Pourtant, la femme était toujours là. Elle faisait ses exercices, visiblement peu pressée de s’en aller.
— Vous ne voulez pas rentrer chez vous ? demanda Judy.
La femme soupira.
— Vous savez, j’ai d’autres problèmes physiques. Il y a mon dos, par exemple. Ça empire avec l’âge. Mon médecin dit qu’il faudrait m’opérer, mais je ne suis pas sûre… Je pense qu’un peu de rééducation suffirait. Et vous êtes très douée.
— Merci, dit Judy. Vous savez, je ne travaille pas ici à plein temps. Je suis à mon compte, et c’est mon dernier jour. Si vous restez plus longtemps, je ne pourrai pas m’occuper de vous.
Le regard pensif d’Amanda surprit Judy. C’était la première qu’elle la regardait dans les yeux.
— Vous ne savez pas ce que c’est, dit Amanda.
— C’est-à-dire ? demanda Judy.
Amanda haussa les épaules, sans détourner le regard.
— D’être entourée de gens à qui vous ne pouvez pas faire confiance. Des gens qui ont l’air de vouloir vous aider, et c’est peut-être le cas, ou peut-être pas. Peut-être qu’ils veulent quelque chose. Des profiteurs. Il y en a beaucoup dans ma vie. Je n’ai pas de famille, et je ne sais pas qui sont mes amis. Je ne sais pas à qui je peux faire confiance.
Avec un sourire, Amanda ajouta :
— Vous comprenez ?
Judy n’en était pas sûre. Amanda parlait par énigmes.
Aurait-elle le béguin pour moi ? se demanda Judy.
Ce n’était pas impossible. Les gens pensaient souvent que Judy était gay. Cela l’amusait beaucoup, parce qu’elle n’y avait jamais vraiment réfléchi.
Peut-être que ce n’était pas ça du tout.
Peut-être qu’Amanda se sentait seule, et qu’elle commençait à apprécier Judy et à lui faire confiance.
Une seule chose était évidente. Amanda était émotionnellement instable, peut-être névrosée, certainement dépressive. Elle devait prendre beaucoup de médicaments différents. En y jetant un coup d’œil, Judy pourrait lui préparer un cocktail sur mesure. Elle avait déjà fait ça pour d’autres patients, et cela présentait certains avantages, surtout en ce moment. Elle pourrait éviter d’utiliser du thallium.
— Où habitez-vous ? demanda Judy.
Pendant un instant, Amanda lui adressa un regard étrange, comme si elle hésitait sur la réponse.
— Dans une péniche, dit-elle.
— Une péniche ? Vraiment ?
Amanda hocha la tête. La curiosité de Judy était piquée. Mais pourquoi avait-elle l’impression qu’Amanda ne lui disait pas la vérité – ou pas toute la vérité ?
— C’est drôle, dit Judy. J’habite à Seattle depuis longtemps. C’est vrai qu’il y a beaucoup de péniches, mais je n’en ai jamais visité une. C’est une aventure qui me plairait.
Le sourire d’Amanda s’élargit et elle ne répondit pas. Ce sourire énigmatique commençait à rendre Judy nerveuse. Amanda allait-elle l’inviter à visiter sa péniche ? Avait-elle seulement une péniche ?
— Vous faites des visites à la maison ? demanda Amanda.
— Parfois, mais…
— Mais quoi ?
— Eh bien, je ne suis pas censée faire ça pour vous. C’est le centre de rééducation qui m’emploie. J’ai signé un accord. Je ne démarche pas leurs patients.
Le sourire d’Amanda se fit malicieux.
— Oui, mais vous pourriez me rendre visite ? Passer quand vous aurez le temps. Visiter ma maison. On pourra discuter. Passer du temps ensemble… Et si je décidais de vous embaucher… ce serait différent, non ? Vous ne seriez pas en train de démarcher un patient du centre de rééducation.
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