« C’est une bonne idée, » dit Bryers sur un ton amusé. « C’est aussi une idée que les gars de la police scientifique ont eue mais que j’ai ignorée. Mais oui, tu as raison. Il a certainement dû arrêter sa voiture devant la barrière. Alors l’idée serait de trouver des traces de pneus qui arrivent jusqu’à la barrière, s’arrêtent et font demi-tour, et ça pourrait être notre homme. »
« Ça se pourrait, » dit Mackenzie.
« Ton cheminement est correct mais il n’offre aucune nouvelle piste. Tu as autre chose à proposer ? »
Il n’était ni dédaigneux, ni condescendant. Elle le savait à travers le ton de sa voix. Il essayait juste de l’encourager et de la motiver à continuer à réfléchir.
« On sait combien de véhicules passent par ici chaque jour ? »
« Environ onze cents par jour, » dit Bryers. « Mais si on parvient à obtenir des traces qui s’approchent de la barrière, puis s’arrêtent… »
« Ce serait un début. »
« C’est l’idée, » dit Bryers. « Une équipe y travaille depuis hier après-midi mais nous n’avons encore obtenu aucune piste. »
« Je peux y jeter un coup d’œil si vous voulez, » dit Mackenzie.
« Si tu veux, » dit Bryers. « Mais tu travailles pour le FBI maintenant, mademoiselle White. Ne te surcharge pas de travail s’il y a un autre département qui peut faire le boulot mieux que toi. »
Mackenzie se retourna pour regarder la benne à ordures en essayant de distinguer les déchets qu’elle contenait. Une jeune femme y avait été retrouvée récemment, le corps nu et couvert de bleus. Elle avait été jetée au même endroit où les gens jettent leurs ordures, les choses dont ils n’ont plus besoin. Peut-être que le tueur pensait que les femmes qu’il avait tuées ne valaient pas mieux que des ordures ménagères.
Elle aurait aimé être présente au moment où Bryers et son partenaire à la retraite, étaient arrivés sur le site. Elle aurait peut-être eu davantage d’idées. Peut-être qu’elle aurait pu mieux aider Bryers à trouver un potentiel suspect. Mais pour l’instant, elle avait au moins fait rapidement ses preuves avec son idée concernant les traces de pneus.
Elle se retourna vers lui et vit qu’il restait là à ne rien faire, en regardant en direction de la barrière. Il était clair qu’il lui laissait du temps pour traiter les informations. Elle lui en était reconnaissante mais ça lui rappelait aussi à nouveau combien elle n’était qu’une débutante.
Elle s’avança vers la clôture grillagée qui entourait la décharge. Elle commença son inspection à la barrière, par laquelle les véhicules entraient sur le site, et continua sur la gauche. Elle examina le bas de la clôture durant un instant, avant qu’une autre idée lui vienne en tête.
Il a sûrement dû escalader la clôture, pensa-t-elle.
Elle commença à examiner la clôture de près. Elle n’était pas sûre de savoir ce qu’elle cherchait vraiment. Peut-être de la boue ou des fibres sur le grillage. Tout ce qu’elle pourrait y trouver serait probablement peu de chose mais ce serait quelque chose.
En moins de deux minutes, elle trouva quelque chose d’intéressant. C’était tellement minuscule qu’elle avait failli passer complètement à côté. Mais quand elle s’en approcha, elle se rendit compte que ça pouvait être beaucoup plus utile que ce qu’elle n’avait pensé.
À environ un mètre cinquante du sol et à deux mètres à gauche de la barrière d’entrée, un bout de tissu blanc pendait accroché à l’un des losanges de la clôture. Le tissu en soi ne leur apprendrait probablement pas grand-chose mais il pourrait peut-être leur permettre de relever d’éventuelles empreintes digitales.
« Agent Bryers ? » dit-elle.
Il se dirigea lentement vers elle, comme s’il s’attendait à ne pas voir grand-chose. Alors qu’il s’approchait, elle l’entendit émettre un grognement au moment où il vit le morceau de tissu.
« Beau boulot, mademoiselle White, » dit-il.
« S’il te plaît, appelle-moi juste Mackenzie, » dit-elle. « Ou Mac, si tu t’en sens le courage. »
« Qu’est-ce que tu en penses ? » demanda-t-il.
« Ce n’est peut-être rien. Ou peut-être que c’est un bout de tissu provenant du vêtement d’une personne ayant récemment escaladé la clôture. Le tissu en lui-même ne nous apprendra probablement pas grand-chose, mais c’est un bon point de départ pour relever des éventuelles empreintes digitales. »
« Dans le coffre de la voiture, il y a une petite trousse pour relever les preuves. Peux-tu aller la chercher pendant que je fais un rapport là-dessus ? »
« Bien sûr, » dit-elle en se dirigeant vers la voiture.
Quand elle revint vers lui, il terminait déjà son appel téléphonique. Avec Bryers, tout était rapide et efficace. C’était une des choses qu’elle commençait à vraiment apprécier à son sujet.
« OK, Mac, » dit-il. « Maintenant, on peut passer à l’étape suivante, celle que tu avais mentionnée précédemment. Le mari de la victime vit à vingt minutes d’ici. Tu es prête pour une visite ? »
« Oui, » dit Mackenzie.
Ils retournèrent vers la voiture et sortirent de la décharge qui était toujours fermée au public. Au-dessus d’eux, quelques charognards remplissaient consciencieusement leurs fonctions, observant le drame qui se déroulait sous eux d’un œil indifférent.
***
Caleb Kellerman recevait déjà la visite de deux policiers quand Mackenzie et Bryers arrivèrent chez lui. Il vivait dans la banlieue de Georgetown, dans une mignonne petite maison à un étage, idéale pour un jeune couple commençant leur vie en commun. En pensant que les Kellerman n’avaient été mariés qu’un peu plus d’un an avant que la jeune femme ne soit assassinée, Mackenzie ressentit beaucoup de tristesse pour le mari mais également de la colère concernant ce qui s’était passé.
Une maison pour débuter une vie en commun et qui n’a jamais eu l’occasion d’évoluer vers autre chose, pensa Mackenzie alors qu’ils pénétraient dans la maison. Comme c’est triste !
Une fois passé le seuil, ils entrèrent dans un petit vestibule qui s’ouvrait directement sur le salon. Mackenzie reconnut ce sentiment de solitude et de silence qui envahissait la plupart des maisons après un décès. Elle espérait finir par s’y habituer, mais elle en doutait.
Bryers se présenta aux policiers à l’extérieur du vestibule et les deux hommes en uniforme eurent l’air soulagés quand il leur demanda de céder leur place. Quand ils furent partis, Bryers et Mackenzie entrèrent dans le salon. Mackenzie fut surprise de constater que Caleb Kellerman avait l’air incroyablement jeune. On aurait dit qu’il n’avait que dix-huit ans avec son aspect bien rasé, son t-shirt Five Finger Death Punch et son short trop large. Mackenzie parvint rapidement à passer au-dessus et se concentra plutôt sur la douleur indescriptible qui se lisait sur le visage du jeune homme.
Il leva les yeux vers eux, en attendant qu’ils prennent la parole. Mackenzie remarqua que Bryers l’encourageait à prendre les devants, en faisant un signe subtil de la tête en direction de Caleb Kellerman. Elle s’avança, terrifiée et flattée à la fois qu’il lui laisse une telle responsabilité. Soit Bryers avait une haute opinion