Peu de temps après s’être installé à Jérusalem-Ouest et avoir créé son propre cabinet juridique – suite à sa brève expérience de la société en Afrique du sud – Goldman s’était joint à la Ville Sainte maçonnique anglophone. La franc-maçonnerie et le judaïsme avaient longtemps partagé une fixation du Temple de Salomon avec la tradition maçonnique alléguant que le légendaire Hiram Abiff (appelé Hiram dans la Bible), architecte et maître artificier, était un personnage allégorique avec un rôle proéminent dans une pièce secrètement jouée pendant les cérémonies d’initiation au Troisième degré de la franc-maçonnerie.
« Le roi Salomon fit venir de Tyr Hiram, fils d’une veuve de la tribu de Nephthali, et d’un père Tyrien, qui travaillait sur l’airain. Hiram était rempli de sagesse, d’intelligence, et des savoir pour faire toutes sortes d’ouvrages d’airain. Il arriva auprès du roi Salomon, et il exécuta tous ses ouvrages… »
Rois I 7 :13-14
Dans le drame maçonnique, Abiff fut assassiné lors d’une visite au Temple par trois confrères artisans mécontents et envieux à qui Abiff avait refusé d’élever au rang de Maître en leur donnant le mot de passe du Maître Maçon. La restauration subséquente d’Abiff fut conforme à l’histoire séculaire basée sur la légende de l’ancien dieu égyptien, Osiris, qui après avoir été assassiné par son frère ambitieux et jaloux, fut ressuscité par sa femme, Isis, qui après diverses aventures dangereuses avait donné alors par ‘naissance virginale’ à un fils Horus qui par la suite devait venger le meurtre de son père. Par conséquent, le concept de ‘naissance virginale’ était devenu un élément essentiel pour la création d’être divins et Isis elle-même devint la personnification de cette grande capacité féminine à concevoir et à donner naissance à une vie nouvelle. Des dessins et des sculptures représentant Isis allaitant son enfant sont devenus le modèle de la Vierge chrétienne et de l’enfant, et de nombreuses qualités attribuées à l’origine à Isis furent transférées à la Mère du Christ. Afin de supplanter les divinités païennes populaires, les prêtres de l’église chrétienne devaient s’assurer que leurs propres idoles chrétiennes fabriquées par l’homme aient des caractéristiques similaires à celles des divinités païennes dans l’intention de les remplacer.
Cette trinité d’Osiris, Isis et Horus – qui en dépit d’être une fiction de l’imagination créatrice humaine – est également devenue le prototype obligatoire d’autres dieux créés par l’homme. La représentation d’un homme éminent ou d’une divinité faisant partie d’une trinité, périssant d’abord en tant que victime d’une mauvaise action pour ressusciter avec une plus grande gloire, était devenue un sujet courant représenté dans les traditions et les rituels cultes, les organisations secrètes fraternelles et les diverses religions y compris la trinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Il n’est donc pas surprenant qu’après avoir pris sa retraite de son cabinet d’avocat en 2004, Goldman ait gardé contact avec les représentants du gouvernement, dont beaucoup étaient des confidents et conseillers politiques. En raison de son influence en Afrique du sud, de son appartenance maçonnique et de son dévouement au rêve d’un troisième temple du judaïsme, Goldman fut le cofondateur de la Confrérie Hiramique du Troisième Temple, dont les membres étaient obligés de prononcer les vœux solennels de travailler sans relâche pour la réalisation d’un rêve basé sur un passé peu convaincant.
Silwan, Jérusalem-Est occupée
Le sol du salon était couvert de vieux tapis. Une vieille armoire en bois à plusieurs tiroirs était placée contre l’un des murs. Le grand panier de broderie de Miriam Hadawi était posé sur une table basse usée et tachée. Le reste de l’ameublement de la pièce se composait de deux chaises pliantes rembourrées qui avaient connu de jours meilleurs, une petite bibliothèque contenant une bible en lambeaux, des petites statues religieuses, quelques ouvrages de référence écornés et quelques livres pour enfants en anglais que Sami Hadawi encourageait ses enfants à apprendre. Six cadres de photos étaient accrochés aux murs. Un vieux canapé-lit pour les enfants était niché dans un coin de la pièce. Comme tous les matins, Sami Hadawi, son épouse et ses deux enfants s’asseyaient autour de la table leurs têtes inclinées pendant que Sami remerciait Dieu pour le petit-déjeuner – composé généralement de pain pitta légèrement beurré de houmous fait-maison – que Sami et son épouse savaient être la nourriture adéquate pour des enfants en pleine croissance qu’ils avaient beaucoup de chance d’avoir. Selon les Fonds internationaux des Nations Unies pour le secours de l’enfance (UNICEF), de nombreux enfants palestiniens étaient anémiques à des taux élevés dû à une alimentation déficiente en protéines. C’était la conséquence des difficultés à obtenir ou pouvoir s’offrir des aliments protéiques, tels que du poulet, du poisson, de la viande et des légumes riches en nutriments, dont près de la moitié des enfants palestiniens en étaient privés.
Ses moyens financiers étant limités ainsi que ses opportunités de trouver un emploi, Sami n’avait pas les moyens d’offrir à ses enfants tout ce qu’il aurait aimé leur offrir. Il avait donc tendance à compenser ce manque en les bombardant de sa nature aimable et de son grand amour. Il avait passé sa vie entière dans le quartier palestinien de Silwan à Jérusalem-Est, qui après la guerre de 1948 était tombé sous l’occupation jordanienne jusqu’en 1967 lorsque Jérusalem-Est fut envahie par l’occupation israélienne et l’est toujours. Le géographe arabe médiéval Al-Muqaddassi (vers 945/946 – 991), après une excellente éducation et un pèlerinage à la Mecque, avait décidé d’étudier la géographie. Il voyagea dans tous les pays islamiques de l’époque pendant plus de vingt ans et donna le nom de Silwan, ‘Sulwan’ où on raconte qu’à la nuit sainte islamique d’Arafah, l’eau du puits saint Zamzam à la Mecque avait jailli de dessous la terre de la source d’eau de Siloam.
Depuis, le gouvernement israélien avait divisé en zones ‘espaces verts ouverts’ presque toutes les terres non-construites de Jérusalem-Est palestinienne après l’invasion de 1967 et avait interdit aux palestiniens de vivre à Jérusalem-Ouest juive, où par manque d’espace s’était approprié ou avait démoli les maisons palestiniennes pour reccueillir les colons juifs. Cette politique de déplacement des palestiniens – malgré la Quatrième convention de Genève stipulant que « la puissance occupante ne doit pas déporter ou transférer des parties de sa propre population sur les territoires qu’elle occupe » – a été décrite dans le livre Seperate and Unequal : The Inside Story of Israeli Rule in East Jerusalem (Séparé et inégal : les dessous de l’histoire de la domination israélienne à Jérusalem-Est) d’Amir Cheshin, conseiller pour les Affaires arabes et ancien architecte de la politique après 1967.
‘… les dirigeants israéliens ont adopté deux principes de base dans leur domination de Jérusalem-Est. La première était d’augmenter rapidement la population juive à Jérusalem-Est. La seconde était d’entraver la croissance de la population arabe et de forcer les résidents arabes à s’établir ailleurs. C’est une politique qui s’est traduite par une vie misérable pour la majorité des arabes de Jérusalem-Est… Israël a transformé l’urbanisme en un outil gouvernemental pour aider à prévenir l’expansion de la population non-juive dans la ville. C’était une politique impitoyable, ne serait-ce que le fait que les besoins (sans parler des droits) des résidents palestiniens étaient ignorés. Israël considérait l’adoption des plans de zones strictes comme un moyen de limiter le nombre des nouvelles maisons construites dans les quartiers arabes, et par conséquent de s’assurer que le pourcentage de la population arabe dans la ville – 28,8 en 1967 – ne dépasse pas ce taux. Autoriser ‘trop’ de nouvelles maisons dans les quartiers arabes signifierait