voulu que l’invasion extra-terrestre n’ait jamais eu lieu. Il aurait voulu n’avoir jamais ouvert la capsule qu’ils avaient envoyée, ou il aurait voulu trouver le moyen d’empêcher les dégâts qui avaient été commis. Trop de gens avaient souffert, parfois à cause des choses qu’il avait faites. S’il pouvait effacer ces choses, il le ferait, tout simplement parce qu’il détestait la douleur qui hantait l’univers par sa faute. Pourtant, si rien de cela n’était arrivé, il n’aurait jamais rencontré Chloe, il n’aurait jamais fait la moitié des choses stupéfiantes qu’il avait faites.

      Kevin comprit alors que Chloe avait raison : il ne devait pas désirer que les choses se soient passées différemment. Pourtant, alors même qu’il réfléchissait à la réponse qu’il allait faire à Chloe, il vit le ciel s’obscurcir et une forme beaucoup trop familière s’imposer au-dessus de ce monde.

      — Non, murmura-t-il, non …

      Le vaisseau-monde de la Ruche se positionna comme une sorte d’illusion d’optique, présent un moment, absent l’autre. Il planait au-dessus du monde des Ilariens, occupant le ciel. Déjà, des vaisseaux commençaient à en sortir, donnant l’impression qu’il était facile de déplacer une chose aussi immense et aussi terrifiante.

      Kevin vit la générale s’Lara se ruer sur le balcon avec la même horreur qu’il ressentait à ce moment-là. Ils s’étaient crus à l’abri. Ils avaient cru qu’ils auraient au moins un peu de temps.

      — Comment ? demanda-t-elle. Comment ont-ils pu nous retrouver alors que nous les avons semés ?

      Elle regarda Kevin, Chloe puis Ro dans l’hôpital. Kevin voyait quels étaient ses soupçons et il avait du mal à ne pas les partager. Il ne pensa pas un seul instant que Ro ait fait quoi que ce soit délibérément, mais pouvait-il exister une connexion résiduelle à la Ruche ? Et s’ils poursuivaient Kevin, pas Ro ?

      Il y réfléchissait encore quand Chloe avança en tendant le bras.

      — Ce … ça pulse. Je crois … je crois qu’ils pistent cet objet. Enlevez-le-moi. Enlevez-le !

      Kevin ne savait pas quoi dire. Au-dessus d’eux, le vaisseau-monde était encore là et déversait des petits vaisseaux qui promettaient la mort. Kevin leva les yeux vers eux et sentit à quel point tout cela était injuste. Les Ilariens venaient de le sauver, de lui donner la possibilité de vivre tout le reste de sa vie.

      Maintenant que la Ruche était ici, Kevin était certain qu’ils allaient tous mourir.

      CHAPITRE CINQ

      Luna était … Luna était. Il fallait qu’elle essaie de s’en souvenir. Il fallait qu’elle se souvienne qu’elle existait, que c’était réel, pas seulement … seulement … non, la mémoire et les mots lui échappaient alors même qu’elle et le reste des … des Survivants, c’était ça, se dirigeaient vers les usines qui, selon eux, était les plus susceptibles de contenir les choses dont ils avaient besoin.

      Luna s’acharnait contre l’intérieur de sa cage, s’attaquait à l’acier comme si ses mains pouvaient le déchiqueter. Elle voyait qu’il y avait maintenant du sang sur les barreaux et elle ne pouvait même pas se souvenir d’où il venait. Était-ce parce qu’elle s’attaquait au métal ou était-ce autre chose ? Elle essaya de s’arrêter, mais elle n’avait aucun contrôle sur son corps. Les extra-terrestres qui la contrôlaient voulaient qu’elle trouve le moyen de s’évader, de tuer, peu importe si elle se blessait pour cela.

      — Patience, Luna, dit Ignatius, même s’il avait l’air inquiet maintenant. Nous allons trouver un moyen de fabriquer le remède. Nous allons te rendre à toi-même.

      Pourtant, ce n’était pas à elle-même que Luna pensait à ce moment-là. Elle pensait plutôt à Kevin. C’était au souvenir de Kevin qu’elle se raccrochait comme un alpiniste qui se raccroche aux rochers de peur de tomber. Elle se raccrochait à son image mais, maintenant, même ses souvenirs de lui commençaient à se dissiper, aussi flous que … que … elle ne s’en souvenait plus. Elle se souvenait bien qu’elle avait traversé le pays avec lui. Elle se souvenait des moments de plaisir qu’ils avaient connus avant les événements, quand ils n’avaient encore été que des amis, mais la majorité de ce qui s’était passé entre les deux avait commencé à disparaître. Pourtant, elle se raccrochait à Kevin aussi fermement qu’elle le pouvait et, ce faisant, elle semblait aussi se raccrocher à un peu du reste. Elle reconnut Bobby le chien qui courait au milieu des hommes et restait aussi près d’elle que possible. Il ne grognait plus, maintenant, mais c’était peut-être parce qu’il comprenait qu’elle ne pouvait plus faire de mal à personne.

      Maintenant, ils approchaient des usines et Luna vit les autres regarder autour d’eux avec la sorte d’appréhension dont on fait preuve quand on a connu trop de mauvaises expériences. Ils étaient si nombreux, maintenant, qu’ils formaient quasiment une armée et une partie de Luna lui disait qu’elle devrait tenter de les transformer en créatures semblables à elle. Même maintenant, elle leur crachait du gaz alors que cela n’avait plus d’effet grâce au remède.

      Certains d’eux la regardaient avec peur pendant qu’ils avançaient, comme s’ils s’attendaient à ce qu’elle s’attaque à eux à tout moment. Certains manipulaient leurs armes, comme s’ils étaient tentés de s’en servir. Elle reconnut l’un de ceux qui le faisaient. Il s’appelait l’Ourson, mais elle n’arrivait à se souvenir de rien d’autre sur lui et ne comprenait pas pourquoi elle était si triste de le voir serrer la crosse d’une arme comme tant d’autres.

      — On dirait que cet endroit a connu quelques batailles, dit Ignatius en se tournant vers Leon. Es-tu sûr qu’ils auront ce dont nous avons besoin pour traiter du minéral ?

      Leon haussa les épaules pour toute réponse, ce qui fut loin de réconforter Luna.

      — Je ne suis sûr de rien. On a entendu des combats autour des usines et les humains transformés ont peut-être pillé l’endroit. Nous ne savons pas ce qu’il y a ici.

      Luna ne savait pas quoi en penser. En fait, à ce stade, elle pouvait tout juste penser. Malgré les doutes de Leon, le groupe avança prudemment parmi les restes des bâtiments industriels, inspectant les alentours sur leur passage comme s’ils cherchaient des ennemis dans les zones d’ombre. Maintenant, le lieu tout entier avait l’air aussi squelettique que la carcasse d’une grande créature en acier. Des parties des murs étaient endommagées ou s’étaient même effondrées suite aux combats qui s’y étaient déroulés.

      Sur sa remorque bringuebalante, ils emmenèrent Luna dans un espace où l’enseigne d’une entreprise de produits chimiques pendait de guingois comme si elle allait tomber à tout moment. Partout où regardait Luna, il y avait des cuves et des bonbonnes, certaines assez grandes pour être traversées par des passerelles de métal perforé. Quelques-unes des cuves avaient l’air vides parce que leur