Ex-femme ? Définitivement, je ne le connaissais vraiment pas bien du tout. Elle se rappela néanmoins une de leurs conversations durant l’un de leurs longs trajets en voiture où il avait mentionné le fait d’avoir été marié.
« Oui, c’était vraiment un homme bien, » dit Mackenzie.
Elle eut envie de raconter à la femme les fois où Bryers l’avait guidée dans sa carrière ou lorsqu’il lui avait sauvé la vie, mais elle pensa qu’il devait y avoir une raison pour laquelle la femme avait gardé ses distances et n’avait pas rejoint les trois personnes rassemblées sous la bâche.
« Vous étiez proches ? » demanda l’ex-femme.
Je pensais que nous l’étions, pensa Mackenzie, en jetant un regard en direction de la tombe avec regret. Mais sa réponse fut plus courte. « Pas trop. »
Elle se détourna de la femme avec un sourire affligé et se dirigea vers sa voiture. Elle pensait à Bryers… à son sourire sec, à la manière dont il riait rarement mais lorsqu’il le faisait, c’était d’une manière presqu’explosive. Puis elle pensa à ce que deviendrait son boulot maintenant. Bien sûr, c’était égoïste mais elle ne pouvait pas s’empêcher de se demander comment son environnement de travail serait affecté maintenant que son partenaire, l’homme qui l’avait littéralement pris sous son aile, était mort. Allait-elle avoir un nouveau partenaire ? Est-ce que sa position allait changer et qu’elle allait se retrouver derrière un bureau ou dans un département à deux balles sans véritable but ?
Mon dieu, arrête de ne penser qu’à toi, pensa-t-elle.
La pluie battante continuait de s’abattre sur le parapluie. Le bruit était tellement assourdissant que Mackenzie faillit ne pas entendre son téléphone sonner dans la poche de sa veste.
Elle le sortit de sa poche alors qu’elle déverrouillait la portière de sa voiture, rangeait le parapluie et se mettait à l’abri à l’intérieur du véhicule.
« White à l’appareil. »
« White, c’est McGrath. Vous êtes à l’enterrement ? »
« J’en pars à l’instant, » dit-elle.
« Je suis vraiment désolé concernant Bryers. C’était un homme bien. Et aussi, un très bon agent. »
« Oui, en effet, » dit Mackenzie.
Mais lorsqu’elle regarda de nouveau en direction de la tombe à travers la pluie battante, elle sentit à nouveau qu’elle n’avait vraiment pas bien connu Bryers du tout.
« Je suis désolé d’interrompre, mais j’ai besoin de vous ici. Je vous attends dans mon bureau. »
Elle sentit son cœur battre plus fort. Ça avait l’air sérieux.
« Qu’est-ce qui se passe ? » demanda-t-elle.
Il fit une pause, comme s’il se demandait s’il allait répondre ou pas à cette question, puis finit par lui dire :
« Une nouvelle affaire. »
***
Quand elle arriva devant le bureau de McGrath, Mackenzie vit Lee Harrison assis dans la salle d’attente. C’était l’agent qui lui avait été assigné en tant que partenaire temporaire quand Bryers était tombé malade. Ils avaient appris à se connaître durant ces dernières semaines mais ils n’avaient pas encore vraiment eu l’occasion de travailler ensemble. Ça avait l’air d’être un bon agent – peut-être un peu trop prudent au goût de Mackenzie.
« Il t’a aussi appelé ? » demanda Mackenzie.
« Oui, » dit-il. « On dirait bien que nous allons travailler sur notre première affaire ensemble. J’ai préféré attendre que tu arrives avant de frapper à la porte. »
Mackenzie se demanda s’il avait fait ça par respect pour elle ou par peur de McGrath. D’une manière ou d’une autre, ça avait été une sage décision.
Elle frappa à la porte et entendit un bref « Entrez » venant de l’autre côté. Elle fit signe à Harrison et ils entrèrent ensemble dans la pièce. McGrath était assis derrière son bureau, occupé à taper quelque chose sur son ordinateur. Deux dossiers se trouvaient sur sa gauche, en attente d’être réclamés.
« Asseyez-vous, agents, » dit-il.
Mackenzie et Harrison s’assirent chacun sur l’une des chaises qui se trouvaient devant le bureau de McGrath. Mackenzie remarqua qu’Harrison se tenait droit et que ses yeux étaient écarquillés… pas vraiment de peur mais certainement remplis d’une sorte de tension nerveuse.
« Nous avons une affaire au fin fond de l’Iowa, » commença-t-il par dire. « Vu que c’est là où vous avez grandi, j’ai pensé que c’était une affaire pour vous, White. »
Elle s’éclaircit la gorge, d’un air embarrassé.
« J’ai grandi au Nebraska, monsieur, » corrigea-t-elle.
« Ça revient au même, non ? »
Elle hocha la tête. Ceux qui ne venaient pas du Midwest ne comprendraient jamais vraiment la différence.
L’Iowa, pensa-t-elle. Bien sûr, ce n’était pas le Nebraska, mais c’était assez proche et la simple idée de retourner dans le coin la mettait mal à l’aise. Elle savait qu’elle n’avait aucune raison d’avoir peur ; après tout, elle était parvenue jusqu’à Quantico et elle avait réussi à faire quelque chose de sa vie. Elle était parvenue à atteindre son rêve d’être agent du FBI. Alors pourquoi l’idée de retourner dans le coin pour s’occuper d’une affaire la mettait aussi rapidement mal à l’aise ?
Parce que tout ce qu’il y a de négatif dans ta vie se trouve là-bas, pensa-t-elle. Ton enfance, tes anciens collègues, les mystères entourant la mort de ton père…
« Il y a eu toute une série de disparitions, toutes des femmes, » continua McGrath. « Et pour l’instant, on dirait qu’elles sont directement enlevées sur le bord de la route sur des tronçons isolés. La dernière en date a été enlevée hier soir. Sa voiture a été retrouvée sur le bord de la route avec deux pneus crevés. Il y avait une quantité incroyable de morceaux de verre sur la chaussée, et la police locale pense donc qu’il s’agit là d’un acte criminel. »
Il fit glisser l’un des dossiers vers Mackenzie et elle y jeta un coup d’œil. Il y avait plusieurs photos de la voiture, et spécialement des pneus. Elle remarqua également que le tronçon de route était effectivement très isolé, entouré d’arbres des deux côtés. Une des photos montrait également le contenu de la voiture de la dernière victime. À l’intérieur il y avait un manteau, une petite boîte à outils boulonnée sur le côté et une caisse de livres.
« Des livres ? On sait pourquoi ? » demanda Mackenzie.
« La dernière victime était un auteur. Delores Manning. Google m’apprend qu’elle vient juste de publier son deuxième livre. Un de ces mauvais romans d’amour. Elle n’est en aucun cas un auteur à succès, donc on ne devrait pas avoir d’interférences de la part des médias… enfin, pas encore. La route a été barrée et des déviations établies par le département des transports de l’État. Alors White, je veux que vous sautiez dans un avion aussi vite que possible et que vous vous rendiez sur place. Coin paumé ou pas, l’État ne souhaite manifestement pas bloquer la route pendant très longtemps. »
McGrath tourna ensuite son attention vers Harrison.
« Agent Harrison, je veux que vous compreniez que l’agent White a des liens avec le Midwest, alors sa participation allait de soi. Et bien que je vous aie assigné pour être son partenaire, je veux que vous restiez ici pour cette affaire. Je veux que vous restiez au siège afin de travailler en coulisse. Si l’agent White appelle pour une demande de recherche, je veux que vous y travailliez. Et pas seulement ça mais