L’ayant conduite sur le parquet réservé à la danse, son mystérieux cavalier s’inclina.
— J’ai attendu notre danse avec impatience toute la soirée, et j’ai dû me frayer un chemin parmi votre foule d’admirateurs afin de vous rejoindre.
— Il y a sans doute également un grand nombre d’autres personnes avec qui vous souhaitiez danser, dit Tabitha en lui adressant un sourire enjôleur.
— Aucune aussi belle que vous, Madame.
— Allons, vous ne pouvez même pas voir mon visage, le taquina-t-elle tandis qu’ils se soulevaient sur la pointe des pieds, puis redescendaient avant d’effectuer un demi-tour et de se faire face une nouvelle fois.
— Je n’en ai nul besoin. Votre chevelure dorée, votre regard violet captivant, et vos charmes féminins me disent tout ce que j’ai besoin de savoir.
Il promena son regard sur le corps de Tabitha, ses yeux pétillant lorsqu’ils se relevèrent pour croiser les siens à nouveau.
Tabitha repoussa le frisson de désir qui la balaya.
— Eh bien, mais quel charmeur vous faites.
— Une femme aussi éblouissante que vous ne mérite rien de moins.
Ils se tournèrent sur le côté, puis se firent face à nouveau tandis qu’ils remontaient la rangée de danseurs.
— Je parie que vous avez dit cela à toutes les femmes qui ont été vos partenaires ce soir, rit Tabitha.
— Vous me blessez.
Son regard brillait de malice lorsqu’il se détourna d’elle encore une fois.
Bien qu’elle ne puisse nier que ce gentleman avait éveillé son intérêt, elle n’avait aucune intention de se laisser courtiser par lui. Elle croisa son regard lorsqu’ils se tournèrent à nouveau l’un vers l’autre.
— Vous devriez savoir que je n’ai aucune intention de me marier cette saison.
— Moi non plus, dit-il avec lenteur.
Son ton séducteur fit s’échauffer les joues de Tabitha, et elle fut reconnaissante pour le masque qui les cachait à la vue de son cavalier. Elle lui accorda un sourire tandis qu’ils s’approchaient du début de la rangée.
— Je souhaiterais deviner votre identité ?
— Faites donc.
Il effleura la main de Tabitha de la sienne, envoyant un frisson plaisant remonter le long de son bras.
Tabitha l’étudia pendant un moment, espérant trouver des indices dans sa stature. Son regard se promena sur ce qu’elle pouvait apercevoir de son visage, puis le long de ses épaules et jusqu’à sa taille effilée. Il était plutôt grand, et elle découvrit quelques boucles vagabondes de cheveux blond foncé qui dépassaient sous le capuchon de son domino. Néanmoins, elle n’avait aucune idée de qui ce gentleman pouvait être.
— Lord Cabot ? supposa-t-elle.
— Essayez encore, Madame.
— M. Warthington ? dit-elle en croisant son regard avec un petit sourire.
— Je ne suis tout de même pas si vieux, répondit-il en lui adressant un sourire canaille.
— Lord Gareth ? Lord Huffington ? Ou M. Haroldson ?
Elle lança une série de suppositions, puis éclata de rire lorsqu’il secoua la tête, réfutant chacune d’entre elles.
— Très bien. Je n’en ai pas la moindre idée, même si j’aimerai beaucoup la connaître.
— Je suis votre plus fervent admirateur, dit-il tandis qu’ils se séparaient pour reprendre leurs places dans la ligne des danseurs.
Lorsque leur danse se termina, il reconduisit Tabitha auprès de sa sœur.
— À très bientôt.
Il s’inclina légèrement, puis se retourna et s’éloigna.
Tabitha l’observa tandis qu’il disparaissait parmi la foule de gentilshommes et gentes dames, ses mots résonnant à son esprit – à très bientôt.
— Qui était-ce ? demanda Priscilla en taquinant Tabitha du coude.
— Je n’en ai aucune idée.
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