EXETER. – Je t'arrête pour crime de haute trahison, sous le nom de Richard, comte de Cambridge. Je t'arrête pour crime de haute trahison, sous le nom de Henri, lord Scroop de Marsham. Je t'arrête pour crime de haute trahison, sous le nom de Thomas Grey, chevalier de Northumberland.
SCROOP. – C'est avec justice que Dieu a dévoilé nos desseins. Je suis moins affligé de ma mort que de ma faute, et je conjure Votre Majesté de me la pardonner encore, quoique je la paye de ma vie.
CAMBRIDGE. – Pour moi… ce n'est pas l'or de la France qui m'a séduit, quoique je l'aie accepté comme un motif apparent, pour hâter l'exécution de mes desseins: mais je rends grâces au ciel qui les a prévenus, et c'est pour moi un sentiment de joie sincère, qui me consolera au milieu même de mon supplice. Je prie Dieu et vous, mon roi, de me pardonner.
GREY. – Jamais sujet fidèle ne vit avec plus d'allégresse la découverte d'une trahison dangereuse, que je n'en ressens moi-même en cet instant, en me voyant préservé d'un attentat exécrable. Mon souverain, pardonnez-moi ma faute 11 sans épargner ma vie.
LE ROI. – Que Dieu vous pardonne dans sa miséricorde! Écoutez votre arrêt. Vous avez conspiré contre notre royale personne, vous vous êtes ligués avec un ennemi déclaré, et vous avez reçu l'or de ses coffres pour salaire de notre mort; et par ce crime, vous consentiez à vendre votre roi au meurtre, ses princes et ses pairs à la servitude, ses sujets à l'oppression et au mépris, et tout son royaume à la dévastation. Quant à notre personne nous ne demandons point de vengeance, mais c'est un devoir pour nous de songer à la sûreté de notre royaume, dont vous avez tous trois cherché la ruine, et nous sommes forcé de vous livrer à ses lois. Sortez de ces lieux, coupables et malheureuses victimes, et allez à la mort. Dieu veuille, dans sa clémence, vous accorder la force d'en subir l'amertume avec patience, et le repentir sincère de votre énorme forfait! Qu'on les emmène. (On les entraîne.) Maintenant, lords, en France! Cette entreprise vous promet, comme à nous, une gloire éclatante. Nous ne doutons plus de l'heureux succès de cette guerre. Puisque Dieu a daigné, dans sa bonté, mettre en lumière cette fatale trahison, qui s'était cachée sur notre route, pour nous arrêter à l'entrée de notre carrière, nous devons croire à présent que tous les obstacles s'aplaniront devant nous. Ainsi en avant chers compatriotes: remettons nos forces entre les mains du Tout-Puissant, et ne différons plus l'expédition. Allons gaiement à bord: que les étendards de la guerre se déploient et s'avancent. Plus de roi d'Angleterre, s'il n'est pas aussi roi de France!
SCÈNE III
L'HÔTESSE, à Pistol. – Je t'en prie, mon coeur, mon cher petit mari, souffre que je te ramène à Staines.
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