Le Poids de l’Honneur . Морган Райс. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Морган Райс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Серия: Rois et Sorciers
Жанр произведения: Зарубежное фэнтези
Год издания: 0
isbn: 9781632914323
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devant lui. Ses occupants le regardèrent fixement. La poussière se déposa tout autour d'eux. C'était un grand groupe de peut-être cinquante personnes et Aidan cligna des yeux, surpris de constater que ce n'étaient pas des soldats. Il poussa un soupir de soulagement en se rendant compte qu'ils n'avaient pas non plus l'air hostile. Il remarqua que les chariots étaient remplis par toutes sortes de gens, d'hommes et de femmes de tous les âges. L'un d'eux avait l'air d'être rempli de musiciens qui tenaient divers instruments de musique; un autre était rempli d'hommes qui avaient l'air d'être des jongleurs ou des comédiens, car ils avaient le visage maquillé de couleurs brillantes et portaient des bas et des tuniques aux couleurs vives. Un autre chariot avait l'air d'être rempli d'acteurs, d'hommes qui tenaient des parchemins et étaient visiblement en train de répéter des rôles, vêtus de costumes de théâtre. Un autre chariot était rempli de femmes tout juste vêtues, le visage maquillé à l’excès.

      Aidan rougit et détourna le regard, sachant qu'il était trop jeune pour rester bouche bée devant de telles choses.

      “Hé, mon garçon !” appela une voix. C'était un homme qui avait une très longue barbe rousse flamboyante qui lui tombait jusqu'à la taille. Il avait l'air bizarre et souriait gentiment.

      “C'est par là que tu vas ?” demanda-t-il pour rire.

      Tout le monde se mit à rire dans tous les chariots et Aidan rougit.

      “Qui êtes-vous ?” demanda Aidan, abasourdi.

      “Je pense qu'il serait plus approprié de te demander qui tu es, toi”, répliqua-t-il. Ils regardèrent craintivement Blanc, qui grognait. “Et que fais-tu donc avec un Chien des Bois ? Ne sais-tu pas qu'ils peuvent te tuer ?” demandèrent-ils d'une voix apeurée.

      “Pas celui-ci”, répondit Aidan. “Êtes-vous tous … des saltimbanques ?” demanda-t-il, encore curieux, se demandant ce qu'ils faisaient tous ici.

      “C'est une façon bien gentille de le dire !” cria quelqu'un depuis un chariot en provoquant le rire bruyant de l'assistance.

      “Nous sommes acteurs, joueurs, jongleurs, joueurs d'argent, musiciens et clowns !” hurla un autre homme.

      “Et aussi des menteurs, des canailles et des prostituées !” cria une femme, et ils rirent tous à nouveau.

      Quelqu'un gratta une harpe pendant que le rire se faisait plus fort et Aidan rougit. Il se souvint soudain avoir déjà rencontré de telles personnes, quand il était plus jeune et qu'il vivait à Andros. Il se souvint avoir regardé tous les saltimbanques affluer dans la capitale et distraire le Roi; il se souvenait de leurs visages aux couleurs vives, des couteaux avec lesquels ils jonglaient, d'un homme qui mangeait de la fourrure, d'une femme qui chantait des chansons et d'un barde qui récitait des poèmes qu'il connaissait par cœur et qui avaient l'air de durer des heures. Il se souvenait s'être demandé avec perplexité comment on pouvait choisir de vivre comme ça au lieu de devenir guerrier.

      Ses yeux s'éclairèrent quand il comprit soudain où ils allaient.

      “Andros !” cria Aidan. “Vous allez à Andros !”

      Un homme bondit d'un des chariots et se dirigea vers lui. C'était un grand homme qui avait peut-être la quarantaine. Il avait un gros ventre, une barbe brune non entretenue, une chevelure tout aussi hirsute que sa barbe et un sourire chaleureux et amical. Il se dirigea vers Aidan et lui passa un bras protecteur autour de l'épaule.

      “Tu es trop jeune pour être tout seul ici”, dit l'homme. “Je dirais que tu es perdu mais, d'après tes blessures et celles de ton chien, je pense qu'il y autre chose. On dirait que t'as eu des ennuis qui te dépassent et, à mon avis”, conclut-il en observant Blanc avec méfiance, “ça avait un rapport avec le fait que tu as aidé cette bête.”

      Aidan resta muet, ne sachant combien en dire. Pendant ce temps, Blanc se rapprocha et lécha la main à l'homme, à la grande surprise d'Aidan.

      “Je m'appelle Motley”, ajouta l'homme en tendant une main.

      Aidan le regarda avec méfiance. Il ne lui serra pas la main mais lui répondit d'un hochement de tête.

      “Je m'appelle Aidan”, répondit-il.

      “Vous deux, vous pouvez rester ici et mourir de faim”, poursuivit Motley, “mais ce n'est pas une façon très drôle de mourir. Moi, personnellement, je voudrais au moins manger un bon repas d'abord et mourir autrement ensuite.”

      Le groupe éclata de rire pendant que Motley continuait de tendre la main et de regarder Aidan avec gentillesse et compassion.

      “J'imagine que, blessés comme vous l'êtes, vous avez tous deux besoin d'aide”, ajouta-t-il.

      Aidan resta là fièrement. Conformément à ce que son père lui avait appris, il ne voulait pas faire preuve de faiblesse.

      “On se débrouillait très bien comme ça”, dit Aidan.

      Motley donna un nouvel éclat de rire au groupe.

      “Bien sûr”, répondit-il.

      Aidan regardait la main de l'homme d'un air soupçonneux.

      “Je vais à Andros,” dit Aidan.

      Motley sourit.

      “Nous aussi”, répondit-il. “Et comme on a de la chance, la cité est assez grande pour contenir plus de gens que nous deux.”

      Aidan hésita.

      “Tu nous ferais une faveur”, ajouta Motley. “Il nous faut plus de poids.”

      “Et une bouche de plus à nourrir !” cria un imbécile dans un autre groupe, provoquant un rire général.

      Aidan le regarda avec méfiance. Il était trop fier pour accepter mais avait trouvé un moyen de sauver la face.

      “Eh bien ….” dit Aidan. “Si je vous fais une faveur …”

      Aidan prit la main à Motley, qui le tira dans son chariot. Il était plus fort que Aidan ne s'y attendait, car, d'après sa façon de s'habiller, il avait l'air d'être le fou du roi; sa main, chaude et musclée, faisait deux fois la taille de celle d'Aidan.

      Ensuite, Motley tendit le bras, souleva Blanc et le plaça doucement à l'arrière du chariot à côté d'Aidan. Blanc se blottit dans le foin à côté d'Aidan, la tête sur ses genoux, les yeux à moitié fermés par l'épuisement et la douleur. Aidan ne comprenait que trop bien ce qu'il ressentait.

      Motley bondit à bord, le conducteur donna un coup de fouet et la caravane démarra. Tout le monde poussa des cris de joie et on joua à nouveau de la musique. C'était une chanson joyeuse, les hommes et les femmes jouaient de la harpe, de la flûte et des cymbales et, à la grande surprise d'Aidan, plusieurs personnes dansaient dans les chariots en mouvement.

      Aidan n'avait jamais vu de groupe de gens aussi heureux de toute sa vie. Il avait passé toute sa vie dans l'obscurité et dans le silence d'un fort rempli de guerriers et il ne savait pas trop comment réagir à tout ça. Comment pouvait-on être aussi heureux ? Son père lui avait toujours enseigné que la vie était une chose sérieuse. Toute cette agitation n'était-elle pas triviale ?

      Alors qu'ils poursuivaient leur chemin sur la route cahoteuse, Blanc gémissait de douleur pendant qu'Aidan lui caressait la tête. Motley se rapprocha et, à la grande surprise d'Aidan, s'agenouilla à côté du chien et appliqua à ses blessures une compresse couverte d'une pommade verte. Lentement, Blanc se calma et Aidan se sentit reconnaissant pour l'aide de Motley.

      “Qui es-tu ?” demanda Aidan.

      “Eh bien, j'ai porté beaucoup de noms”, répondit Motley. “Le meilleur était ‘acteur’. Ensuite, il y a eu ‘canaille’, ‘idiot,’ ‘bouffon’ … entre autres. Appelle-moi comme tu voudras.”

      “Tu n'es pas guerrier, alors”, comprit Aidan, déçu.

      Motley se pencha en arrière, éclata de rire et les larmes lui coulèrent sur les joues. Aidan ne pouvait comprendre ce qu'il y avait de si drôle.

      “Guerrier”, répéta Motley en