Autopilotes et régulateurs d’allure
Peter Christian Förthmann
Mentions Légales
SOUS LA VOILE (Autopilotes et régulateurs d’allure)
Peter Christian Förthmann
Copyright: © 2013 Peter Christian Förthmann
Publié de: epubli GmbH, Berlin
www.epubli.de
ISBN 978-3-8442-5849-3
Avant-propos
Qui sait pourquoi, mais les plaisanciers n’aiment généralement pas barrer. L’idée de devoir passer des heures et des heures à la barre en dissuade plus d’un de se lancer dans de longues croisières. C’est certainement la principale raison pour laquelle, jusqu’à hier, il y avait aussi peu de voiliers mettant le cap sur des destinations lointaines. Cette donne a cependant changé depuis l’avènement des autopilotes pour yachts et le développement de régulateurs d’allure utilisant l’énergie du vent. Avec eux, finie cette corvée et vive les longues traversées sur l’océan, même avec un équipage réduit. Ayant fait un premier périple de plus de 70.000 miles avec un Aries et un deuxième de quelque 40.000 miles avec un Hydrovane, je ne crains pas d’être taxé d’exagération en affirmant que s’il est un système essentiel dont tout yacht de croisière a intérêt à être équipé, c’est bien un régulateur d’allure.
Nombreux sont cependant les plaisanciers qui, malheureusement, ne partagent pas cet avis. C’est vrai que nous avons grandi dans un environnement high-tech où tout se résume à une simple pression sur un bouton et que nous y sommes accros, y compris en mer. Déterminer le cap à l’aide d’un compas et enclencher un autopilote est une solution facile. Une solution dont la plupart des navigateurs actuels se réjouissent jusqu’au jour où les batteries de leur bateau leur font faux bond et mettent abruptement fin à cette belle histoire d’amour. Suite aux mésaventures du genre qui m’ont été rapportées par des navigateurs ayant participé à l’ARC ou autres courses transatlantiques analogues, je suis parvenu à convaincre Peter Förthmann de venir à Las Palmas avant le coup d’envoi de l’ARC pour parler des avantages et désavantages des différents systèmes de pilotage automatiques. Ses conférences et séminaires ont remporté un énorme succès, non seulement parce qu’il connaît cette matière mieux que quiconque, mais aussi parce que quand il parle d’autopilotes électroniques et de régulateurs d’allure, il le fait toujours en toute impartialité. Le fait qu’il n’ait jamais tenté d’imposer ses propres produits lui a valu de gagner l’intérêt et la confiance de son auditoire.
C’est pourquoi je suis lui sais gré non seulement de m’avoir consulté pour l’écriture de cet ouvrage tant attendu, mais aussi de l’avoir fait d’une façon aussi objective et équitable, en donnant à l’ensemble de ses concurrents une chance égale de faire connaître leurs produits. Dans cet ouvrage, il traite de tous les pilotes automatiques existants, permettant ainsi au lecteur de se faire sa propre idée. De nombreux marins s’accordent à dire qu’à l’heure actuelle le Windpilot de Peter est le meilleur. En tant que concepteur et constructeur de ce dispositif ingénieux, Peter a, en effet, démontré que son nom est digne de figurer aux côtés de ceux de ses prestigieux prédécesseurs tels que Blondie Hasler, Marcel Gianoli ou Nick Franklin. Avec ce livre, Peter Förthmann confirme son rôle d'autorité mondiale dans le domaine des régulateurs d'allure.
Jimmy Cornell
Préface
Qui aurait pu croire que le monde allait à ce point changer en l’espace d’une génération ?
Les yachts qui, hier encore, étaient considérés comme étant à la pointe de la technologie, sont soudain dépassés. L’offre en matière d’instruments et d’équipements de navigation a pris d’incroyables proportions. GPS, EPIRB, INMARSAT, lecteur de cartes, radar et accès Internet sont désormais monnaie courante à bord. Le marché du livre nautique a été, lui aussi, particulièrement fécond. Rares sont les sujets qui n’ont pas encore été abordés et n’ont pas livré leurs moindres secrets. Ceci étant, on a du mal à concevoir que, pendant toute une génération, personne n’a pensé à rédiger le présent ouvrage !
Un livre sur les systèmes de pilotage automatiques s’imposait depuis longtemps. C’est du moins le sentiment qu’a eu Jimmy Cornell, dont les encouragements ont fini par me convaincre de prendre la plume. Je n’ai pas pris cette décision à la légère car il s’agit d’un sujet particulièrement délicat pour quelqu’un comme moi qui fabrique des régulateurs d’allure. Mais c’est aussi un sujet idéal, car certains aspects de la voile sont aussi logiques qu’intuitifs. Tous ces systèmes reposent sur les mêmes principes physiques. Dans ce domaine, rien ne relève de la magie ni de théories obscures.
J’espère que cet ouvrage coupera court aux opinions conflictuelles et aux bruits contradictoires qui courent au sujet des systèmes de pilotage automatiques. S’il vous épargne la frustration d’une défaillance technique et l’épuisement d’interminables heures à la barre dans le froid, le vent et le noir d’encre des nuits de tempête, il aura atteint son but. S’il met en évidence des lacunes sur le plan de vos connaissances ou des failles au niveau de votre propre équipement, réjouissez-vous ! Mieux vaut entrevoir ses erreurs quand on est dans un port où l’on ne risque rien qu’au beau milieu de l’océan. Une fois en mer, vous devez vous débrouiller avec les cartes que vous vous êtes données : une maigre consolation lorsque, les bras ankylosés et les yeux fatigués, vous vous accrochez désespérément à la barre et à l’horizon, en décomptant les heures qui vous séparent encore du port...
J’aimerais remercier tout particulièrement Jimmy Cornell, que j’entends encore me dire « assieds-toi et mets-toi à écrire ! ». Jörg Peter Kusserow, mon ami et partenaire en affaires dont les illustrations sont d’un grand enrichissement pour cet ouvrage. Chris Sandison, qui a traduit cet ouvrage dans la langue de Shakespeare. Janet Murphy des éditions Adlard Coles Nautical, qui n’a jamais perdu le sourire face à cette montagne grandissante de feuillets.
Et enfin, je tiens à vous remercier, vous cher lecteur, dans la mesure où vous estimez que ce livre vous a apporté des informations utiles, susceptibles de faciliter votre tâche de navigateur – sans rester à terre.
Peter Christian Förthmann
Introduction
Tout au long de l’histoire, l’homme a pris la mer à bord de voiliers pour faire du commerce, partir à la découverte de nouveaux continents ou à des fins de conquête. Ce n’est pourtant qu’au XXe siècle qu’a jailli l’idée qu’il y aurait peut-être moyen de concevoir un voilier équipé d’un système de pilotage automatique. À l’âge d’or des grands voiliers et même durant les temps modernes, piloter un bateau signifiait ne pas lâcher un instant la barre à roue. À l’époque la main-d’œuvre était légion et bon marché et tous les travaux au niveau du pont et des gréements, ainsi que le mouillage et la remontée de l’ancre s’effectuaient manuellement. Lorsque la force brute ne suffisait pas, on avait recours à des poulies et des palans, ainsi qu’aux avantages mécaniques des barres d’anspect et cabestans pour manœuvrer l’ancre. Voyant qu’ils étaient en passe d’être évincés par la flotte de bateaux à vapeur en pleine expansion, les derniers grands voiliers se sont vus équipés de petits moteurs à vapeur susceptibles de venir en aide à l’équipage. Or, le pilotage proprement dit n’en demeurait pas moins une tâche purement manuelle et rude, même s’il y avait trois officiers de quart et lorsqu’on fixait la barre avec une aussière. Même les grands bâtiments à gréement carré sillonnaient les océans sans l’aide du moindre moteur électrique ni système hydraulique.
Au début du XXe siècle, la navigation de plaisance était un sport élitaire, réservé aux gens fortunés possédant un yacht et pouvant se payer un équipage au grand complet. Pour eux, il était inconcevable – même dans leurs rêves les plus fous – que la pièce maîtresse de leur joujou, c.-à-d. la barre, puisse un jour être automatisé.
Ce n’est qu’après le triomphe de la vapeur qui est allé de pair avec un essor rapide du commerce maritime et des croisières internationales que le barreur est devenu