Nach Paris! Roman. Dumur Louis. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Dumur Louis
Издательство: Public Domain
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Жанр произведения: Зарубежная классика
Год издания: 0
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écrivait la Neue Freie Presse, mêlent aujourd'hui leurs sentiments, et des millions d'hommes, dominés par la même émotion, se retrouvent frères comme autrefois. Le peuple a raison: la guerre doit être menée jusqu'à la dernière extrémité.

      Cette guerre, exposait la Zeit, décidera du sort de l'Autriche-Hongrie des Balkans, peut-être de toute l'Europe: du sort de l'Autriche-Hongrie, si on la laisse seule avec la Serbie; de celui des Balkans, si un État balkanique intervient; de celui de l'Europe, si la Russie bouge.

      Les Dernières Nouvelles de Munich disaient:

      L'Autriche veut être libérée de cet éternel danger qui a son origine en Serbie. Nous avons l'espoir que l'Angleterre s'abstiendra de toute intervention dans le conflit austro-serbe, ainsi que dans une collision éventuelle entre la Triplice et la Duplice.

      L'Allemagne mobilisera, si c'est nécessaire spécifiait la Deutsche Tageszeitung. Il n'est pas douteux que notre mobilisation ne soit préparée jusque dans ses moindres détails.

      Et la National Zeitung insistait, dirigeant plus particulièrement son avertissement du côté de l'Ouest:

      La France ne sait-elle pas ce qu'elle entreprend, en voulant, avant d'avoir achevé ses armements, rencontrer de nouveau l'adversaire de 1870? A-t-elle oublié le siège de Paris? Ne ressent-elle déjà plus la perte des cinq milliards qu'elle a dû payer? En a-t-elle assez de la République et désire-t-elle un autre régime? C'est sur la France que l'Allemagne s'indemnisera. Seulement, cette fois, on se servira d'une autre mesure qu'il y a quarante-quatre ans. Au lieu de cinq milliards ce sera cinquante milliards que devra payer la France. Tu l'as voulu, Georges Dandin!

      C'était ce qui s'appelle envoyé!

      La presse étrangère, dont nos journaux donnaient de larges extraits, laissait en général une impression favorable, à l'exception des feuilles françaises et russes dont le ton, à en juger par les passages cités, me parut suspect.

      Le Daily Chronicle disait:

      Si l'effort diplomatique en vue de la paix échoue, il ne faudra pas en rejeter la responsabilité sur Londres ou sur Berlin, non plus que sur Paris ou sur Rome, car le seul rayon d'espoir est donné par l'ardent désir de paix des quatre puissances qui ne sont pas directement intéressées dans le conflit.

      La presse de notre alliée italienne se prononçait en termes qui me semblèrent fort justes sur la situation.

      L'Autriche a absolument toutes les raisons et la Serbie tous les torts, décidait le Popolo Romano. L'attitude de l'Autriche à l'égard de la Serbie ne pouvait pas être plut correcte.

      Et la Tribuna, le journal gouvernemental, commentant le voyage du président Poincaré à Saint-Pétersbourg, formulait:

      La politique extérieure française a eu deux objectifs en ces dernières années: lier l'Angleterre à la France et à la Russie par un pacte d'alliance et donner à la politique russe une orientation anti-germanique. La France à ce point de vue a complètement échoué.

      Quant au socialisme, son pacifisme intransigeant s'exprimait en déclarations catégoriques:

      Pour le prolétariat allemand et international, écrivait le Vorwærts le 25 juillet, la situation est claire. Quoi qu'il arrive, le prolétariat ne doit pas se croiser les bras. Si la classe ouvrière est sincère dans son intention de maintenir la paix entre les peuples et d'éviter les conflits internationaux, elle doit être à son poste. Le peuple ne veut pas d'aventure guerrière; il veut une politique qui garantisse la paix.

      Sur quoi le leader français Jaurès, lui faisant écho par dessus la frontière, répondait dans son organe l'Humanité:

      Tout ce que nous voyons à l'heure présente, dans cette obscurité, c'est que nos camarades socialistes d'Allemagne ont vigoureusement protesté contre le caractère menaçant et offensant de la note autrichienne. Que les socialistes de tous les pays redoublent d'efforts pour éclairer l'opinion et pour opposer leur solidarité à l'épouvantable catastrophe dont est menacé le monde.

      J'en étais là de ma lecture, quand je me sentis frappé sur l'épaule.

      – Guten Abend, Herr Wilfrid, vous êtes donc à Magdebourg?

      C'était un ami de mon père, le juge de district Obercassel, dont je fréquentais la maison pendant mon année de volontariat.

      – Comme vous le voyez, monsieur le juge de district, je suis ici de passage.

      – Quoi de nouveau? Tout le monde va bien, à Ilsenburg?

      – Tout le monde va bien, je vous remercie. Mon père fait chaque jour son heure de trapèze, ma mère cultive son piano et mes petites sœurs grandissent.

      – Tant mieux, tant mieux, Et vous, Herr Wilfrid? Vous étudiez à Halle, je crois?

      – A Halle, parfaitement, monsieur le juge de district.

      – Oh! oh! fit-il en m'examinant, mes félicitations! Vous avez ramassé là une superbe balafre. Cela vous va fort bien, mon cher!

      Il me secoua cordialement la main, s'assit en face de moi, commanda un litre et, remarquant l'amoncellement de journaux qui formait sur la table une pile presque aussi haute que celle de mes rondelles de cruchons, il demanda:

      – Vous avez lu les feuilles du soir? Quelles sont les nouvelles? L'Autriche a-t-elle fait sa déclaration de guerre?

      – Pas encore, monsieur le juge de district. Nous en sommes toujours à la rupture diplomatique. Vous croyez donc à la guerre?

      – Naturellement.

      – Et la médiation des puissances?

      – Bêtise! L'Autriche veut avoir la Serbie, elle l'aura! Elle n'en fera qu'une bouchée.

      – C'est certain. Mais il y a la Russie. Que fera la Russie?

      – La Russie fera ce qu'elle voudra. Cela nous est égal.

      – Comment, cela nous est égal? Mais si la Russie bouge, nous intervenons!

      – Eh bien, nous intervenons.

      – Vous croyez donc aussi à la guerre européenne?

      – J'y crois aussi.

      – Cependant, notre gouvernement assure qu'il veut la paix.

      – Il l'assure, sans doute. Il faut toujours assurer qu'on veut la paix. Mais je pense que c'est précisément pour avoir un bon motif d'intervention qu'il laisse François-Joseph donner tête baissée dans l'affaire balkanique. Vous comprenez que, si l'Allemagne voulait réellement la paix, notre empereur n'aurait qu'un mot à dire pour que tout rentre aussitôt dans l'ordre.

      – Ce mot, l'empereur va peut-être le dire. Qui sait s'il ne rentre pas aujourd'hui à Berlin pour cela?

      – Je ne le pense pas. L'Allemagne a tout intérêt à une guerre européenne. Jamais la situation ne nous aura été plus favorable: la Russie sans chemins de fer et perdue par ses grèves, la France plus qu'aux trois quarts pourrie, incapable d'un effort militaire, l'Angleterre en proie à la guerre civile et devant forcément rester neutre.

      – C'est juste. Mais si la situation nous est si favorable, ne pensez-vous pas, monsieur le juge de district, qu'aucun pays n'osera nous attaquer? Il faudrait donc que ce soit l'Allemagne qui prenne l'offensive? Assumerait-elle la responsabilité de déclarer la guerre?

      – Pourquoi pas? Je ne vois pas pourquoi l'Allemagne ne déclarerait pas la guerre, si c'est nécessaire. Offensive, défensive, tout cela ne signifie rien, Herr Wilfrid. En réalité, on se défend toujours, même quand on attaque. Or, nous nous sentons attaqués, parce qu'on ne nous laisse pas faire ce que nous voulons. En attaquant à notre tour, nous ne faisons donc que nous défendre. Il n'y a pas un Allemand qui ne comprenne cela.

      – Vous vouiez dire que, de quelque façon que la guerre s'engage, cette guerre ne sera jamais pour nous qu'une guerre défensive?

      – C'est