Cymbeline. Уильям Шекспир. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Уильям Шекспир
Издательство: Public Domain
Серия:
Жанр произведения: Драматургия
Год издания: 0
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– Je remercie humblement Votre Majesté.

      LA REINE, à Imogène. – Je vous prie, promenons-nous un moment ensemble.

(Elles sortent.)

      SCÈNE II

Une place publique Entre CLOTEN, DEUX SEIGNEURS

      IMOGÈNE, à Pisanio. – Avant une demi-heure, je vous prie, revenez me parler: du moins vous irez voir mon époux à bord. Pour le moment, laissez-moi.

(La reine et Imogène sortent ensemble, Pisanio sort par un autre côté.)

      PREMIER SEIGNEUR. – Je vous conseille, seigneur, de changer de chemise. La chaleur de l'action vous a fait fumer comme la victime d'un sacrifice. Quand un air sort, un air entre; et il n'en est point au dehors qui soit aussi sain que celui qui sort de vous.

      CLOTEN. – Si ma chemise était ensanglantée, alors j'en changerais… L'ai-je blessé?

      SECOND SEIGNEUR, à part. – Non, d'honneur, pas même sa patience.

      PREMIER SEIGNEUR. – Blessé? Ah! s'il ne l'est pas, il faut qu'il ait un corps perméable; c'est un grand chemin pour l'acier s'il n'est pas blessé.

      SECOND SEIGNEUR, à part. – Son acier avait des dettes; il est sorti par les derrières de la ville.

      CLOTEN. – Le lâche n'osait pas m'attendre.

      SECOND SEIGNEUR, à part. – Non, il allait toujours; mais en avant, vers ta face.

      PREMIER SEIGNEUR. – Vous attendre? vous avez assez de terres à vous; mais il a ajouté à vos domaines, il vous a cédé du terrain.

      SECOND SEIGNEUR, à part. – Autant de pouces de terre que tu as d'océans! Les fats!

      CLOTEN. – Que je voudrais qu'on ne se fût pas mis entre nous!

      SECOND SEIGNEUR, à part. – Et moi aussi, jusqu'à ce que tu eusses pris par terre la mesure d'un imbécile.

      CLOTEN. – Mais comment peut-elle aimer ce misérable, et me rebuter, moi?

      SECOND SEIGNEUR, à part. – Oh! si c'est un péché de bien choisir, elle est damnée.

      PREMIER SEIGNEUR. – Seigneur, comme je vous l'ai toujours dit, son esprit et sa beauté ne vont pas ensemble: c'est une belle enseigne; mais je n'ai vu en elle qu'un esprit peu lumineux.

      SECOND SEIGNEUR, à part. – Elle ne luit pas pour les imbéciles de peur que la réflexion ne lui fasse tort.

      CLOTEN. – Venez, je vais dans ma chambre: je voudrais bien qu'il y eût un peu de mal.

      SECOND SEIGNEUR, à part. – Je ne fais pas le même voeu, à moins que ce n'eût été la chute d'un âne, ce qui ne serait pas un grand mal.

      CLOTEN. – Voulez-vous nous suivre?

      PREMIER SEIGNEUR. – J'accompagnerai Votre Altesse.

      CLOTEN. – Oui, venez: allons ensemble.

      SECOND SEIGNEUR. – Volontiers, prince.

(Ils sortent.)

      SCÈNE III

L'appartement d'ImogèneIMOGÈNE, PISANIO

      IMOGÈNE. – Je voudrais que tu te tinsses sur le port pour interroger toutes les voiles. – S'il m'écrivait, et que sa lettre ne me parvînt pas, ce serait une aussi grande perte que si c'était des lettres de grâce. Qu'est-ce qu'il t'a dit en dernier lieu?

      PISANIO. -Ma reine! ma reine!

      IMOGÈNE. – Et alors il agitait son mouchoir.

      PISANIO. – Et il le baisait, madame.

      IMOGÈNE. – Insensible tissu, tu étais plus heureux que moi! – Et ce fut tout?

      PISANIO. – Non, madame; car aussi longtemps qu'il a pu se faire distinguer des autres, à mes yeux ou à mes oreilles, il est resté sur le pont, et me faisant des signes de son gant, de son chapeau, de son mouchoir, il exprimait de son mieux, par les transports et les mouvements de son coeur, combien son âme était lente et le vaisseau prompt à s'éloigner de vous.

      IMOGÈNE. – Tu aurais dû le suivre de l'oeil, et ne le quitter que lorsqu'il t'aurait paru petit comme une corneille, ou moins encore.

      PISANIO. – C'est ce que j'ai fait, madame.

      IMOGÈNE. – J'aurais brisé les fibres de mes yeux seulement pour le voir, jusqu'à ce qu'il fût devenu, par l'éloignement, mince comme mon aiguille. Oui, mes regards l'auraient suivi, jusqu'à ce que de la grosseur d'un moucheron, il se fût tout à fait évanoui dans l'air; et alors j'aurais détourné mes yeux et pleuré… – Mais bon Pisanio, quand recevrons-nous de ses nouvelles?

      PISANIO. – Soyez-en sûre, madame, à la première occasion qu'il pourra trouver.

      IMOGÈNE. – Je ne lui ai point fait mes adieux. J'avais tant de choses tendres à lui dire! Avant que j'aie pu lui dire comment je songerai à lui à certaines heures; quelles seront mes pensées; avant que j'aie pu lui faire jurer qu'aucune femme d'Italie ne lui ferait trahir mon amour et son honneur; lui recommander de s'unir à moi en prières, à six heures du matin, à midi, à minuit (car alors je suis dans les cieux pour lui); avant que j'aie pu lui donner ce baiser d'adieu, que j'aurais placé entre deux mots charmants; mon père arrive, et, semblable au souffle tyrannique du nord, il fait tomber tous nos boutons et les empêche de pousser.

(Une dame de la reine entre.)

      LA DAME. – La reine, madame, désire que Votre Altesse se rende auprès d'elle.

      IMOGÈNE, à Pisanio. – Allez exécuter les ordres dont je vous ai chargé, je vais rejoindre la reine.

      PISANIO. – Je vous obéirai, madame.

(Ils sortent.)

      SCÈNE IV

Rome. – Appartement de la maison de Philario Entrent PHILARIO, IACHIMO, UN FRANÇAIS, UN HOLLANDAIS ET UN ESPAGNOL

      IACHIMO. – Croyez-moi, seigneur; je l'ai vu en Angleterre, sa réputation allait croissant, on s'attendait à lui voir prouver le mérite qu'on lui reconnaît aujourd'hui; mais je pouvais alors le regarder encore sans admiration, quand le catalogue de ses qualités eût été inscrit à son côté et que j'eusse parcouru article par article.

      PHILARIO. – Vous parlez d'un temps où il n'était pas encore, comme aujourd'hui, revêtu de tout ce qui en fait un homme accompli, au dedans et au dehors.

      LE FRANÇAIS. – Je l'ai vu en France; et nous avions là bien des gens qui pouvaient fixer le soleil d'un oeil aussi ferme que lui.

      IACHIMO. – Cette affaire, d'avoir épousé la fille de son roi, le fait valoir, je n'en doute point, fort au delà de son mérite; on l'apprécie d'après la valeur de son amante, bien plus que d'après la sienne.

      LE FRANÇAIS. – Et puis son bannissement…

      IACHIMO. – Oui, oui; les suffrages de ceux qui, sous la bannière de la princesse, pleurent ce douloureux divorce; tout cela sert merveilleusement à exalter Posthumus. Ne fût-ce que pour prouver le bon jugement d'Imogène, qu'il serait autrement aisé de nier si elle avait pris pour époux un mendiant sans autres qualités. Mais comment arrive-t-il, Philario, qu'il vienne s'établir chez vous? Où votre liaison s'est-elle formée?

      PHILARIO. – Son père et moi nous avons fait la guerre ensemble, et je ne dois pas moins que la vie à son père, qui me l'a sauvée plus d'une fois. Voici l'Anglais. (Posthumus paraît.) Qu'il soit traité parmi vous avec les égards que des gentilshommes comme vous doivent à un étranger de sa qualité. Je vous exhorte tous à lier une plus étroite connaissance avec ce cavalier, je vous le recommande comme mon digne ami. Je veux lui donner le temps de montrer son mérite, plutôt que de faire son éloge en sa présence.

      LE FRANÇAIS, à Posthumus. – Seigneur, nous nous sommes connus à Orléans.

      POSTHUMUS. – Et depuis lors je vous suis resté redevable d'une foule d'attentions dont je resterai toujours votre