au large, dans ces horizons solitaires, le calme et la limpidité du soir. Puis, soit de l’aérodrome, soit de quelque musée, de quelque église que nous étions allés visiter, nous revenions ensemble pour l’heure du dîner. Et, pourtant, je ne rentrais pas calmé comme je l’étais à Balbec par de plus rares promenades que je m’enorgueillissais de voir durer tout un après-midi et que je contemplais ensuite se détachant en beaux massifs de fleurs sur le reste de la vie d’Albertine, comme sur un ciel vide devant lequel on rêve doucement, sans pensée. Le temps d’Albertine ne m’appartenait pas alors en quantités aussi grandes qu’aujourd’hui. Pourtant, il me semblait alors bien plus à moi, parce que je tenais compte seulement – mon amour s’en réjouissant comme d’une faveur – des heures qu’elle passait avec moi ; maintenant – ma jalousie y cherchant avec inquiétude la possibilité d’une trahison – rien que des heures qu’elle passait sans moi.