Un Trône pour des Sœurs . Морган Райс. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Морган Райс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Серия: Un Trône pour des Sœurs
Жанр произведения: Героическая фантастика
Год издания: 0
isbn: 9781640292611
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irrésistible. Il y avait des hommes qui se rangeaient en formation près du côté de la place et ils portaient les couleurs d'une des compagnies de mercenaires qui aimaient s'essayer aux guerres en cours de l'autre côté de la mer. Ils avaient des armes dans des charrettes et aussi des chevaux. Quelques-uns d'entre eux s'adonnaient même à un tournoi d'escrime impromptu avec des épées en acier émoussées.

      Kate observa les armes avec gourmandise et vit ce qu'il lui fallait : des porte-armes en acier, des dagues, des épées, des arbalètes, des pièges pour la chasse. Rien qu'avec quelques-unes de ces choses, elle pourrait apprendre à poser des pièges et à vivre des cadeaux de la nature.

      “Non”, dit Sophia en voyant ce qu'elle regardait et en lui posant une main sur le bras.

      Kate se dégagea, mais avec douceur. “Viens avec moi”, dit Kate, résolue.

      Elle vit sa sœur secouer la tête. “Tu sais que je ne le peux pas. Ce n'est pas pour moi. Ce n'est pas ce que je suis. Ce n'est pas ce que je veux, Kate.”

      Et essayer de se mêler à un groupe de nobles n'était pas ce que Kate voulait.

      Elle sentait la certitude de sa sœur, elle sentait la sienne et elle comprit soudain ce qui allait se passer. Quand elle le comprit, les larmes lui piquèrent les yeux. Elle jeta les bras autour de sa sœur juste au moment où sa sœur la prenait dans les siens.

      “Je ne veux pas te quitter”, dit Kate.

      “Je ne veux pas te quitter, moi non plus”, répondit Sophia, “mais il faut peut-être que nous tentions chacune de faire ce qui nous passionne, au moins quelque temps. Tu es aussi têtue que moi et nous avons chacune notre rêve personnel. Je suis convaincue que je peux y arriver et que, à ce moment-là, je pourrai t'aider.”

      Kate sourit.

      “Et je suis convaincue que je le peux moi aussi et que, ce jour-là, je pourrai t'aider.”

      A présent, Kate voyait les larmes dans les yeux de sa sœur elle aussi mais, plus encore, elle sentait sa tristesse par le biais de la connexion qu'elles partageaient.

      “Tu as raison”, dit Sophia. “Tu ne serais pas à ta place à la cour et je ne serais pas à la mienne dans, dans une contrée sauvage, ou si j'apprenais à me battre. Donc, il faut peut-être que nous le fassions séparément. Peut-être aurons-nous plus de chances de survivre si nous nous séparons. Au moins, si l'une de nous se fait attraper, alors, l'autre pourra venir à sa rescousse.”

      Kate voulait à dire à Sophia qu'elle avait tort mais, en vérité, tout ce qu'elle disait avait du sens.

      “Je te retrouverai”, dit Kate. “J'apprendrai à me battre et à vivre à la campagne et je te retrouverai. Ce jour-là, tu comprendras et tu viendras me rejoindre.”

      “Et je te retrouverai quand j'aurai réussi à entrer à la cour”, répliqua Sophia avec un sourire. “Tu viendras me retrouver au palais, tu y épouseras un prince et tu gouverneras cette ville.”

      Elles se firent un grand sourire, les joues baignées de larmes.

      Cela dit, tu ne seras jamais seule, ajouta Sophia, faisant résonner ses paroles dans la tête de Kate. Je serai toujours avec toi, comme tes pensées.

      Kate ne pouvait plus supporter cette tristesse et elle savait qu'il allait falloir qu'elle agisse avant d'être tentée de changer d'avis.

      Donc, elle serra sa sœur dans ses bras une dernière fois, la relâcha et courut vers les armes.

      Il était temps de tout risquer.

      CHAPITRE CINQ

      Sentant la détermination qui brûlait en elle, Sophia traversa Ashton en direction de l'enceinte emmurée où se trouvait le palais. Elle courut dans les rues, évitant des chevaux et bondissant de temps à autre sur des chariots quand ils avaient l'air d'aller dans la bonne direction.

      Même comme cela, il lui fallut du temps pour traverser toute la place, les Screws, le Quartier Marchand, Knotty Hill et les autres quartiers un par un. Ils étaient si étranges et pleins de vie après le temps qu'elle avait passé dans la Maison des Oubliés que Sophia aurait voulu avoir plus de temps pour les explorer. Elle se retrouva à l'extérieur d'un grand théâtre circulaire, souhaitant avoir le temps d'aller voir à l'intérieur.

      Cela dit, il fallait qu'elle se presse parce que, si elle ratait le bal masqué de ce soir, elle ne savait comment elle allait s'y prendre pour trouver la place qu'elle voulait à la cour. Même elle savait qu'il n'y avait pas tant de bals masqués que ça. Or, celui-ci lui donnerait sa meilleure chance de s'introduire dans la place.

      En chemin, elle s'inquiéta pour Kate. Elles avaient passé tant de temps ensemble que cela lui semblait étrange de se séparer d'elle. Cependant, en vérité, elles voulaient mener des vies différentes. Sophia la retrouverait quand elle aurait réussi. Quand elle se serait fait une vie parmi les nobles d'Ashton, elle retrouverait Kate et tout irait bien.

      Les portes menant à l'enceinte emmurée qui contenait le palais se trouvaient devant elle. Comme Sophia s'y était attendue, elles avaient été ouvertes pour la soirée et, au-delà d'elles, elle vit des jardins austères avec leurs rangées bien droites de haies et de roses. Il y avait même des grands espaces d'herbe tondus plus court que ne pouvaient l'être les champs de tous les fermiers et cela lui semblait être en soi un signe de luxe parce que, en ville, tous ceux qui avaient un lopin de terre à côté de leur maison étaient obligés de s'en servir pour y faire pousser de la nourriture.

      Dans les jardins, il y avait une lanterne sur un poteau tous les quelques pas. Elles n'étaient pas encore allumées mais, la nuit, elles illumineraient l'endroit entier de leur éclat et les gens danseraient sur les pelouses aussi facilement que dans une des grandes salles du palais.

      Sophia voyait les gens se diriger vers l'intérieur l'un après l'autre. Il y avait un domestique en livrée dorée près de la porte avec deux gardes vêtus d'un bleu éclatant, le mousquet à l'épaule en, parfaite tenue de parade, pendant que les nobles et leurs domestiques passaient d'un pas nonchalant.

      Sophia se précipita vers la porte. Elle avait espéré pouvoir se mêler à la foule de ceux qui entraient mais, quand elle arriva, elle se retrouva toute seule. Par conséquent, le domestique de service put lui consacrer toute son attention. C'était un homme âgé avec une perruque poudrée qui lui descendait le long de la nuque. Il jeta sur Sophia un regard en apparence dédaigneux.

      “Et qu'est-ce que tu veux, toi ?” demanda-t-il d'un ton si dur qu'il aurait pu être un acteur qui interprétait un noble plutôt qu'un domestique dans le monde réel.

      “Je viens pour le bal”, dit Sophia. Elle savait qu'elle ne pourrait jamais se faire passer pour une noble mais il y avait quand même des choses qu'elle pouvait faire. “Je suis la domestique de —”

      “Ne te fatigue pas”, répliqua le domestique. “Je sais parfaitement bien qui laisser entrer et aucune de ces personnes n'accepterait de se faire accompagner par une domestique comme toi. Nous ne laissons pas entrer les putains du port. Ce n'est pas ce genre de soirée.”

      “Je ne sais pas de quoi vous parlez”, essaya de dire Sophia mais l'air renfrogné auquel elle eut droit lui indiqua que cela n'avait pas la moindre chance de fonctionner.

      “Dans ce cas, permets-moi d'expliquer”, dit le domestique qui gardait la porte. Il semblait bien s'amuser. “Quand on voit ta robe, on se dit que tu l'as taillée dans celle d'une marchande de poissons. Tu pues comme si tu sortais d'un égout. Quant à ta voix, elle suggère que tu ne saurais même pas épeler « élocution » et encore moins t'en servir. Maintenant, pars avant que je te fasse chasser et jeter au trou pour la nuit.”

      Sophia voulait discuter mais la cruauté de ses paroles semblaient lui avoir volé toutes les siennes. Pire encore, elles lui avaient volé son rêve aussi facilement que si l'homme avait tendu le bras et l'avait cueilli à l'endroit où il flottait en l'air. Elle