Les contemplations. Autrefois, 1830-1843. Victor Hugo. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Victor Hugo
Издательство: Public Domain
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Жанр произведения: Зарубежная классика
Год издания: 0
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pluriel met une S à leurs meâs culpâs,

      Les boucs mystérieux, en les voyant s'indignent,

      Et, quand on dit: «Amour!» terre et cieux! ils se signent.

      Leur vieux viscère mort insulte au coeur naissant.

      Ils le prennent de haut avec l'adolescent,

      Et ne tolèrent pas le jour entrant dans l'âme

      Sous la forme pensée ou sous la forme femme.

      Quand la muse apparaît, ces hurleurs de holà

      Disent: «Qu'est-ce que c'est que cette folle-là?»

      Et, devant ses beautés, de ses rayons accrues,

      Ils reprennent: «Couleurs dures, nuances crues;

      Vapeurs, illusions, rêves; et quel travers

      Avez-vous de fourrer l'arc-en-ciel dans vos vers?»

      Ils raillent les enfants, ils raillent les poëtes;

      Ils font aux rossignols leurs gros yeux de chouettes:

      L'enfant est l'ignorant, ils sont l'ignorantin;

      Ils raturent l'esprit, la splendeur, le matin;

      Ils sarclent l'idéal ainsi qu'un barbarisme,

      Et ces culs de bouteille ont le dédain du prisme.

      Ainsi l'on m'entendait dans ma geôle crier.

      Le monologue avait le temps de varier.

      Et je m'exaspérais, faisant la faute énorme,

      Ayant raison au fond, d'avoir tort dans la forme.

      Après l'abbé Tuet, je maudissais Bezout;

      Car, outre les pensums où l'esprit se dissout,

      J'étais alors en proie à la mathématique.

      Temps sombre! enfant ému du frisson poétique,

      Pauvre oiseau qui heurtais du crâne mes barreaux,

      On me livrait tout vif aux chiffres, noirs bourreaux;

      On me faisait de force ingurgiter l'algèbre;

      On me liait au fond d'un Boisbertrand funèbre;

      On me tordait, depuis les ailes jusqu'au bec.

      Sur l'affreux chevalet des X et des Y;

      Hélas! on me fourrait sous les os maxillaires

      Le théorème orné de tous ses corollaires;

      Et je me débattais, lugubre patient

      Du diviseur prêtant main-forte au quotient.

      De là mes cris.

·

      Un jour, quand l'homme sera sage,

      Lorsqu'on n'instruira plus les oiseaux par la cage,

      Quand les sociétés difformes sentiront

      Dans l'enfant mieux compris se redresser leur front,

      Que, des libres essors ayant sondé les règles,

      On connaîtra la loi de croissance des aigles,

      Et que le plein midi rayonnera pour tous,

      Savoir étant sublime, apprendre sera doux.

      Alors, tout en laissant au sommet des études

      Les grands livres latins et grecs, ces solitudes

      Où l'éclair gronde, où luit la mer, où l'astre rit,

      Et qu'emplissent les vents immenses de l'esprit,

      C'est en les pénétrant d'explication tendre,

      En les faisant aimer, qu'on les fera comprendre.

      Homère emportera dans son vaste reflux

      L'écolier ébloui; l'enfant ne sera plus

      Une bête de somme attelée à Virgile;

      Et l'on ne verra plus ce vif esprit agile

      Devenir, sous le fouet d'un cuistre ou d'un abbé,

      Le lourd cheval poussif du pensum embourbé.

      Chaque village aura, dans un temple rustique,

      Dans la lumière, au lieu du magister antique,

      Trop noir pour que jamais le jour y pénétrât,

      L'instituteur lucide et grave, magistrat

      Du progrès, médecin de l'ignorance, et prêtre

      De l'idée; et dans l'ombre on verra disparaître

      L'éternel écolier et l'éternel pédant.

      L'aube vient en chantant, et non pas en grondant.

      Nos fils riront de nous dans cette blanche sphère;

      Ils se demanderont ce que nous pouvions faire

      Enseigner au moineau par le hibou hagard.

      Alors, le jeune esprit et le jeune regard

      Se lèveront avec une clarté sereine

      Vers la science auguste, aimable et souveraine;

      Alors, plus de grimoire obscur, fade, étouffant;

      Le maître, doux apôtre incliné sur l'enfant,

      Fera, lui versant Dieu, l'azur et l'harmonie,

      Boire la petite âme à la coupe infinie.

      Alors, tout sera vrai, lois, dogmes, droits, devoirs.

      Tu laisseras passer dans tes jambages noirs

      Une pure lueur, de jour en jour moins sombre,

      O nature, alphabet des grandes lettres d'ombre!

Paris, mai 1831.

      XIV

      A GRANVILLE, EN 1836

      Voie juin. Le moineau raille

      Dans les champs les amoureux;

      Le rossignol de muraille

      Chante dans son nid pierreux.

      Les herbes et les branchages,

      Pleins de soupirs et d'abois,

      Font de charmants rabâchages

      Dans la profondeur des bois.

      La grive et la tourterelle

      Prolongent, dans les nids sourds,

      La ravissante querelle

      Des baisers et des amours.

      Sous les treilles de la plaine,

      Dans l'antre où verdit l'osier,

      Virgile enivre Silène,

      Et Rabelais Grandgousier.

      O Virgile, verse à boire!

      Verse à boire, ô Rabelais!

      La forêt est une gloire;

      La caverne est un palais!

      Il n'est pas de lac ni d'île

      Qui ne nous prenne au gluau,

      Qui n'improvise une idylle,

      Ou qui ne chante un duo.

      Car l'amour chasse aux bocages,

      Et l'amour pêche aux ruisseaux,

      Car les belles sont les cages

      Dont nos coeurs sont les oiseaux.

      De la source, sa cuvette,

      La fleur, faisant son miroir,

      Dit: «Bonjour,» à la fauvette,

      Et dit au hibou: «Bonsoir.»

      Le toit espère la gerbe,

      Pain d'abord