Observations d'un sourd et muèt sur un cours élémentaire d'éducation des sourds et muèts publié en 1779 par M. l'Abbé Deshamps, Chapelain de l'Église d'Orléans. Desloges Pierre. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Desloges Pierre
Издательство: Public Domain
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Жанр произведения: Зарубежная классика
Год издания: 0
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en servir, sans que nous nous en appercevions, nous qui jouïssons de la parole & de l'ouïe». Deux pages plus bas on lit: «les signes sont naturels à l'homme: personne n'en disconviendra».

      Après une décision aussi formèle; à la page suivante (page 4) il demande sérieusement si les signes sont l'ouvrage de la nature, ou celui de l'éducation. Il répète la même question, p. 8; & enfin, p. 12, il la résout gravement par ces mots: «ainsi donc ce penchant n'est que l'effet de l'éducation & non de la nature».

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      L'Auteur, qui se nome Pierre Desloges, est né en 1747 au Grand-Préssigny près la Haye, diocèse de Tours: il est Relieur de son métier, & coleur de papier pour meubles: il demeure au petit-hôtel de Chartres, rue des mauvais garçons, Faubourg Saint-Germain, à Paris.

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      A la description que l'Auteur done ici de son état, relativement au langage qui lui est resté (description étonante par son exactitude & sa précision), j'ajouterai ce que sa surdité le mèt dans l'impossibilité de conoître. C'est que sa voix est extrèmement foible: ce n'est qu'un petit murmure assez confus, où les articulations dentales sont prodigieusement multipliées, & tiènent lieu de la plupart de celles qu'exigeroit une prononciation régulière. En vain je l'ai excité à doner plus

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L'Auteur, qui se nome Pierre Desloges, est né en 1747 au Grand-Préssigny près la Haye, diocèse de Tours: il est Relieur de son métier, & coleur de papier pour meubles: il demeure au petit-hôtel de Chartres, rue des mauvais garçons, Faubourg Saint-Germain, à Paris.

2

A la description que l'Auteur done ici de son état, relativement au langage qui lui est resté (description étonante par son exactitude & sa précision), j'ajouterai ce que sa surdité le mèt dans l'impossibilité de conoître. C'est que sa voix est extrèmement foible: ce n'est qu'un petit murmure assez confus, où les articulations dentales sont prodigieusement multipliées, & tiènent lieu de la plupart de celles qu'exigeroit une prononciation régulière. En vain je l'ai excité à doner plus de son & d'éclat à sa voix, il m'a toujours fait entendre que la chose lui étoit impossible: si cela est, il faut que les organes propres de la voix, ainsi que ceux de l'ouïe, aient été afectés par la cruèle maladie qu'il a essuyée dans son enfance.

Je comprends qu'avec beaucoup d'habitude & d'aplication, je serois parvenu, come il le dit, à démêler les sons informes de son langage; je l'ai trop peu vu pour avoir essayé de le faire. La façon la plus comode, est de s'entretenir avec lui la plume à la main: c'est le moyen que j'ai toujours employé. Heureusement qu'il a su conserver les principes de lecture & d'écriture, joints à l'intelligence de la langue, qu'il avoit aquis dans sa première enfance. L'exercice de la lecture a entretenu & fortifié la conoissance qu'il avoit de la langue écrite: sa réflexion & ses talens naturèls ont fait le reste.

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Ces expériences démontrent ce que c'est qu'entendre pour notre Auteur & pour tous ceux qui ont le malheur de lui ressembler; c'est avoir la perception ou par le tact, ou par la commotion de l'air ambiant, de certains ébranlemens qui s'opèrent dans les corps à portée d'eux. L'audition n'est pour eux que l'exercice & l'effet du tact proprement dit. Je suis très-persuadé que notre Auteur, tout intelligent qu'il est, n'a pas conservé le moindre vestige de l'idée précise que nous atachons au mot entendre. Ses explications, qui d'ailleurs paroîtront infiniment précieuses aux Lecteurs philosophes, le prouvent de reste.

4

Selon l'estimation de Mr. Peyreire & de Mr. l'Abbé de l'Épée, plus de la moitié des sourds & muèts qui leur ont passé par les mains, n'étoient pas entièrement sourds, c'est-à-dire, que leurs oreilles pouvoient être afectées, come les nôtres, d'une véritable audition, par des bruits très-forts & très-éclatans. Mais ces sortes de muèts n'en sont pas plus avances. Il sufit que l'oreille d'un enfant soit obstruée au point de ne pas entendre distinctement les sons de notre langage, pour qu'il éprouve tous les malheurs d'une surdité complète. Ignorant les sons conventionèls de nos langues & les idées que nous y atachons, il devient nécessairement muèt. Pour notre Auteur, il paroît totalement sourd: le siflèt le plus aigu ne fait nulle impression sur ses oreilles.