Oliver Twist. Dickens Charles. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Dickens Charles
Издательство: Public Domain
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Жанр произведения: Зарубежная классика
Год издания: 0
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pas.

      – Oui, oui; mais je veux te dire au revoir, reprit Olivier. Je te reverrai, Dick, j'en suis sûr; et alors tu seras bien portant et heureux.

      – Je serai heureux, dit l'enfant, quand je serai mort, et pas avant, le médecin a raison, Olivier; car je rêve souvent du ciel et des anges, et de douces figures que je ne vois jamais quand je suis éveillé. Embrasse-moi! ajouta l'enfant en grimpant sur la petite porte et en croisant ses petits bras autour du cou d'Olivier. Adieu, mon cher ami; que Dieu te bénisse!»

      Cette bénédiction sortait de la bouche d'un enfant, mais c'était la première qu'Olivier eût jamais entendu appeler sur sa tête. Au milieu des épreuves, des souffrances, des vicissitudes de sa vie, il ne l'oublia jamais.

      CHAPITRE VIII. Olivier va à Londres, et rencontre en route un singulier jeune homme

      Arrivé à la barrière, au bout du sentier, Olivier se retrouva sur la grande route. Il était huit heures; et, bien qu'il fût à peu près à cinq milles de la ville, il courut, et se cacha par moments derrière les haies, jusqu'à midi, dans la crainte d'être poursuivi et rattrapé; il s'assit alors près d'une borne pour se reposer, et se mit à songer pour la première fois à l'endroit qu'il devait choisir pour tâcher de gagner sa vie.

      La borne au pied de laquelle il était assis indiquait en gros caractères qu'elle était posée à soixante-dix milles de Londres; ce nom fit naître dans l'esprit de l'enfant une nouvelle suite de pensées. S'il allait à Londres, dans l'immense ville, où personne, pas même M. Bumble, ne pourrait le découvrir! il avait souvent entendu dire aux vieux indigents du dépôt qu'un garçon d'esprit n'était jamais dans le dénuement à Londres, et qu'il y avait dans cette grande ville des moyens d'existence dont les gens élevés à la campagne ne se doutaient pas. C'était bien l'endroit qui convenait à un garçon sans asile, destiné à mourir dans la rue, si on ne venait à son aide. Tout en se laissant aller à ces pensées, il se leva et continua sa route.

      Il diminua encore de quatre bons milles la distance qui le séparait de Londres, sans songer à tout ce qu'il devrait souffrir avant d'atteindre le but de son voyage: comme cette réflexion se faisait jour dans son esprit, il ralentit sa marche, et se mit à méditer sur les moyens d'arriver à Londres. Il avait dans son paquet un morceau de pain, une mauvaise chemise, deux paires de bas, et dans sa poche un penny que lui avait donné Sowerberry après un enterrement où il s'était distingué encore plus que de coutume. C'est fort bon d'avoir une chemise blanche, pensait Olivier, et deux méchantes paires de bas, et un penny; mais c'est une mince ressource pour faire soixante-cinq milles à pied pendant l'hiver. Olivier avait comme bien des gens, l'esprit prompt et ingénieux à découvrir les difficultés, mais lent et paresseux à découvrir le moyen de les surmonter; de sorte qu'après avoir bien réfléchi, sans trouver la solution qu'il cherchait, il mit son petit paquet sur l'autre épaule et doubla le pas.

      Il fit vingt milles ce jour-là, sans prendre autre chose que son morceau de pain sec et quelques verres d'eau qu'il demanda sur la route, à la porte des chaumières. À la nuit, il entra dans une prairie, se blottit au pied d'une meule de foin et résolut d'y attendre le jour. Il éprouva d'abord un sentiment de crainte en entendant le vent siffler tristement sur la campagne déserte, Il avait froid et faim, et se trouvait plus seul que jamais; la fatigue de la marche lui procura pourtant un prompt sommeil, et il oublia ses peines.

      Le matin, en se levant, il se sentit engourdi par le froid, et il avait si faim qu'il acheta du pain pour un penny au premier village qu'il traversa, il n'avait pas fait plus de douze milles quand la nuit le surprit de nouveau; ses pieds étaient enflés et ses jambes si faibles qu'elles tremblaient sous lui; une seconde nuit passée à la belle étoile, par un temps froid et humide, acheva d'épuiser ses forces; et quand il voulut le matin continuer son voyage, il pouvait à peine se traîner, il attendit au pied d'une côte assez roide qu'une diligence vînt à passer, et il demanda l'aumône aux voyageurs de l'impériale; il n'y eut presque personne qui fit attention à lui; ceux qui le remarquèrent, lui dirent d'attendre qu'on fût arrivé au haut de la côte, et de leur montrer ensuite combien de temps il pouvait courir pour un demi- penny. Le pauvre Olivier essaya de suivre la diligence; mais il ne le put, à cause de son épuisement et de ses pieds tout meurtris; alors les voyageurs de l'impériale remirent leur demi-penny dans leur poche, en disant que c'était un petit fainéant, qui ne méritait rien. La diligence s'éloigna, ne laissant derrière elle qu'un nuage de poussière.

      Dans quelques villages, de grands poteaux étaient plantés sur la route, et portaient un écriteau annonçant que quiconque mendierait serait mis en prison; cet avis effrayait beaucoup Olivier, et il s'éloignait au plus vite. Ailleurs, il s'arrêtait devant les cours d'auberge et regardait piteusement ceux qui allaient et venaient, jusqu'à ce que l'hôtesse donnât l'ordre à un des postillons qui flânaient dans la cour de chasser cet étrange garçon qui restait là, sans aucun doute, dans l'intention de dérober quelque chose. S'il mendiait à la porte d'une ferme, il arrivait neuf fois sur dix qu'on le menaçait de lâcher le chien après lui; s'il mettait le nez dans une boutique, on lui parlait du bedeau de la paroisse, et, à ce nom, il ne savait où se cacher.

      Il est certain que, sans le bon coeur, d'un garde-barrière et la charité d'une vieille dame, les souffrances d'Olivier eussent été abrégées comme celles de sa mère, c'est-à-dire qu'il serait mort sur la grande route. Mais le garde-barrière lui donna du pain et du fromage, et la vieille dame, dont le petit-fils avait fait naufrage et errait dans quelque lointaine partie du monde, eut pitié du pauvre orphelin et lui donna le peu qu'elle avait, avec des paroles si douces et si bonnes, et avec des larmes de compassion telles, qu'elles firent sur le coeur d'Olivier plus d'impressions que toutes ses souffrances.

      Le matin du septième jour après son départ, il atteignit, clopin- clopant, la petite ville de Barnet. Les volets étaient partout fermés, les rues désertes, et personne ne se rendait encore aux travaux de la journée. Le soleil se levait radieux, mais son éclat ne servait qu'à faire voir au pauvre enfant toute l'horreur de sa misère et de son isolement; il s'assit, couvert de poussière et les pieds en sang, sur les marches froides d'un perron.

      Peu à peu les volets s'ouvrirent, les stores des fenêtres se levèrent, et les passants commencèrent à circuler. Quelques-uns, en petit nombre, s'arrêtaient un instant pour considérer Olivier, ou se détournaient seulement en passant rapidement; mais personne ne le secourut, personne ne prit la peine de lui demander comment il était venu là: il n'avait pas le coeur de mendier, et il restait assis immobile et silencieux.

      Il y avait déjà quelque temps qu'il était là; il s'étonnait de voir tant de tavernes, car la moitié des maisons de Barnet sont des tavernes grandes ou petites; il regardait avec insouciance les voitures publiques qui passaient, et trouvait surprenant qu'elles pussent faire aisément en quelques heures un trajet qu'il avait mis une longue semaine à parcourir avec un courage et une résolution au-dessus de son âge.

      Il fut tiré de sa rêverie en remarquant qu'un jeune garçon, qui était passé devant lui quelques instants auparavant sans avoir l'air de le voir, était revenu sur ses pas et s'était placé de l'autre côté de la rue pour l'observer attentivement. Il y fit d'abord peu d'attention; mais ce garçon resta si longtemps devant lui dans la même attitude, qu'Olivier leva la tête et le considéra avec le même intérêt. Alors celui-ci traversa la rue, et se dirigeant vers Olivier lui dit:

      «Eh bien! camarade, quoi qui se passe?

      Le garçon qui adressait cette question à notre jeune voyageur était à peu près de même âge que lui; c'était l'individu le plus original qu'Olivier eût jamais vu: il avait le nez retroussé, le front bas, les traits communs, et l'extérieur le plus sale qu'on pût voir, ce qui ne l'empêchait pas de se donner des airs de monsieur. Il était de petite taille, avec des jambes arquées et de vilains petits yeux effrontés; son chapeau était posé si légèrement sur sa tête, qu'il semblait toujours près de tomber; et il serait tombé, en effet, sans une brusque secousse que le jeune homme imprimait de temps à autre à sa tête, pour le ramener à sa place primitive. Il portait un habit qui lui descendait jusqu'aux talons; il avait les manches relevées presque jusqu'au coude, probablement dans le but d'enfoncer ses mains, comme il faisait alors, dans les poches de son pantalon de velours.