La Marche Des Rois . Морган Райс. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Морган Райс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Серия: L'anneau Du Sorcier
Жанр произведения: Героическая фантастика
Год издания: 0
isbn: 9781632913180
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Cependant, tout devint flou et, quelques moments plus tard, la pièce se mit à tourner.

      Thor était en train de s'évanouir, de s'effondrer lourdement sur le sol en pierre.

      CHAPITRE SIX

      Une rafale de vent frappa Gareth au visage et il leva les yeux vers la lumière pâle du lever du premier soleil en retenant ses larmes. Le jour se levait tout juste, et pourtant, à cet endroit lointain, sur le bord des Falaises Kolviennes, des centaines de membres de la famille du roi, d'amis et de proches sujets royaux étaient déjà assemblés et se rapprochaient en espérant prendre part aux funérailles. Juste derrière eux, retenues par une armée de soldats, Gareth voyait affluer les masses, des milliers de gens qui regardaient le service funèbre de loin. Le chagrin qu'ils affichaient était sincère. Son père était aimé, c'était certain.

      Gareth se tenait avec le reste de la famille proche. Ils formaient un demi-cercle autour du corps de son père, qui reposait suspendu sur des planches au dessus d'une fosse creusée dans la terre et entourée de cordes, prêt à être inhumé. Argon se tenait devant la foule, portant les robes écarlate foncé qu'il ne mettait qu'aux funérailles. Alors qu'il regardait le corps du Roi, le visage obscurci par son capuchon, son expression restait impénétrable. Gareth essayait désespérément d'analyser ce visage, de déchiffrer ce qu'Argon savait. Est-ce qu'Argon savait qu'il avait assassiné son père ? Et s'il le savait, allait-il le dire aux autres ou laisser la destinée poursuivre son cours ?

      Gareth n'avait pas eu de chance. Ce garçon agaçant, Thor, avait été innocenté; évidemment, il ne pouvait pas avoir poignardé le roi pendant qu'il était au cachot. Sans compter que son père lui-même avait dit à tous les autres que Thor était innocent, ce qui ne faisait qu'aggraver la situation pour Gareth. On avait déjà créé un conseil pour enquêter sur la question, pour examiner tous les détails de son meurtre avec minutie. Le cœur de Gareth battait la chamade pendant qu'il se tenait là avec les autres, en train de regarder le corps qu'on allait inhumer; il aurait voulu l'accompagner sous terre.

      Ce n'était qu'une affaire de temps. Les pistes mèneraient à Firth et, à ce moment-là, Gareth tomberait avec lui. Il serait obligé d'agir vite pour détourner l'attention en rejetant la faute sur quelqu'un d'autre. Gareth se demanda si ceux qui l'entouraient le soupçonnaient. Ce n'était sans doute que de la paranoïa et, alors qu'il inspectait les visages, il n'en vit aucun le regarder. Ses frères, Reece, Godfrey et Kendrick, étaient là avec sa sœur Gwendolyn et sa mère qui, le visage ravagé par le chagrin, avait l'air catatonique; depuis la mort du Roi, elle avait vraiment été une autre personne, à peine capable de parler. Il avait entendu dire que, quand elle avait reçu la nouvelle, quelque chose s'était produit en elle, une sorte de paralysie. La moitié de son visage était figée; quand elle ouvrait la bouche, les mots sortaient trop lentement.

      Gareth examina les visages du conseil du Roi qui se tenait derrière elle. Son général en chef, Brom, et le chef de la Légion, Kolk, se tenaient devant, et derrière eux se tenaient les innombrables conseillers de son père. Ils feignaient tous le chagrin, mais Gareth savait qu'il n'en était rien. Il savait que tous ces gens, tous les membres du conseil, les conseillers et les généraux, et tous les nobles et les seigneurs derrière eux, ne se souciaient guère de la mort du roi. Il voyait l'ambition sur leurs visages. La soif de pouvoir. Alors que chacun d'entre eux regardait fixement le corps du roi, il sentait que chacun d'entre eux se demandait qui pourrait être le prochain détenteur du trône.

      C'était la chose même à laquelle Gareth pensait. Que se passerait-il à la suite d'un assassinat aussi chaotique ? Si tout avait été pur et simple, et qu'on avait rejeté la faute sur quelqu'un d'autre, alors, le plan de Gareth aurait été une réussite et le trône lui aurait échu. Après tout, il était le fils aîné et légitime. Son père avait cédé le pouvoir à Gwendolyn, mais seuls ses frères et sœurs avaient assisté à cette réunion et les souhaits du roi n'avaient jamais été ratifiés. Gareth connaissait le conseil et savait qu'ils prenaient la loi très au sérieux. Sans ratification, sa sœur ne pourrait pas régner.

      Ce qui, une fois de plus, menait à lui. Si les procédures normales suivaient leur cours, et Gareth était résolu à s'assurer qu'elles le fassent, alors, le trône lui reviendrait forcément. C'était la loi.

      Il était sûr que ses frères et sœurs essaieraient de l'en empêcher. Ils se souviendraient de leur réunion avec leur père et insisteraient probablement pour que Gwendolyn règne. Kendrick n'essaierait pas de prendre le pouvoir pour lui-même : il avait le cœur trop pur. Godfrey n'était pas intéressé. Reece était trop jeune. Gwendolyn était sa seule véritable menace. Cependant, Gareth était optimiste : il ne pensait pas que le conseil soit prêt à accepter qu'une femme, et encore moins une adolescente, règne sur l'Anneau. Et sans ratification du roi, ils avaient l'excuse idéale pour lui refuser le pouvoir.

      Pour Gareth, la seule vraie menace qui restait était Kendrick. Après tout, Gareth était, lui, détesté par tout le monde alors que Kendrick était aimé par les roturiers et par les soldats. Vu les circonstances, il y avait toujours le risque que le conseil confie le trône à Kendrick. Plus vite Gareth prendrait le pouvoir, plus vite il pourrait utiliser ses pouvoirs pour réduire Kendrick à néant.

      Gareth sentit qu'on tirait sur sa main. Il regarda vers le bas et vit la corde nouée lui brûler la paume. Il se rendit compte qu'ils avaient commencé à descendre le cercueil de son père; il regarda et vit ses autres frères et sœurs, chacun tenant une corde comme lui, le descendre lentement. L'extrémité de Gareth pencha car il avait laissé filer la corde trop tard. Il tendit le bras et saisit la corde de l'autre main jusqu'à ce que, finalement, le cercueil se retrouve parallèle au fond de la fosse. Quelle ironie : même dans la mort, il n'arrivait pas à satisfaire son père.

      Des cloches lointaines sonnèrent depuis le château. Argon s'avança et leva la main.

      “Itso ominus domi ko resepia…”

      La langue perdue de l'Anneau, la langue royale, utilisée par ses ancêtres depuis mille ans. C'était une langue que les tuteurs avaient forcé Gareth à apprendre quand il n'était qu'un garçon, et une langue dont il aurait besoin quand il exercerait ses pouvoirs royaux.

      Argon s'arrêta soudain, leva les yeux et regarda fixement Gareth. Gareth se sentit traversé par un frisson : les yeux translucides d'Argon semblaient lire en lui comme dans un livre ouvert. Gareth rougit, se demanda si tout le royaume regardait et si certaines personnes savaient ce que cela signifiait. Par ce regard fixe, Gareth sentait qu'Argon savait qu'il était impliqué dans le meurtre. Et pourtant, Argon était un être mystérieux qui refusait toujours de s'impliquer dans les méandres de la destinée humaine. Garderait-il le silence ?

      “Le Roi MacGil était un bon roi, un roi honnête”, dit lentement Argon, d'une voix grave et et surnaturelle.

      “A ses ancêtres, il a apporté fierté et honneur et, à ce royaume, une richesse et une paix telles que nous n'en avions jamais connues. Sa vie a été prise prématurément, comme Dieu le voulait. Cependant, il a laissé un héritage profond et riche. Maintenant, il nous incombe de réaliser cet héritage.”

      Argon s'interrompit.

      “De tous côtés, notre royaume de l'Anneau est entouré de menaces graves et inquiétantes. Au-delà de notre Canyon, qui n'est protégé que par notre champ de force, s'étend une nation de sauvages et de créatures qui veulent nous détruire. Au sein de notre Anneau, de l'autre côté de nos Highlands, se trouve un clan qui nous veut du mal. Nous vivons dans une prospérité et une paix sans pareille mais notre sécurité est transitoire.

      “Pourquoi les dieux nous retirent-ils un roi qui était dans la fleur de l'âge, un bon roi sage et honnête ? Pourquoi était-ce sa destinée d'être assassiné comme ça ? Nous ne sommes tous que des pions, des marionnettes dans les mains du destin. Même au sommet de notre pouvoir, nous pouvons finir sous terre. La question qu'il nous faut affronter n'est pas ce que nous essayons d'obtenir mais qui nous essayons d'être.”

      Argon baissa la tête et Gareth sentit ses paumes le brûler quand ils descendirent le cercueil jusqu'au fond; il toucha finalement le sol avec un bruit sourd.

      “NON