Elle frappa à la porte à moitié ouverte et une voix enjouée lui répondit par un « Entrez ».
Mackenzie entra et fut accueillie par une femme rondelette assise derrière un bureau. Elle était occupée à taper quelque chose sur son ordinateur et regarda Mackenzie tout en continuant.
« Je peux vous aider ? » demanda la femme.
« Je cherche un policier du nom de Reggie Thompson, » dit Mackenzie.
Apparemment, cette question parvint à attirer l’attention de la femme. Elle arrêta de taper sur son clavier et regarda Mackenzie avec un froncement de sourcils. Sachant ce qui allait suivre, Mackenzie lui montra son badge et se présenta.
« Oh, je vois, » dit la femme. « Dans ce cas, je suis désolée de vous apprendre que l’officier Thompson a pris sa retraite l’année dernière. Il est resté aussi longtemps qu’il a pu, mais il a fini par devoir arrêter. On lui a diagnostiqué un cancer de la prostate. D’après ce que j’en sais, il est parvenu à le vaincre mais il ne s’en est pas sorti indemne. »
« Vous savez s’il accepte des visites ? J’aurais aimé lui poser quelques questions concernant une affaire sur laquelle il a travaillé dans le passé. »
« Je suis presque certaine qu’il adorerait ça, en fait. Il appelle le commissariat au moins une fois par semaine pour avoir des nouvelles… pour savoir quelles sont les affaires en cours. Mais si j’étais vous, j’attendrais demain. D’après ce que sa femme m’a raconté, il en fait de trop le matin et en début d’après-midi, et à quinze heures, il n’a en général plus d’énergie. »
« J’attendrai demain, alors, » dit Mackenzie. « Je vous remercie du conseil. »
Mackenzie quitta le commissariat avec le même manque d’énergie qu’elle avait ressenti en y entrant. Au final, elle n’y avait passé qu’une demi-heure et bien qu’il lui reste encore une bonne partie de l’après-midi à sa disposition, elle se sentait fatiguée. Et puisque Reggie Thompson préférait avoir des visites le matin, ça ne lui laissait pas beaucoup d’autres options.
Elle quitta le commissariat et se dirigea vers le motel. En chemin, son téléphone sonna et elle fut contente de voir que c’était Ellington. Bien qu’ils ne soient pas techniquement en dispute, c’était tout de même étrange d’être en désaccord avec lui.
Il fait ce qui est juste, se dit-elle. Laisse-le un peu tranquille.
Elle décrocha rapidement avec un : « Salut, comment ça va ? »
« J’ai parlé avec au moins une douzaine de vagabonds aujourd’hui. J’ai une toute autre vision de ce qu’ils ont à endurer mais j’en suis aussi arrivé à la conclusion qu’ils ne sont pas les sources les plus fiables d’informations. Et toi ? »
« Je fais des progrès, » dit-elle, bien qu’elle ait l’impression que ce soit un mensonge. « J’ai parlé avec quelques personnes du coin qui m’ont donné leur perception de l’affaire – des rumeurs de petite ville vraiment, mais il y a en général toujours un fond de vérité dans tout ça. J’ai parlé avec le médecin légiste qui s’est occupé du corps de papa, puis je suis passée par le commissariat pour consulter les dossiers. J’y ai trouvé le nom d’un policier qui semble avoir été particulièrement attaché à l’enquête et je vais lui parler demain. »
« Tu en as certainement fait beaucoup plus que moi, » dit-il. « Tu penses rester encore combien de temps ? »
« Je ne sais pas. Ça dépend de ce qui va se passer demain – tant ici qu’à Omaha. Quel est l’état d’esprit là-bas ? »
Ellington hésita avant de répondre. « Pour être tout à fait honnête, c’est tendu. Penbrook est fâché que tu aies tout simplement décidé de partir aussi loin. Il essaie d’être aussi utile qu’il le peut, mais il me fait comprendre de manière très claire qu’il n’est pas content. »
« Et toi ? »
« Je pense toujours la même chose qu’hier. J’aimerais être là-bas avec toi… ou que tu sois toujours ici. Mais diviser pour mieux régner était le meilleur choix à faire. Je pense que même Penbrook s’en rend compte. Mais pour être tout à fait honnête, ici à Omaha, ils sont plutôt d’avis que tu utilises ça comme une excuse pour faire une visite à ta ville natale et à ton passé. »
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