Je lui fus présenté; je lui parus bien jeune pour un instituteur. Connaissant le tempérament de son épouse, il se douta bien qu'elle ne me laissait pas donner exclusivement tous mes soins à mon élève; mais il n'était pas jaloux, et le séjour qu'il avait fait à Florence l'ayant accoutumé aux plaisirs socratiques, et ma figure le séduisant, il crut faire servir la faiblesse de sa femme pour moi à s'assurer de mes complaisances. Il feignit le soir un mal de tête, s'excusa de coucher seul dans son appartement, lui disant en l'embrassant tendrement qu'il espérait s'en dédommager quand cette indisposition imprévue ne le contrarierait plus. Elle me fit alors un signe, que je compris à merveille. Quand je le crus retiré, je m'introduisis dans le lit de ma belle, et nous nous hâtâmes de profiter d'une occasion que nous craignions ne pas retrouver de sitôt.
A peine étions-nous à l'oeuvre, que nous vîmes paraître Valbouillant en chemise, un poignard à la main, qui, jetant la couverture et me saisissant de la main gauche, me dit: – On ne m'outrage point impunément; mais je suis humain, choisissez entre ces poignards. Et brandissant celui qu'il tenait, il me montrait celui dont Jupiter frappait Ganymède. L'amour de la vie ne rendit pas mon choix douteux; je cédai à l'impérieuse circonstance, et Mme Valbouillant, trop heureuse d'en être quitte à si bon marché, me retint assujetti dans la position où je me trouvais; son mari devint le mien, et dans le fort de ses transports, il prodiguait mille baisers à sa femme, bénissant une infidélité qui lui procurait de si douces jouissances. – Tu me pardonnes donc, lui dit-elle en l'embrassant. – Comment rester fâché contre de si chers coupables? Ce sein, dit-il en le baisant (elle l'avait superbe), et ces jumelles, ajouta-t-il en frottant de la main l'autel où il venait de sacrifier, attendriraient un tigre; de plus, je n'ai pas compté que tu pusses rester fidèle pendant une si longue absence. J'ai gagné dans mon voyage une bonne succession et des cornes. La première me fait plus de bien que les autres ne me feront de mal. Ne prêtons point à rire, soyons discrets et jouissons sans scrupule de tous les plaisirs que notre âge et notre fortune nous offrent; évitons le scandale et moquons-nous du reste.
Mme Valbouillant, enchantée de la manière dont il avalait la pilule, le comblait de caresses. – Ah! mon ami, que de bonté! Non, plus jamais tu n'auras de reproche à me faire! Je renonce… – Tais-toi, point de serment, je n'y crois point. J'exige ta confiance et non ta fidélité; ce serait demander l'impossible. Tiens, regarde notre abbé, comme il est radieux; j'ai retardé ses plaisirs et les tiens, mais je ne veux pas vous en priver; allons, Hic et Hec, reprenez votre besogne. – La plaisanterie est trop amère, mon ami, quand tu vois mon repentir. – Je ne plaisante point, j'ai donné à l'abbé ce que je te destinais, il est juste qu'il t'en dédommage; les plaisirs que tu prendras devant moi ne peuvent m'offenser, puisque c'est de mon aveu, et que mes yeux jouiront par ce tableau. Et tenant sa femme dans l'attitude la plus commode, il me pressa de me jeter dans ses bras. La singularité de tout ce qui venait de se passer me fit hésiter: il insista; je cédai, et j'avoue que j'en mourais d'envie. Alors, nous serrant tous deux dans ses bras, il nous couvrit de caresses; sa femme, d'abord embarrassée, se rassura et lui serrant la main, se livra sans réserve à mes transports, et parvint au but désiré en même temps que moi. – Eh bien! mes amis, dit-il, ne suis-je pas un complaisant? Des caresses furent notre réponse. Regarde, dit-il à sa femme, l'effet du spectacle que vous venez de me donner. Et il lui découvrit son sceptre dans l'état le plus respectable. – Qu'il est menaçant, s'écria-t-elle; allons, mon pauvre Hic et Hec, vous allez être poignardé. – Non, madame, c'est sur vous cette fois que ma fureur va tomber; si, par hasard, dans neuf mois vous me rendez père, je ne veux pas avoir de certitude que l'enfant n'est pas de moi. En disant ces mots, il use de tous ses droits et s'empare de la place dont je venais de sortir. Valbouillant était bien fait, il avait à peine trente ans, son corps frais et rebondi était d'une blancheur éblouissante; la vue de son post-face me rendit ma vigueur, je me précipitai sur lui, je m'introduisis sans peine, et mes mouvements secondant ses efforts, le faisaient pénétrer plus avant dans la grotte de son épouse. – Ah! cher abbé, s'écria-t-il, quel plaisir! Tu doubles ma jouissance. Je continuai avec ardeur, et bientôt une triple émission couronna notre félicité. Alors, plus calme, il me baisa avec une tendre fureur, pour me payer des délices que je lui avais fait éprouver. – Vous m'étonnez, dit sa femme, je pensais bien qu'en socratisant, l'agent goûtait un plaisir vif par la pression qu'il éprouve dans la voie étroite; mais je ne puis concevoir que le patient en puisse ressentir; au contraire, la grosseur de ce qu'il admet doit lui causer une sorte de douleur qui doit émousser toute volupté. – Ah! ma chère, que vous êtes dans l'erreur, le rôle de patient est au moins aussi doux à jouer que celui d'agent, le chatouillement intérieur est ravissant, et j'ai vu des femmes qui préféraient recevoir leur ami de ce côté-là. – C'est singulier, et pourquoi ne me l'avoir point fait essayer? – Je n'osais te le proposer, et sans les événements d'aujourd'hui, je ne t'en aurais peut-être jamais parlé. – Je serais bien tentée d'en faire l'épreuve, si je ne craignais pas que cela me fît beaucoup de mal. – Nous l'avons bien supporté votre mari et moi presque dès l'enfance; avec un peu de pommade les obstacles disparaissent. – Vous m'encouragez; cependant comment est-il possible que ceci (touchant le sceptre de son mari) puisse entrer dans un si petit réduit? – Mon coeur, il faut choisir, pour commencer le défrichement, la charrue dont le soc sera le plus aigu.
A l'examen, les proportions du mien parurent plus propres pour entamer l'ouvrage, et après quelques moments de repos, mes forces s'étant ranimées, Valbouillant resta dans le lit, nous nous levâmes sa femme et moi; je lui fis courber le corps sur le lit, son mari la retint, unissant sa bouche à la sienne et l'animant par des baisers à la florentine. Cependant sa croupe se levant, me présentait un double chemin au bonheur; je choisis celui convenu; après avoir préparé la voie par un liniment suffisant, la grosseur du soc lui fit d'abord jeter un cri, je m'arrêtai et poussant avec ménagement quelques secondes après, j'ouvris le sillon assez pour y cacher la moitié du fer de la charrue; je m'arrêtai encore: – Souffrez-vous? lui dis-je. – Encore un peu, mais moins. Alors, appuyant sur les manchons, je fis le défrichement aussi profond qu'il devait l'être, allant et venant, comme l'exige ce genre d'agriculture. – Ah! dieux! s'écria-t-elle; je ne sais où je suis, la tête me tourne, je brûle; ah! quelle volupté, je fonds! Ah!… ah!… je succombe… je pars encore… Quartier! mon cher ami… je ne puis plus… Me sentant aussi tout hors de moi, je retirai mon soc du sillon où il était, je l'enfonçai profondément dans le voisin que je trouvai inondé d'un déluge de larmes de volupté; les miennes s'y mêlèrent et nous nous rejetâmes sur le lit dans un abattement délicieux qui succède aux plaisirs satisfaits. – Ah! mes amis, s'écriait Mme Valbouillant, se peut-il que j'aie vécu jusqu'à présent dans l'ignorance d'un bonheur aussi grand; bon Dieu, quelle félicité, quelle douceur ineffable! Valbouillant, qu'elle caressait en tenant ce discours, lui proposa de lui faire répéter l'expérience dont elle s'était si bien trouvée. – De bon coeur, quand j'aurai pris quelques moments de repos; mais laissez-moi respirer quelques instants, et me recueillir sur une jouissance aussi parfaite et aussi nouvelle pour moi.
Elle s'assoupit un moment la tête appuyée sur mon sein, je m'endormis aussi une main sur ses reins, et l'autre enveloppant un côté de son sein. Valbouillant suivit notre exemple, nous dormîmes près de deux heures; un songe intéressant occupait notre belle, elle agitait ses reins et m'embrassait avec un transport qui m'éveilla tout à coup. Valbouillant ouvrit aussi les yeux. – C'est, dit-il, à mon tour de lui faire la seconde expérience socratique. – D'accord, répondis-je, mais si vous m'en croyez, nous pouvons doubler pour elle la volupté. – Comment? – Je vais me coucher sur le dos et l'établir sur moi tout physiquement, et vous vous installerez ensuite dans la voie étroite. Tous deux applaudirent à mon idée, et nous nous mîmes sans délai à la réaliser. Je mis un coussin sous mes reins pour les élever davantage, mon héroïne se mit à cheval sur moi, enfonçant mon poignard dans sa blessure et collant sa poitrine sur la mienne, de façon qu'elle offrait dans la position la plus avantageuse le revers à son second athlète. Il ne tarda pas à battre la muraille avec son bélier, qui bientôt s'y fit jour. Enivrée de plaisir, elle me mordait, me pinçait, me baisait, m'inondait et par-dessus m'étouffait: quelque