Vainqueur, Vaincu, Fils . Морган Райс. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Морган Райс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Серия: De Couronnes et de Gloire
Жанр произведения: Героическая фантастика
Год издания: 0
isbn: 9781640292253
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de l'eau dans des aqueducs récemment bâtis. Elle la remplit sans arrêt et Ceres eut l'impression qu'il y avait en elle plus de pouvoir qu'elle n'en avait jamais connu. Pour la première fois, elle comprit la véritable étendue des pouvoirs des Anciens.

      Elle resta sur place, vibrante de force, et comprit que le temps était venu.

      Il était temps de faire la guerre.

      CHAPITRE SEPT

      Jeva sentait la tension croître à chaque pas alors qu'elle se dirigeait vers la salle de réunion. Les gens du lieu de rencontre la regardaient fixement comme elle aurait pu s'attendre à ce que des étrangers regardent un ressortissant de son peuple : comme si elle était quelque chose d'étrange, de différent, sinon même de dangereux. Ce n'était pas une sensation que Jeva appréciait.

      Était-ce seulement qu'ils ne voyaient pas beaucoup de gens avec des marques de prêtresse en ce lieu ou était-ce quelque chose d'autre ? Ce ne fut que lorsque les premières insultes et accusations vinrent de la foule grandissante que Jeva commença à comprendre.

      “Traîtresse !”

      “Tu as emmené ta tribu au massacre !”

      Un jeune homme sortit de la foule avec la démarche arrogante que seuls les jeunes hommes pouvaient avoir. Il avançait vers la maison de la mort comme s'il possédait le chemin qui y menait. Quand Jeva voulut le contourner, il la bloqua.

      Jeva aurait dû le frapper rien que pour cela mais elle était venue faire plus important que ça.

      “Sors-toi”, dit-elle. “Je ne suis pas ici pour me battre.”

      “As-tu complètement oublié les coutumes de notre peuple ?” demanda-t-il. “Tu as emmené ta tribu se faire tuer à Delos. Combien en sont revenus ?”

      Jeva entendait sa colère, la sorte de colère que même ses compatriotes ressentaient quand ils perdaient un proche. Leur dire que le proche en question avait rejoint les ancêtres et qu'ils devraient en être heureux n'arrangerait rien. De toute façon, Jeva n'était même plus sûre d'y croire elle-même. Elle avait vu l'inutilité des morts provoquées par la guerre.

      “Mais toi, tu es revenue”, dit le jeune homme. “Tu as détruit une de nos tribus et tu es revenue, lâche !”

      Un autre jour, Jeva l'aurait tué pour une telle insolence mais, en vérité, les divagations d'un idiot ne comptaient pas dans le contexte de tout ce qui se passait. Elle essaya à nouveau de le contourner.

      Jeva s'arrêta quand il tira un couteau.

      “Tu ne devrais pas faire ça, mon garçon”, dit-elle.

      “Ne me dis pas ce que je dois faire !” hurla-t-il avant de lui bondir dessus.

      Jeva réagit par instinct et s'écarta de la trajectoire du coup en frappant de ses chaînes à lames. L'une d'elles s'enroula autour du cou du garçon et tira dessus alors qu'elle bougeait à une vitesse qu'elle avait longtemps travaillée. Le sang jaillit quand le jeune homme tenta de toucher sa blessure et tomba à genoux.

      “Sois maudit”, dit Jeva à voix basse. “Pourquoi m'as-tu forcée à le faire, idiot ?”

      Il n'y eut évidemment aucune réponse. Il n'y avait jamais de réponse. Jeva murmura les mots d'une prière pour les morts penchée par-dessus le jeune homme puis se releva et le souleva. D'autres villageois la suivirent alors qu'elle poursuivait sa route et, maintenant, Jeva sentait la tension là où, auparavant, il n'y avait eu que des plaisanteries. Ils la suivaient de près comme une garde d'honneur ou comme l'escorte d'une prisonnière que l'on emmenait à son exécution.

      Quand elle atteignit la Maison des Morts, les anciens du village l'attendaient déjà. Jeva entra pieds nus, s'agenouilla devant le bûcher qui brûlait éternellement et y fit tomber le corps de son assaillant. Quand il se mit à brûler, elle se tourna vers les gens qu'elle était venue convaincre.

      “Tu viens ici avec du sang sur les mains”, dit un Messager des Morts dont les robes tourbillonnaient alors qu'il avançait. “Les morts nous ont dit que quelqu'un viendrait mais pas que cela arriverait comme ça.”

      Jeva le regarda en se demandant si c'était vrai. A une époque maintenant révolue, elle n'en aurait pas douté.

      “Il m'a attaquée”, dit Jeva. “Il n'était pas aussi rapide qu'il le croyait.”

      Les autres personnes présentes hochèrent la tête. De telles choses pouvaient arriver dans ces régions, qui étaient les plus dures du monde. Jeva se força à avoir l'air impassible de façon à ne pas montrer la culpabilité qu'elle ressentait.

      “Tu es venue nous demander quelque chose”, dit le Messager.

      Jeva hocha la tête. “Oui.”

      “Alors, demande.”

      Jeva réfléchit pour rassembler ses pensées. “Je demande de l'aide pour l'île de Haylon. Une grande flotte l'attaque conformément aux ordres de la Première Pierre. Je pense que notre peuple peut faire la différence.”

      Alors, des voix s'élevèrent, parlant toutes en même temps. Il y avait des questions et des exigences, des accusations et des opinions et elles semblaient toutes se mélanger.

      “Elle veut qu'on aille mourir pour elle.”

      “On a déjà entendu ce discours !”

      “Pourquoi se battre pour des gens qu'on ne connaît pas ?”

      Jeva attendit, indifférente à tous ces arguments. Si la discussion tournait mal, elle aurait toutes les chances de ne pas ressortir vivante de cette pièce. Vu qui elle était, elle aurait dû avoir une sensation de paix à cette idée mais elle se surprit aussi à penser à Thanos, qui l'avait sauvée au risque de sa vie, et à tous les gens qui étaient coincés sur Haylon. Ils avaient besoin qu'elle réussisse.

      “On devrait la donner en offrande aux morts pour tout ce qu'elle a fait !” cria l'un d'eux.

      Alors, le Messager des Morts s'approcha de Jeva en levant les mains pour obtenir le silence.

      “Nous savons ce que notre sœur nous demande”, dit le Messager. “Maintenant, ce n'est pas le moment de parler. Nous ne sommes que les vivants. Maintenant, il est temps d'écouter les morts.”

      Il tendit la main vers sa ceinture et en tira une bourse remplie des poudres sacrées mêlées aux cendres des ancêtres. Il jeta la bourse dans le bûcher et les flammes jaillirent.

      “Respire, ma sœur”, dit le Messager. “Respire et vois.”

      Jeva inhala la fumée jusqu'au plus profond de ses poumons. Les flammes dansèrent dans la fosse au-dessous d'elle et, pour la première fois en des années, Jeva vit les morts.

      Cela commença par l'esprit de l'homme qu'elle avait tué. Il se dégagea de son cadavre en combustion et traversa les flammes pour la rejoindre.

      “Tu m'as tué”, dit-il avec ce qui semblait être du choc. “Tu m'as tué !”

      Alors, il la frappa et, alors que les morts n'auraient pas dû pouvoir toucher les vivants, Jeva sentit quand même le coup avec autant de certitude que s'il l'avait giflée de son vivant. Il la frappa puis recula en la regardant avec l'air d'attendre quelque chose.

      Alors, les autres morts vinrent à Jeva et ils ne furent pas plus aimables que le jeune homme qu'elle avait tué. Ils étaient tous là : les gens qu'elle avait tués de ses propres mains, ceux qu'elle avait mené à la mort sur Haylon. Ils vinrent la retrouver un par un et, un par un, ils frappèrent Jeva, lui envoyant des coups qui la firent tituber, l'épuisèrent, la réduisirent à une chose qui se recroquevillait par terre.

      Cela sembla durer une éternité. Finalement, ils s'éloignèrent de Jeva, qui put relever les yeux. Elle eut la surprise de voir Haylon, l'île entourée par les navires, la bataille qui faisait rage.

      Elle