Le Trône des Dragons. Морган Райс. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Морган Райс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Серия: Le Temps des Sorciers
Жанр произведения: Книги для детей: прочее
Год издания: 0
isbn: 9781094305912
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dragon sont à l'abri du monde qui les entoure, et vice versa."

      "C'est la deuxième fois que vous l'appelez ainsi," souligna Nerra. "A cause des écailles ?"

      "A cause de ce que deviennent les personnes qui en sont atteintes." Kleos marqua une pause. "Je … pourrais te montrer, mais il ne vaut mieux pas, si tu veux rester en paix."

      Nerra ne fit pas montre de la moindre hésitation. "Montrez-moi."

      Personne n'avait été en mesure de lui montrer en quoi sa maladie la transformerait. Le médecin lui en avait parlé, mais ce n'était pas pareil. Nerra voulait voir de ses propres yeux. Elle emboîta le pas à Kleos jusqu'à une autre zone de la communauté, dans un bâtiment de pierre à la porte plus solide que les autres, qu'il ouvrit à l'aide d'une clé.

      "Nous devons faire preuve de prudence une fois à l'intérieur. Ils n'ont … plus rien d'humain."

      "Mais vous avez dit qu'on pouvait les soulager," déclara Nerra.

      "Effectivement," convint Kleos. "Mais ne te laisse pas bercer d'illusions, Princesse. Il n'y a aucun remède. Voilà le résultat, en dépit de mes efforts."

      Il s'écarta pour laisser passer Nerra, pour qu'elle puisse voir. L'intérieur du bâtiment était dans l'ombre, l'obscurité était ponctuée de plaintes et gémissements. Un bruit qui n'avait rien d'humain.

      La créature qui se dressait devant elle n'avait rien d'humain. Plus grande qu'un homme, des mains griffues couvertes d'écailles, des dents capable de déchiqueter la chair, des traits déformés comparables à ceux d'un lézard. Son corps était ramassé et difforme, ses muscles, informes. Ses yeux humains étaient dépourvus de toute humanité, on pouvait y lire la colère, la douleur et la faim. Cette chose inhumaine n'était pas un véritable dragon, un mélange des deux, une œuvre inachevée, torturée.

      Elle plongea sur Nerra, trop lente pour esquiver. La créature massive lui sauta dessus, la fit tomber et la plaqua au sol. Ses griffes s'abattraient bientôt sur elle, Nerra était persuadée que Kleos l'avait amenée ici pour qu'elle périsse de ses mains, pour une raison qui lui échappait.

      Kleos surgit avec un couteau aussi long que l'avant-bras de Nerra, sa lame torsadée forgée dans un métal sombre. Il la planta dans la poitrine de la créature, qui poussa un cri animal et tomba sur le dos, toutes griffes dehors, comme pour parer d'autres attaques, mais déjà, Kleos s'avançait.

      "Je suis désolé", dit-il, tandis que Nerra se relevait. "J'ignorais qu'il était parvenu à un stade si avancé en vous amenant ici. Son … heure est venue."

      "C'était une personne ?" demanda Nerra. Elle avait du mal à y croire, elle refusait d'y croire … elle finirait donc ainsi. "N'y a-t-il rien que vous puissiez faire ?"

      "Si, une seule," Kleos s'avança vers la créature. Empli de pitié, il franchit la limite et s'approcha de ses griffes, semblables à celles d'un dragon. Il planta vigoureusement l'épée sous sa mâchoire, la lame pénétra jusqu'au cerveau. Nerra entendit la créature pousser un cri, à la fois choquée et soulagée, puis Kleos retira sa lame, la bête gisait au sol.

      Il resta planté là quelques secondes. Nerra entendait des grognements monter des entrailles de la bâtisse, d'autres choses … d'autres personnes.

      "Aide-moi à le transporter à l'extérieur. Il est enfin en paix, nous allons lui rendre les derniers hommages."

      Nerra ne savait que faire, elle s'empara des jambes de la créature pendant que Kleos la soulevait.

      "Vais-je …" commença-t-elle. "Vais-je …"

      "Connaîtras-tu la même fin que Matteus ?" demanda Kleos, la tête basse. "La plupart ne vivent pas aussi longtemps. La maladie du dragon les tue bien avant. Mais oui, c'est une éventualité."

      "Et vous me tuerez ?" demanda Nerra.

      Kleos hocha la tête. "Je t'apporterai la paix, lorsque tout espoir sera perdu."

      Nerra en était malade. Son dragon l'avait amenée ici, l'avait sauvée, et maintenant … il l'avait sauvée pour la vouer à une mort certaine.

      CHAPITRE HUIT

      Pour Lenore, mieux valait la mort que se retrouver à cheval, mains liées devant elle, plaquée contre Ethir, qui la tenait fermement par la taille. Les mercenaires chevauchaient en rang en silence, tout comme leurs montures, mains serrées sur leurs armes étranges.

      Elle avait tenté de fuir mais les mercenaires lui avaient prouvé à deux reprises qu'elle ne pouvait pas leur échapper. Ils l'avaient rattrapée facilement, ramenée à l'auberge, et capturée de nouveau lorsqu'elle avait tenté de fuir. Elle n'avait aucune issue.

      Elle avait espéré qu'on viendrait à son secours. Lenore était certaine qu'ils seraient bientôt là, elle voyait déjà les Chevaliers d'Argent à l'horizon, Rodry, Vars, approchant avec les hommes qui auraient dû veiller sur elle. Auraient-ils réussi à se débarrasser de cette douzaine d'hommes, les tuer une fois à découvert ? La sauver ?

      Ses espoirs s'évanouissaient à chaque pas. Ils atteindraient bientôt les ponts, les secours s'éloignaient au fur et à mesure de la progression des chevaux. Lenore apercevait au loin le pont le plus imposant, de bois sombre, enjamber la Slate.

      Une demi-douzaine de gardes veillait à l'extrémité du pont, Lenore et les mercenaires progressaient, elle savait qu'ils ne seraient pas de taille à les arrêter. Leur nombre était suffisamment conséquent pour arrêter des contrebandiers ou faire écrouler le pont en cas d'invasion. Le fleuve en furie protégeait le royaume, non le gros des troupes. Ils n'étaient pas là pour combattre des hommes arrivant de ce côté-ci. La plupart n'étaient pas dans le bon sens lorsque les mercenaires foncèrent sur eux, ils surveillaient le fleuve, veillant à ce qu'aucune menace ne survienne par voie navigable.

      Certains d'entre eux se retournèrent en entendant les sabots des chevaux, mais il était déjà trop tard. Les premiers mercenaires s'abattirent sur eux avec épées et couteaux. Ils sautèrent sur les gardes, point de combat ici. La plupart n'eurent même pas le temps de tirer leurs sabres au clair. Ceux qui y parvinrent périrent en nombre sans même s'en servir. L'un d'eux porta un coup maladroit à un mercenaire, à dire vrai, les hommes qui gardaient les ponts ne comptaient pas parmi les fines lames du royaume, leur seule et unique tâche consistait à rester longuement assis et surveiller les échanges de part et d'autre du pont. Ce garde mourut aussi rapidement que les autres, une giclée sanglante s'échappa de sa gorge, tranchée par le mercenaire.

      Les ravisseurs de Lenore s'arrêtèrent un instant pour essuyer leurs armes et poursuivre. Lenore en profita pour regarder la rive de l'autre côté du pont, les arbres sur cette étendue dégagée. Cette terre n'appartenait pas à son père, personne ne viendrait la chercher ici.

      "Nous y sommes presque," murmura Ethir. "Le Roi Ravin se fera un plaisir de t'anéantir."

      Lenore songea à ce qui lui était arrivé depuis la veille, à ce qui l'attendait. Le Roi Ravin n'était pas réputé pour sa gentillesse, s'il la retenait captive … Lenore se prit à espérer la mort, mieux valait encore mourir, que connaître ce qui s'ensuivrait.

      Alors que les chevaux des mercenaires s'élançaient sur le pont, Lenore contempla en contrebas le fleuve mugissant. Personne n'osait se baigner dans ce fleuve impétueux, dont les courants déchiquetaient les bateaux tentant la traversée. Quiconque tombait dedans serait emporté en quelques secondes, noyé dans la minute.

      Une minute horrible ne valait-elle pas mieux que ce qui l'attendait ?

      Lenore ne pouvait pas croire en être réduite à cette extrémité. Elle songea à sa famille, son père, sa mère, ses frères et sœurs. Ses larmes ruisselaient sur ses joues, les perdre lui brisait le cœur.

      Erin devait se battre pour sa liberté, si Rodry avait été là, il aurait déjà abattu la moitié des mercenaires pour la sauver. Greave aurait déniché un plan astucieux dans un poème, Nerra aurait trouvé une plante susceptible de l'aider ou d'empoisonner ses ravisseurs.

      Des chimères, Lenore ne sentait que le bras de son ravisseur sur sa taille, avec