Faust. Johann Wolfgang von Goethe. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Johann Wolfgang von Goethe
Издательство: Public Domain
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Жанр произведения: Зарубежная классика
Год издания: 0
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revient-il de tes plaisirs?

SECONDE SERVANTE

      Mais aujourd'hui il ne sera pas seul le blondin, m'a-t-il dit, doit être avec lui.

PREMIER ÉCOLIER

      Comme elles détalent, les petites friponnes! Viens, camarade, nous les accompagnerons. De la bière de mars, de bon tabac et une servante en toilette voilà mes goûts favoris.

UNE DEMOISELLE

      Regarde-moi ces jeunes gens, si ce n'est pas une honte! Ils pourraient avoir la meilleure société du monde, et ils courent après ces créatures.

SECOND ÉCOLIER au premier

      Pas si vite! En voici deux, derrière nous, qui sont très-bien mises: ma voisine est l'une d'elles, j'ai du goût pour cette jeune personne. Elles s'avancent à pas lents, et finiraient bien par nous donner le bras.

PREMIER ÉCOLIER

      Non, camarade, non; je n'aime point à être gêné. Vite! que nous ne perdions pas notre gibier. La main qui tient le balai samedi, c'est encore celle qui dimanche te caressera le mieux.

PREMIER BOURGEOIS

      Non, vous dis-je, le nouveau bourgmestre ne me plaît nullement: à présent qu'il est en place, il devient tous les jours plus fier. Et que fait-il donc pour la ville? Cela ne va-t-il pas de mal en pis? Il faut obéir plus strictement que jamais, et payer plus qu'en aucun temps.

UN MENDIANT chante

      Mes bons messieurs, mes belles dames,

      Si brillants, si bien ajustés,

      À ma détresse ouvrez vos âmes,

      Soulagez mes infirmités.

      Donner, rend l'âme satisfaite.

      Ah! répondez à ma chanson!

      Que, pour le pauvre, cette fête

      Soit un jour de riche moisson.

SECOND BOURGEOIS

      Je ne connais pas de plus grand plaisir, les dimanches et les jours de fêtes, que de parler guerre et batailles. Pendant que loin de vous, dans la Turquie, les peuples en viennent aux mains et s'échinent d'importance, vous êtes tranquillement à votre fenêtre, à boire votre petit verre et à regarder le long de la rivière filer les bateaux; puis vous rentrez le soir chez vous, gai comme pinson et bénissant le ciel des temps de paix qu'il vous accorde.

TROISIÈME BOURGEOIS

      Mon cher voisin, je vous en offre autant. Qu'ils se fendent le crâne, et que tout aille sens dessus dessous chez eux je m'en moque, pourvu qu'à la maison les choses demeurent comme ci-devant.

UNE VIEILLE aux demoiselles

      Voyez donc un peu, quelle toilette! Ce jeune sang pétille de gentillesse. Qui est-ce qui ne deviendrait fou, en vous regardant?.. Pas de fierté, là, tout doux! Dites-moi ce que vous souhaitez, je saurai vous le procurer.

PREMIÈRE DEMOISELLE

      Viens, viens, Agathe! Prenons garde qu'on ne nous aperçoive avec une pareille sorcière… Elle me fit pourtant voir, à la Saint-André, mon futur mari en personne.

SECONDE DEMOISELLE

      Moi, elle me le fit voir à travers un cristal en uniforme, avec d'autres militaires. Eh bien, j'ai beau regarder autour de moi, j'ai beau chercher partout; il ne veut pas se montrer.

SOLDATS chantant

      Bourgades munies

      De créneaux, remparts!

      Fillettes jolies, Aux malins regards!

      Vers vous je m'élance,

      Et monte à l'assaut.

      La peine est immense,

      Mais le prix la vaut.

      D'une ardeur guerrière

      On nous voit courir,

      Pour jouir et plaire,

      Comme pour mourir.

      Chaudes escalades!

      Moments courts et doux!

      Filles et bourgades

      Se rendent à nous.

      La peine est immense,

      Mais le prix la vaut;

      Et qui porte lance

      Le gagne bientôt.

FAUST et WAGNERFAUST

      Les glaçons ne retiennent plus captive l'eau des ruisseaux et des torrents; au léger souffle du printemps, la terre s'amollit, les vallées reverdissent, l'espérance renaît. Le vieil hiver s'en va cacher sa décrépitude sur les sommets escarpés des montagnes. Là, vainement il s'entoure de neiges et de frimats; le morne coup-d'œil, qu'il jette en fuyant sur le gazon des prairies, est une arme impuissante; le soleil ne souffre rien de blanc sous ses rayons. Partout le mouvement, partout la vie; il embellit, il colore toutes choses. On n'aperçoit pas encore de fleurs dans la campagne: prendrait-il pour des fleurs tous ces hommes chamarrés? Mais détournons nos regards de ces collines, et voyons ce qui se passe du côté de la ville. Hors des portes obscures et profondes se pousse une multitude de gens diversement vêtus. Avec quel empressement chacun court aujourd'hui se réchauffer aux rayons du soleil! Ils fêtent bien la résurrection du Seigneur, car ils sont eux-mêmes ressuscités: échappés aux sombres appartements de leurs maisons basses, aux liens de leurs habitudes vulgaires et de leurs vils trafics, aux toits et aux plafonds qui les écrasent, à leurs rues sales et étranglées, aux ténèbres mystérieuses de leurs églises; tous, ils renaissent à la lumière. Vois donc, avec quelle précipitation la foule se disperse dans les jardins et dans les campagnes. Vois, que de barques joyeuses descendent et remontent le fleuve en tous sens… et cette dernière qui suit le fil de l'eau, chargée à couler bas! Il n'est pas jusqu'aux sentiers lointains de la montagne, qui ne brillent de l'éclat des vêtements. Mon oreille distingue déjà le bruit tumultueux du village: voilà le vrai paradis du peuple; grands et petits, tous bondissent de joie ici je me sens homme, ici j'ose l'être.

WAGNER

      Monsieur le docteur, il est sans doute honorable et avantageux de se promener avec vous; mais je désirerais ne pas me mêler à ces villageois, attendu que je suis l'ennemi juré de tout ce qui sent la grossièreté. Les violons, les cris, les plaisirs bruyants de ces gens-là, me font un mal!.. Ils hurlent comme des damnés, et ils appellent cela s'amuser, ils appellent cela chanter!

PAYSANS sous la feuillée, dansant et chantant

      Le berger quitte ses brebis,

      Et, mettant ses plus beaux habits,

      À la danse il s'apprête.

      Sous le bois ils sont déjà tous,

      Et dansent là comme des fous.

      Ha! ha! ha! ha!

      Landerira!

      Ainsi dit la musette.

      Dans le cercle il entre à grands pas,

      Et brusquement heurte du bras

      Une jeune fillette.

      La belle se tourne aussitôt,

      Disant «Prenez-le un peu moins haut;

      Ha! ha! ha! ha!

      Landerira!

      Voyez ce malhonnête!»

      Cependant vingt couples dansaient:

      À droite, à gauche ils se lançaient,

      Robes volaient en tête,

      Tous les fronts étaient enflammées,

      L'un sur l'autre ils tombaient pâmés.

      Ha! ha! ha! ha!

      Landerira!

      Quel chaos! Quelle fête

      «Monsieur, point de ces privautés!

      – Fi! point d'épouse à mes côtés!

      Mieux vaut une grisette.»

      Puis, à part la tirant un brin…

      La danse allait toujours son train,

      Ha!