Qui va à la chasse . Блейк Пирс. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Блейк Пирс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Серия: Une Enquête de Riley Paige
Жанр произведения: Современные детективы
Год издания: 0
isbn: 9781632919205
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vous êtes prête à retourner au travail, dit-il. S’il y a bien une affaire sur laquelle on a besoin de vous, c’est celle-ci.

      L’imagination de Riley marchait à plein régime. Elle attendit en silence qu’il s’explique.

      Enfin, Meredith dit :

      — Shane Hatcher s’est échappé de Sing Sing.

      Ses mots heurtèrent Riley de plein fouet. Heureusement, elle était assise.

      — Oh mon Dieu…, souffla Bill, visiblement sonné.

      Riley connaissait bien Shane Hatcher – un peu trop bien. Il avait été condamné à perpétuité, sans remise de peine. Pendant ses années de prison, il était devenu un expert en criminologie. Il avait publié des articles dans des magazines scientifiques et enseignait parfois des classes dans les programmes de formation de la prison. Riley lui avait parfois rendu visite pour lui demander conseil.

      Ces visites l’avaient profondément déroutée. Hatcher semblait s’être découvert des affinités avec elle. Et Riley devait admettre qu’au fond, il la fascinait. C’était sans doute l’homme le plus intelligent qu’elle ait jamais rencontré – et le plus dangereux.

      Elle s’était juré après chaque visite de ne pas retourner le voir. Elle se rappela leur dernière conversation :

      « Je ne reviendrai plus vous voir. », lui avait-elle dit.

      « Vous n’en aurez peut-être pas besoin. », avait-il répondu.

      Ces mots prenaient un tout autre sens.

      — Comment s’est-il évadé ? demanda Riley.

      — Je n’ai pas de détails, dit Meredith. Vous savez peut-être qu’il passe beaucoup de temps à la bibliothèque, et qu’il y a travaillé comme assistant. Hier, il était là quand une livraison de livres est arrivée. Il a dû filer avec le camion. Dans la nuit, les gardiens ont remarqué son absence. On a retrouvé le camion abandonné à quelques kilomètres d’Ossining. Aucun signe du conducteur.

      Meredith se tut. Riley imaginait sans peine comment Hatcher avait monté son plan d’évasion. Quant au conducteur, que lui était-il arrivé ?

      Meredith se pencha vers Riley.

      — Agent Paige, vous connaissez Hatcher mieux que quiconque. Que pouvez-vous nous dire sur lui ?

      Riley prit une grande inspiration.

      — Dans sa jeunesse, Hatcher faisait partie d’un gang de Syracuse. Il était particulièrement vicieux, même pour un criminel. On l’appelait « Shane la Chaîne » parce qu’il aimait battre ses rivaux à mort avec des chaînes.

      Riley se tut, le temps de se remémorer tout ce que Shane lui avait dit :

      — Un policier était à ses trousses. Il en avait fait une affaire personnelle. Hatcher l’a pulvérisé avec des chaînes à neige. Il a abandonné son corps sur le perron de sa maison pour que sa famille le retrouve là. C’est comme ça qu’il a été arrêté. Il est resté trente ans en prison. Il était censé ne plus jamais sortir.

      Un silence passa.

      — Il a cinquante-cinq ans maintenant, dit Meredith. Les années qu’il a passées en prison l’ont peut-être émoussé.

      Riley secoua la tête.

      — Non, vous vous trompez, dit-elle. Dans son gang, ce n’était qu’un gamin rebelle et ignorant. Il ne devinait même pas son potentiel. Au fil des années, il a acquis de grandes connaissances. Il sait qu’il est un génie. Et il n’a jamais montré de remords. Bien sûr, il a fini par apprendre les bonnes manières. Il se comporte bien – ça lui permet d’avoir des privilèges. Mais je suis certaine qu’il est aussi vicieux et dangereux qu’avant.

      Riley réfléchit quelques instants. Quelque chose clochait. Elle n’arrivait pas à mettre le doigt dessus.

      — Quelqu’un sait pourquoi ? demanda-t-elle.

      — Pourquoi quoi ? fit Bill.

      — Pourquoi il s’est évadé.

      Bill et Meredith échangèrent un regard d’incompréhension.

      — N’est-ce pas évident ? demanda Bill.

      Evidemment, sa question semblait étrange, mais Bill était venu une fois avec elle à Sing Sing.

      — Bill, tu l’as rencontré, dit-elle. Il t’a semblé agité ? Pas satisfait de sa condition ?

      Bill fronça les sourcils.

      — Non, en fait, il avait l’air…

      Il hésita :

      — Presque satisfait de son sort, non ? termina Riley. La prison lui convient bien. Je n’ai jamais eu l’impression que sa liberté lui manquait. Il a un côté zen. Il ne s’attache à rien. Il n’a envie de rien. La liberté n’a rien à lui offrir. Et maintenant, il est dehors. Il est recherché. Pourquoi ? Pourquoi maintenant ?

      Les doigts de Meredith tambourinèrent sur la table.

      — Comment s’est déroulée votre dernière visite ? demanda-t-il. Vous vous êtes séparés en bons termes ?

      Riley réprima un sourire amer.

      — On ne se sépare jamais en bons termes, dit-elle.

      Au bout d’un court silence, elle ajouta :

      — Je comprends ce que vous me dites. Vous pensez que je pourrais être sa cible.

      — C’est possible ? demanda Bill.

      Riley ne répondit pas. Elle se rappela, une fois encore, ce que lui avait dit Hatcher.

      « Vous n’en aurez peut-être pas besoin. »

      Etait-ce une menace bien déguisée ? Riley n’en savait rien.

      Meredith enchaîna :

      — Agent Paige, je n’ai pas besoin de vous dire que c’est une affaire difficile et de la plus haute importance. Ça va sortir dans les médias. Les évasions font toujours beaucoup de bruit. Elles provoquent parfois la panique. Peu importe ce qu’il veut, on doit l’arrêter. Je regrette d’interrompre vos congés pour un tel dossier. Vous êtes prête ? Vous pouvez le faire ?

      Un étrange picotement parcourut le corps de Riley. Elle avait rarement ressenti ça en acceptant une affaire. Elle eut besoin d’un instant pour comprendre que c’était de la peur, pure et simple.

      Elle n’avait pas peur pour sa sécurité. C’était autre chose. Quelque chose d’irrationnel. Peut-être était-ce le fait que Hatcher la connaissait si bien. Bien sûr, tous les prisonniers réclamaient quelque chose en échange d’une information utile, mais Hatcher n’avait jamais voulu de cigarettes ou de bouteilles de whisky. Il avait passé un marché très simple et particulièrement troublant avec Riley.

      Il voulait qu’elle lui révèle des secrets.

      « Quelque chose sur vous que vous voudriez cacher. »

      Riley avait obéi, avec un empressement coupable. Maintenant, Hatcher savait toutes sortes de choses sur elle – qu’elle était une mauvaise mère, qu’elle détestait son père et n’était pas allée à sa sépulture, qu’il y avait parfois une séduction entre elle et Bill, et qu’elle prenait parfois du plaisir dans la violence, tout comme Hatcher lui-même.

      Que lui avait-il dit la dernière fois ?

      « Je vous connais. D’une certaine manière, je vous connais mieux que vous ne vous connaissez vous-même. »

      Etait-elle assez intelligente pour l’arrêter ? Meredith attendait patiemment la réponse à sa question.

      — Aussi prête que possible, dit-elle en essayant de prendre l’air assuré.

      —