l’Amour Comme Ci . Sophie Love. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Sophie Love
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Серия: Les Chroniques de l’Amou
Жанр произведения: Современные любовные романы
Год издания: 0
isbn: 9781640293519
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devenue la proie qui s’était aventurée sur son territoire.

      Joshua émergea à l’angle de la cloison de verre. Il portait un costume bleu électrique et ses cheveux étaient coiffés en banane. Il se dirigea d’un pas raide vers le bureau de Keira.

      « Avez-vous déjà terminé les recherches sur l’Irlande ? », demanda-t-il, sans même prendre la peine de dire bonjour.

      Ah oui, l’article sur le Festival de l’Amour que Joshua avait été chargé d’écrire par Elliot, le PDG de Viatorum. C’était censé être un projet énorme et important – du moins c’est ce que Joshua avait laissé entendre – même si Keira elle-même ne pouvait pas comprendre comment un article superficiel et stupide sur des rencontres organisées lors d’une cérémonie d’un autre âge dans un village irlandais pittoresque pouvait être considéré comme important. Malgré cela, Joshua avait été d’encore plus mauvaise humeur que d’habitude et, en tant que sa rédactrice la plus jeune, Keira avait été chargée de faire toutes les recherches qu’il était “trop occupé” pour les faire lui-même.

      Plutôt trop imbu de sa personne, songea silencieusement Keira alors qu’elle levait les yeux et souriait. « Je vous l’ai envoyé par mail avant de partir vendredi. »

      « Envoyez-le moi à nouveau », exigea Joshua du tac au tac. « Je n’ai pas le temps d’éplucher ma boîte de réception pour le trouver. »

      « Pas de problème », dit Keira, en demeurant tout aussi chaleureuse.

      Joshua retourna dans son bureau et Keira lui envoya un mail contenant l’énorme quantité d’informations qu’elle avait recueillies sur le Festival de l’Amour irlandais, souriant en son for intérieur tandis qu’elle se remémorait à quel point tout cela était stupide, romantique au point d’en donner la nausée.

      À peine le mail avait-il quitté sa boîte de réception que les portes s’ouvrirent et une poignée de rédacteurs de Viatorum se pressèrent, chacun prétendant ne pas être irrité d’être au bureau lors d’un jour qui était supposé être férié. Keira pouvait entendre leurs bavardages alors qu’ils essayaient de se surpasser les uns les autres dans leurs sacrifices.

      « Ma nièce participait à un tournoi de base-ball », dit Lisa. « Mais c’est beaucoup plus important. Elle a pleuré toutes les larmes de son corps quand j’ai dit que je partais, mais je sais qu’elle comprendra quand elle sera assez âgée et aura sa propre carrière. »

      Duncan ne devait pas être en reste. « J’ai dû laisser Stacy à l’aéroport. Je veux dire, nous pourrons visiter Madrid une autre fois, la ville n’ira nulle part. »

      « Je viens juste de quitter le lit de ma mère à l’hôpital », ajouta Victoria. « Ce n’est pas comme si elle était en état critique ou quoi que ce soit. Elle comprend que ma carrière passe en premier. »

      Keira gardait son sourire en coin pour elle-même. La culture d’entreprise chez Viatorum lui semblait complètement inutile. Elle aurait aimé que sa carrière puisse se développer par le dévouement, les compétences et le travail acharné, plutôt que par son habileté à briller en société près de la fontaine à eau. Cela ne voulait pas dire que Keira n’était pas concentrée sur sa carrière – c’était la chose la plus importante pour elle dans sa vie en ce moment, même si elle ne voulait pas l’avouer à Zachary – elle ne voulait tout simplement pas changer pour s’intégrer dans la culture du magazine. Elle avait souvent l’impression qu’elle attendait son heure, son moment pour briller.

      Une seconde plus tard, le téléphone de Keira vibra. Nina lui avait envoyé un de ses messages secrets.

      Je suppose que Joshua ne t’a pas préparée au fait qu’Elliot vienne pour cette réunion.

      Keira retint son exclamation de surprise. Bien que le PDG de Viatorum fût un million de fois plus agréable que Joshua, elle se sentait plus fiévreuse quand il était présent. Il détenait la clé de l’avenir de sa carrière. Il était celui qui avait le pouvoir d’embaucher et de licencier sur le champ, celui dont l’opinion importait vraiment. Joshua ne dirait jamais à Keira si elle avait fait du bon travail, ou si son écriture s’était améliorée, même si elle avait travaillé dur. Elliot, de l’autre côté, faisait des compliments quand ils étaient mérités, ce qui était rare, mais cela rendait leur obtention encore meilleure.

      Keira était sur le point de répondre à Nina quand elle entendit le bruit des pas rapides de Joshua approcher.

      « Qu’est-ce que c’est que cette merde, Keira ? », cria-t-il avant même d’avoir atteint sa table.

      Ses mots résonnèrent dans le bureau. Toutes les têtes se tournèrent pour observer la dernière offensive verbale, tout en étant simultanément heureux de ne pas être à l’autre bout et excitées à l’idée qu’un autre agneau sacrificiel satisfasse le besoin irrépressible que Joshua avait de faire feu.

      « Je suis désolée ? », demanda aimablement Keira, même si son cœur battait la chamade.

      « Cette merde à propos de l’Irlande ! Tout ça est inutile ! »

      Keira n’était pas sûre de savoir comment réagir. Elle savait qu’elle avait fait de bonnes recherches. Elle s’en était tenue aux demandes, avait présenté ses conclusions dans un document facile à utiliser, elle s’était surpassée. Joshua était juste de mauvaise humeur et passait ses nerfs sur elle. Plutôt, c’était un test pour voir comment elle réagirait à une attaque verbale en public.

      « Je peux faire d’autres recherches si vous le souhaitez », dit Keira.

      « Il n’y a pas le temps ! », cria Joshua. « Elliot sera là dans quinze minutes ! »

      « En fait », l’interrompit Nina, « sa voiture vient de se garer. » Elle se pencha sur sa chaise de bureau, contemplant la vue depuis la grande fenêtre.

      Joshua devint rouge vif. « Je ne trinquerais pas pour ça, Swanson », dit-il en désignant Keira. « Si Elliot est déçu, je lui dirai à qui revient la faute. »

      Il retourna d’un pas lourd dans son bureau cloisonné. Mais en chemin, une de ses richelieus en cuir verni atterrit sur une flaque de café qu’un de ses rédacteurs stressé et pressé avait renversé sur le sol carrelé, dans sa hâte de se mettre au travail.

      Il y eut un temps d’arrêt, pendant lequel Keira put sentir qu’un événement terrible était sur le point d’arriver. Puis ils commencèrent, les mouvements au ralenti et saccadés de Joshua. Son torse se contorsionna, comme dans une danse étrange, tandis qu’il essayait de garder son équilibre. Mais l’alliance des carreaux de granit et du macchiato était trop puissante pour être terrassée.

      Joshua perdit complètement son aplomb. Une jambe glissa vers l’avant tandis que l’autre se tordait bizarrement sous lui. Tout le monde poussa un cri quand il atterrit lourdement et bruyamment sur le sol dur. Un craquement retentit dans l’immense bureau, et résonna affreusement.

      « Ma jambe ! », cria Joshua en serrant son tibia à travers son pantalon bleu électrique. « Je me suis cassé la jambe ! »

      Tout le monde semblait paralysé. Keira courut vers lui, sans savoir quoi faire pour l’aider, mais certaine que se casser une jambe d’une telle manière devait être impossible.

      « Ce n’est pas cassé », balbutia-t-elle en essayant d’être rassurante. Mais c’était avant que son regard ne tombe sur l’angle anormal formé par la jambe de Joshua, sur la déchirure dans son pantalon à travers lequel elle vit l’os protubérant. La nausée la saisit. « En fait… »

      « Ne restez pas plantés là ! », cria Joshua. Il se roulait de douleur. Les yeux plissés, il jeta un regard à sa blessure. « Oh mon Dieu ! », cria-t-il. « J’ai déchiré mon pantalon ! Il m’a coûté plus que ce que vous gagnez en un mois ! »

      Juste à ce moment-là, les portes vitrées principales s’ouvrirent,