Traité des eunuques. Charles Ancillon. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Charles Ancillon
Издательство: Public Domain
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Жанр произведения: Зарубежная классика
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faire, pour aller bâtir un Temple à Junon suivant les ordres qu'elle en avoit reçûs en songe. C'étoit un très beau garçon, il crût que le Roi concevroit infailliblement quelque jalousie contre lui, il le supplia donc très instamment de ne lui point donner cet Emploi, & n'ayant pû obtenir cette dispense il se compta pour mort s'il ne prenoit garde à lui d'une maniére qui ne souffrit point de reproche. Il obtint seulement sept jours pour se préparer à ce voyage; voici donc quels furent ses préparatifs. Dès qu'il fut à son logis, il déplora le malheur de sa condition, qui l'exposoit à la triste alternative de perdre sa vie ou son séxe, & après avoir bien soûpiré il se coupa les parties secrettes qu'on ne nomme pas, & les mit bien embaumées dans une boëte qu'il cacheta; lors qu'il fallut partir il donna la boëte au Roi en présence d'un grand nombre de personnes, & le pria de la lui garder jusqu'à son retour. Il lui dit qu'il y avoit mis une chose dont il faisoit plus de cas que de l'or & de l'argent & qui lui étoit aussi chére que la vie. Le Roi mit son cachet sur cette boëte & la donna à garder au Maître de sa garderobe. Le voyage de la Reine dura trois ans, & ne manqua pas de produire ce que Combabus avoit prévû, de sorte que l'évenement justifia la précaution qu'il avoit prise.

      Cette action de Combabus produisit un autre motif de se faire Eunuque. Ses amis intimes voulurent l'être pour le consoler de sa disgrace, fondez sur cette ancienne maxime, que c'est une consolation pour les malheureux que d'avoir des compagnons de leur infortune. Lucien ajoûte que cette conduite des amis de Combabus a servi de fondement à une coûtume qui s'observoit tous les ans, de mutiler plusieurs personnes dans le Temple que Stratonice & Combabus avoient fait bâtir, & il dit qu'ils se mutiloient, sive Combabum consolantes, sive Junoni, &c.

      Mais voici d'autres motifs bien différens de celui de Combabus & de ses amis; un jeune Gentilhomme bien fait, ayant vaincu sa Maîtresse par ses instances & par sa persévérance, ne pouvant par un malheur qui lui arriva, profiter de sa Conquête, parce qu'il ne fut pas le Maître des instrumens de sa passion; qui ne voulurent pas lui obeïr, & qui furent de glace pendant que son cœur étoit embrasé, mortifié de cette triste avanture, il se les coupa, dès qu'il fut de retour au logis, & les envoya à sa Maîtresse comme une victime sanglante capable d'expier l'offense qu'il lui avoit faite. Montagne qui rapporte l'histoire58 fait cette exclamation, si ç'eût été par discours & Religion comme les Prêtres de Cybele, que ne dirions-nous d'une si hautaine entreprise!

      Le même Montagne raconte l'action d'un païsan de son voisinage, qui se fit Eunuque par une raison bien différente; ce fut par chagrin contre sa femme, & par emportement. Ce bon homme rentrant dans sa maison, sa femme qui étoit jalouse de lui à outrance, & qui le tourmentoit sans cesse, lui ayant fait un mauvais accueil à son ordinaire, fondé sur les soupçons que sa jalousie lui donnoit, il se coupa, avec la serpe qu'il tenoit, les parties qui lui donnoient de l'ombrage & les lui jetta au nez.

      Voici une autre espéce de gens qui se font Eunuques; ce sont des hommes qui craignent la lépre ou la goutte, & qui pour jouïr de l'avantage qu'il y a à en être éxempt, aiment mieux perdre ceux qu'ils pourroient tirer de leurs parties viriles. Il est certain que la lépre n'attaque point les Eunuques: outre l'expérience voici ce que Mr. le Prêtre conseiller au Parlement de Paris en rapporte dans les Questions Notables de droit.59Antipathia verò Elephantiasis veneno resistit; Hinc Eunuchi, & quicumque sunt mollis, frigidæ & effœminatæ naturæ, nunquàm aut rarò lepra corripiuntur; & quidem quibus imminet lepræ periculum de consilio medicorum, sibi virilia amputare permittitur. c. ex pars. 11. ex. de corpor. vitiatis ordinandis, vél non; Quod etiam aliquando permiserunt nonnulli leprosis ministrantes, manifesto experimento, magnoque vitæ & sanitatis commodo.60Mézeray dit, dans la Vie de Philippe Auguste, qu'il a lu qu'il y avoit des hommes qui apprehendoient si fort la ladrerie, cette vilaine & honteuse maladie, qu'ils se châtroient pour s'en préserver.

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      1

      Comme l'illustre Mr. Bayle étoit encore en vie quand cette Dédicace a été faite, on n'a pas trouvé qu'il fut nécessaire d'y rien changer, quoi qu'il soit mort depuis.

      2

      Mr. de Montpinslon.

      3

      Histoire des Ouvrages des Savans. Mois de Janvier, Février & Mars 1706. pag. 84. & suiv.

      4

      Nouv. de la Répub. des Lett. Janv. 1704 p. 117.

      5

      Nouvelles de la République des Lettres tom. 1. Mois d'Avril 1684. pag. 117.

      6

      Patiniana pag. 25.

      7

      Capitul. 9. tit. 19 de procuratoribus lib. 1. sexti Decretal.

      8

      Imperat. Leonis constitut. 26. in princip.

      9

      Novel. 21. tit. 1. de Nuptiis. In præfat.

      10

      L. 197. de divers. regul. Jur.

      11

      Liv. 14. ch. 6.

      12

      In Eutrop. lib. 1. V. 339.

      13

      Christophori Helvici Theatrum Historicum pag. 5.

      14

      St. Remuald. Thresor Chronol. & Histor. fol. tom. 1. pag. 79.

      15

      Valere Maxime liv. 9, ch. 3. art. 13.

      16

      Lucien dans son dialogue Intitulé le menteur ou l'Incredule.

1

Comme l'illustre Mr. Bayle étoit encore en vie quand cette Dédicace a été faite, on n'a pas trouvé qu'il fut nécessaire d'y rien changer, quoi qu'il soit mort depuis.

2

Mr. de Montpinslon.

3

Histoire des Ouvrages des Savans. Mois de Janvier, Février & Mars 1706. pag. 84. & suiv.

4

Nouv. de la Répub. des Lett. Janv. 1704 p. 117.

5

Nouvelles de la République des Lettres tom. 1. Mois d'Avril 1684. pag. 117.

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<p>58</p>

Essais liv. 2. ch. 29.

<p>59</p>

Centuries 1. ch. C. de separatione ex causa luis Veneraæ.

<p>60</p>

Abreg. Chronol. tom. 2. pag. 639.