Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. I. Чарльз Диккенс. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Чарльз Диккенс
Издательство: Public Domain
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Жанр произведения: Зарубежная классика
Год издания: 0
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s'avance et me démente s'il ose! Qui est-ce qui a crié non? (Bruyantes acclamations.) Serait-ce l'amour-propre désappointé d'un homme… il ne veut pas dire d'un bonnetier (vifs applaudissements) qui, jaloux des louanges qu'on a accordées, peut-être sans motif, aux recherches de l'orateur, et piqué par les censures dont on a accablé les misérables tentatives suggérées par l'envie, prend maintenant ce moyen vif et calomnieux…

      «M. Blotton (d'Algate) se lève pour demander le rappel à l'ordre. – Est-ce à lui que l'honorable pickwickien faisait allusion? (Cris à l'ordre! – Le président5: – Oui! – Non! – Continuez! – Assez!– etc.)

      «M. Pickwick ne se laissera pas intimider par des clameurs. Il a fait allusion à l'honorable gentleman! (Vive sensation.)

      «Dans ce cas, M. Blotton n'a que deux mots à dire: il repousse avec un profond mépris l'accusation de l'honorable gentleman, comme fausse et diffamatoire (grands applaudissements). L'honorable gentleman est un blagueur. (Immense confusion. Grands cris de: Le président! à l'ordre!)

      «M. Snodgrass se lève pour demander le rappel à l'ordre. Il en appelle au président. (Écoutez!) Il demande si l'on n'arrêtera pas cette honteuse discussion entre deux membres du club. (Écoutez! écoutez!)

      «Le président est convaincu que l'honorable pickwickien retirera l'expression dont il vient de se servir.

      «M. Blotton, avec tout le respect possible pour le président, affirme qu'il n'en fera rien.

      «Le président regarde comme un devoir impératif de demander à l'honorable gentleman s'il a employé l'expression qui vient de lui échapper, suivant le sens qu'on lui donne communément.

      «M. Blotton n'hésite pas à dire que non, et qu'il n'a employé ce mot que dans le sens pickwickien. (Écoutez! Écoutez!) Il est obligé de reconnaître que, personnellement, il professe la plus grande estime pour l'honorable gentleman en question. Il ne l'a considéré comme un blagueur que sous un point de vue entièrement pickwickien. (Écoutez! écoutez!)

      «M. Pickwick déclare qu'il est complétement satisfait par l'explication noble et candide de son honorable ami. Il désire qu'il soit bien entendu que ses propres observations n'ont dû être comprises que dans leur sens purement pickwickien (applaudissements.

      Ici finit le procès-verbal, et en effet la discussion ne pouvait continuer, puisqu'on était arrivé à une conclusion si satisfaisante, si claire. Nous n'avons pas d'autorité officielle pour les faits que le lecteur trouvera dans le chapitre suivant, mais ils ont été recueillis d'après des lettres et d'autres pièces manuscrites, dont on ne peut mettre en question l'authenticité.

      CHAPITRE II.

      Le premier jour de voyage et la première soirée d'aventures, avec leurs conséquences

      Le soleil, ce ponctuel factotum de l'univers, venait de se lever et commençait à éclairer le matin du 13 mai 1831, quand M. Samuël Pickwick, semblable à cet astre radieux, sortit des bras du sommeil, ouvrit la croisée de sa chambre, et laissa tomber ses regards sur le monde, qui s'agitait au-dessous de lui. La rue Goswell était à ses pieds, la rue Goswell était à sa droite, la rue Goswell était à sa gauche, aussi loin que l'œil pouvait s'étendre, et en face de lui se trouvait encore la rue Goswell. «Telles, pensa M. Pickwick, telles sont les vues étroites de ces philosophes, qui, satisfaits d'examiner la surface des choses, ne cherchent point à en étudier les mystères cachés. Comme eux, je pourrais me contenter de regarder toujours sur la rue Goswell, sans faire aucun effort pour pénétrer dans les contrées inconnues qui l'environnent.» Ayant laissé tomber cette pensée sublime, M. Pickwick s'occupe de s'habiller et de serrer ses effets dans son portemanteau. Les grands hommes sont rarement très-scrupuleux pour leur costume: aussi la barbe, la toilette, le déjeuner se succédèrent-ils rapidement. Au bout d'une heure M. Pickwick était arrivé à la place des voitures de Saint-Martin le Grand, ayant son portemanteau sous son bras, son télescope dans la poche de sa redingote, et dans celle de son gilet son mémorandum, toujours prêt à recevoir les découvertes dignes d'être notées.

      «Cocher! cria M. Pickwick.

      – Voilà, monsieur! répondit un étrange spécimen du genre homme, lequel avec son sarrau et son tablier de toile, portant au cou une plaque de cuivre numérotée, avait l'air d'être catalogué dans quelque collection d'objets rares. C'était le garçon de place. Voilà, monsieur. Hé! cabriolet en tête!» Et le cocher étant sorti de la taverne où il fumait sa pipe, M. Pickwick et son portemanteau furent hissés dans la voiture.

      – Golden-Cross, dit M. Pickwick.

      – Ce n'est qu'une méchante course d'un shilling, Tom, cria le cocher d'un ton de mauvaise humeur, pour l'édification du garçon de place, comme la voiture partait.

      – Quel âge a cette bête-là, mon ami? demanda M. Pickwick en se frottant le nez avec le shilling qu'il tenait tout prêt pour payer sa course.

      – Quarante-deux ans, répliqua le cocher, après avoir lorgné M. Pickwick du coin de l'œil.

      – Quoi! s'écria l'homme illustre en mettant la main sur son carnet.»

      Le cocher réitéra son assertion; M. Pickwick le regarda fixement au visage; mais il ne découvrit aucune hésitation dans ses traits, et nota le fait immédiatement.

      «Et combien de temps reste-t-il hors de l'écurie, continua M. Pickwick, cherchant toujours à acquérir quelques notions utiles.

      – Deux ou trois semaines.

      – Deux ou trois semaines hors de l'écurie! dit le philosophe plein d'étonnement; et il tira de nouveau son portefeuille.

      – Les écuries, répliqua froidement le cocher, sont à Pentonville; mais il y entre rarement à cause de sa faiblesse.

      – A cause de sa faiblesse? répéta M. Pickwick avec perplexité.

      – Il tombe toujours quand on l'ôte du cabriolet. Mais au contraire quand il y est bien attelé, nous tenons les guides courtes et il ne peut pas broncher. Nous avons une paire de fameuses roues; aussi, pour peu qu'il bouge, elles roulent après lui, et il faut bien qu'il marche. Il ne peut pas s'en empêcher.»

      M. Pickwick enregistra chaque parole de ce récit, pour en faire part à son club, comme d'une singulière preuve de la vitalité des chevaux dans les circonstances les plus difficiles. Il achevait d'écrire, lorsque le cabriolet atteignit Golden-Cross. Aussitôt le cocher saute en bas, M. Pickwick descend avec précaution, et MM. Tupman, Snodgrass et Winkle, qui attendaient avec anxiété l'arrivée de leur illustre chef, s'approchent de lui pour le féliciter.

      «Tenez, cocher,» dit M. Pickwick en tendant le shilling à son conducteur.

      Mais quel fut l'étonnement du savant personnage lorsque cet homme inconcevable, jetant l'argent sur le pavé, déclara, en langage figuré, qu'il ne demandait d'autre payement que le plaisir de boxer avec M. Pickwick tout son shilling.

      «Vous êtes fou, dit M. Snodgrass.

      – Ivre, reprit M. Winkle.

      – Tous les deux, ajouta M. Tupman.

      – Avancez! disait le cocher, lançant dans l'espace une multitude de coups de poings préparatoires. Avancez tous les quatre!

      – En voilà une bonne! s'écrièrent une demi-douzaine d'autres cochers: A la besogne, John! et ils se rangèrent en cercle avec une grande satisfaction.

      – Qu'est-ce qu'y a, John? demanda un gentleman, porteur de manches de calicot noir.

      – Ce qu'y a! répliqua le cocher. Ce vieux a pris mon numéro!

      – Je n'ai pas pris votre numéro, dit M. Pickwick d'un ton indigné.

      – Pourquoi l'avez-vous noté, alors? demanda le cocher.

      – Je ne l'ai pas noté! s'écria M. Pickwick, avec indignation.

      – Croiriez-vous, continua le cocher, en s'adressant


<p>5</p>

C'est par ce cri que les membres du parlement invitent le président à rétablir l'ordre.