Ben-Gurion avait insisté sur le fait « tout d’abord, nous devons raconter les faits de leur fuite. Autant que je sache, la plupart d’entre eux ont fui avant l’établissement de l’état, de leur propre gré, et contrairement à ce que Haganah leur avait dit en essayant de le convaincre de rester. Après l’établissement de l’état, pour autant que je sache, seuls les arabes de Ramle et de Lod ont quitté leurs terres ou ont été contraints de partir. » Le Haganah était l’armée des juifs avant l’indépendance en Palestine.
Ben-Gurion avait alors fermement établi le plan pour traiter le sujet même si certaines des personnes présentes étaient entièrement conscientes de l’inexactitude factuelle de ses affirmations. Moshe Dayan – qui après 1949 avait donné l’ordre lui-même l’expulsion des bédouins de Néguev – était un exemple des personnes présentes qui savaient que les arabes n’étaient pas parti ‘de leur plein gré’. Ben-Gurion avait également expliqué qu’Israël devait dire au monde : « Tous ces faits ne sont pas connus. Le ministère des Affaires étrangères avait préparé des informations à partir de documents des institutions arabes, du mufti, Jamal al-Husseini, au sujet de la fuite, que tout s’était produit de leur plein gré parce qu’on leur avait dit que le pays serait bientôt reconquis et qu’ils pourront y retourner pour devenir seigneur et maîtres. »
Ce récit de ‘l’innocence’ israélienne fut soutenue par des historiens israéliens malhonnêtes prétendant que les réfugiés palestiniens ne dépassant pas 500 000 personnes étaient partis volontairement en réponse aux demandes de leurs dirigeants leur assurant un retour rapide après la victoire, qui avaient délibérément planifié l’Exode et qui soutenaient que les massacres rares et regrettables tel que celui de Deir Yassin n’étaient autre que le résultat d’un acte extrémiste accompli par les soldats d’Irgun de Menachem Begin et de Lehi de Yitzhak Shamir. Pourtant malgré les atrocités reconnues par les extrémistes sous la direction de Begin et de Shamir, ces deux criminels de guerre sont devenus par la suite les premiers ministres d’un état criminel qui a constamment réclamé la plus haute valeur morale tout en condamnant la moralité de toute autre nation qui ose remettre en question ce que beaucoup considèrent comme étant un monstrueux nettoyage ethnique.
Le récit sioniste de la guerre de 1948 a commencé en déclarant que le conflit judéo-arabe en Palestine avait été déclenché suite à l’adoption de la résolution de partage par les Nations Unies en novembre 1947 qui prévoyait la création de deux états séparés, arabe et juifs. Que malgré leurs sacrifices douloureux, les juifs avaient néanmoins accepté le plan de l’ONU que les palestiniens, les pays arabes voisins et la ligue arabe avaient rejeté. En outre, à la fin de son mandant en Palestine, la Grande-Bretagne s’est efforcée à contrecarrer l’établissement de l’état juif tel prévu dans le plan de l’ONU. Après l’expiration du Mandat et l’établissement proclamé de l’état israélien, cinq nations arabes envoyèrent leurs armées en Palestine avec la ferme intention d’étrangler l’état juif. La lutte qui s’ensuivit fut celle d’un David juif contre un Goliath arabe dans lequel l’état juif naissant se livra à un combat désespéré, héroïque et finalement couronné de succès pour avoir survécu aux obstacles écrasants. Lors de ce conflit, des centaines de milliers de palestiniens avaient fui vers les états arabes voisins en réponse aux ordres de leurs dirigeants et malgré les supplications juives de rester et de prouver que la coexistence était possible. Après la guerre, les dirigeants israéliens ont continué à chercher sincèrement la paix, mais il n’y avait personne à qui parler du côté arabe, dont l’intransigeance était la seule responsable de l’impasse politique rompue lorsque le président égyptien Anouar Sadat se rendit à Jérusalem en 1977.
La version israélienne de la Nakba vue de derrière les lunettes teintées en rose fut cependant contestée par la suite par les ‘nouveaux historiens’ qui mis à part Benny Morris avec ‘La naissance du problème des réfugiés palestiniens, 1947 -1949, incluait également Ilan Pappé, La Grande-Bretagne et le conflit israélo-arabe, 1948-1951 ; La collusion au Jourdain d’Avi Shlaim : Le roi Abdullah, le mouvement sioniste et la partition de la Palestine ; 1949 : Les premiers israéliens de Tom Segev ; Le présent absent : Les réfugiés palestiniens en Israël depuis 1948 de Hillel Cohen ; Le sionisme et le territoire : Les dimensions socio-territoriales de la politique sioniste de Baruch Kimmerling ; et La naissance d’Israël : Mythes et réalités de Simha Flapan.
Le consensus général de l’opinion de ces ‘nouveaux historiens’ était que l’intention de la Grande-Bretagne était d’empêcher la création d’un état palestinien plutôt que celle d’un état juif, que les forces juives dépassaient et étaient mieux armées que les forces arabes régulières et irrégulières combinées, que la grande majorité des palestiniens n’avaient pas choisi de partir mais avaient été expulsés de force, qu’il n’y avait pas de programme de guerre arabe monolithique parce que les dirigeants arabes étaient divisés – et le sont toujours –, et que les tentatives d’une solution politique étaient vains par l’intransigeance israélienne plutôt qu’arabe. La réalité irréfutable de la tendance israélienne à mentir et à dissimuler sa criminalité était devenue depuis la marque de fabrique d’une nation fervente du déplacement de la population palestinienne indigène, de l’établissement de tout Jérusalem comme capitale indivisible d’Israël et de la construction du Troisième Temple.
En dépit de toutes les recherches et les conclusions auxquelles Benny Morris et d’autres ‘nouveaux historiens’ sont arrivés, y compris que l’état juif d’Israël est né à la suite d’un nettoyage ethnique de la Palestine, Benny Morris succomba récemment à la tendance de ces juifs israéliens – qui après avoir critiqué ou reconnu la vérité de la criminalité d’Israël – et décida de renoncer à la vérité irréfutable et d’abandonner le respect de soi et l’honneur.
« La meilleure façon de vivre avec honneur dans ce monde est d’être ce que nous prétendons être. »
Socrate
Etant le seul membre de la Fraternité hiramique employé comme un frère salarié à temps plein, Katzir était toujours le premier à arriver peu après six heures du soir pour préparer la salle du conseil pour la réunion mensuelle. Il posa son porte-document sur sa chaise désignée à l’extrémité de la longue table en placage de chêne – qui sera occupée aujourd’hui par l’invité d’honneur du Sanhédrin – avant de procéder à la fermeture des stores verticaux à lamelles du sol au plafond et ouvrir la porte du buffet pour vider son contenu sur la table et de les disposer selon les instructions prescrites.
Une demi-heure plus tard, Katzir jeta un coup d’œil à sa montre et remarqua que les membres allaient bientôt commencer à se présenter, vêtus de leurs costumes noirs, de leurs chemises blanches et de leurs calottes kippa en velours noir. Ils mettraient alors leurs tabliers maçonniques qui portaient l’emblème de la Fraternité carré maçonnique et des boussoles placées sur l’étoile de David. Katzir fit une pause et examina la longueur de la table pour s’assurer que tout était en place. Devant chacune des 29 chaises, il avait placé un bloc-notes et un stylo à bille, une petite bouteille d’eau minérale, un verre jetable en plastique, un paquet de mouchoirs de poche et une carte plastifiée A5 de laquelle au début de la réunion les Frères à l’unisson réaffirmeraient leurs vœux qui se termineraient par Ézéchiel 43: 7.
Конец ознакомительного фрагмента.
Текст предоставлен ООО «ЛитРес».
Прочитайте эту книгу целиком,