Les tribulations d'un chinois en Chine. Jules Verne. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Jules Verne
Издательство: Bookwire
Серия:
Жанр произведения: Книги для детей: прочее
Год издания: 0
isbn: 4064066088552
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       Jules Verne

      Les tribulations d'un chinois en Chine

      Publié par Good Press, 2020

       [email protected]

      EAN 4064066088552

       La première de couverture

       Page de titre

       Texte

      I OU LA PERSONNALITÉ ET LA NATIONALITÉ DES PERSONNAGES SE DÉGAGENT PEU À PEU II DANS LEQUEL KIN-FO ET LE PHILOSOPHE WANG SONT POSÉS D'UNE FAÇON PLUS NETTE III OÙ LE LECTEUR POURRA, SANS FATIGUE, JETER UN COUP D'OEIL SUR LA VILLE DE SHANG-HAÏ IV DANS LEQUEL KIN-FO REÇOIT UNE IMPORTANTE LETTRE QUI A DÉJÀ HUIT JOURS DE RETARD V DANS LEQUEL LÉ-OU REÇOIT UNE LETTRE QU'ELLE EÛT PRÉFÉRÉ NE PAS RECEVOIR VI QUI DONNERA PEUT-ÊTRE AU LECTEUR L'ENVIE D'ALLER FAIRE UN TOUR DANS LES BUREAUX DE «LA CENTENAIRE» VII QUI SERAIT FORT TRISTE, S'IL NE S'AGISSAIT D'US ET COUTUMES PARTICULIERS AU CÉLESTE EMPIRE VIII OÙ KIN-FO FAIT A WANG UNE PROPOSITION SÉRIEUSE QUE CELUI-CI ACCEPTE NON MOINS SÉRIEUSEMENT IX DONT LA CONCLUSION, QUELQUE SINGULIÈRE QU'ELLE SOIT, NE SURPRENDRA PEUT-ÊTRE PAS LE LECTEUR X DANS LEQUEL CRAIG ET FRY SONT OFFICIELLEMENT PRÉSENTÉS AU NOUVEAU CLIENT DE LA «CENTENAIRE» XI DANS LEQUEL ON VOIT KIN-FO DEVENIR L'HOMME LE PLUS CÉLÈBRE DE L'EMPIRE DU MILIEU XII DANS LEQUEL KIN-FO, SES DEUX ACOLYTES ET SON VALET S'EN VONT À L'AVENTURE XIII DANS LEQUEL ON ENTEND LA CÉLÈBRE COMPLAINTE DES «CINQ VEILLES DU CENTENAIRE» XIV OÙ LE LECTEUR POURRA, SANS FATIGUE, PARCOURIR QUATRE VILLES EN UNE SEULE XV QUI RÉSERVE CERTAINEMENT UNE SURPRISE A KIN-FO ET PEUT-ÊTRE AU LECTEUR XVI DANS LEQUEL KIN-FO, TOUJOURS CÉLIBATAIRE, RECOMMENCE A COURIR DE PLUS BELLE XVII DANS LEQUEL LA VALEUR MARCHANDE DE KIN-FO EST ENCORE UNE FOIS COMPROMISE XVIII OÙ CRAIG ET FRY, POUSSÉS PAR LA CURIOSITÉ, VISITENT LA CALE DE LA «SAM-YEP» XIX QUI NE FINIT BIEN, NI POUR LE CAPITAINE YIN COMMANDANT LA «SAM-YEP», NI POUR SON ÉQUIPAGE XX OÙ ON VERRA A QUOI S'EXPOSENT LES GENS QUI EMPLOIENT LES APPAREILS DU CAPITAINE BOYTON XXI DANS LEQUEL CRAIG ET FRY VOIENT LA LUNE SE LEVER AVEC UNE EXTRÊME SATISFACTION XXII QUE LE LECTEUR AURAIT PU ÉCRIRE LUI-MÊME, TANT IL FINIT D'UNE FAÇON PEU INATTENDUE!

      I OU LA PERSONNALITÉ ET LA NATIONALITÉ DES PERSONNAGES SE DÉGAGENT PEU À PEU

       Table des matières

      «Il faut pourtant convenir que la vie a du bon! s'écria l'un des convives, accoudé sur le bras de son siège à dossier de marbre, en grignotant une racine de nénuphar au sucre.

      — Et du mauvais aussi! répondit, entre deux quintes de toux, un autre, que le piquant d'un délicat aileron de requin avait failli étrangler!

      — Soyons philosophes! dit alors un personnage plus âgé, dont le nez supportait une énorme paire de lunettes à larges verres, montées sur tiges de bois. Aujourd'hui, on risque de s'étrangler, et demain tout passe comme passent les suaves gorgées de ce nectar! C'est la vie, après tout!»

      Et cela dit, cet épicurien, d'humeur accommodante, avala un verre d'un excellent vin tiède, dont la légère vapeur s'échappait lentement d'une théière de métal.

      «Quant à moi, reprit un quatrième convive, l'existence me parait très acceptable, du moment qu'on ne fait rien et qu'on a le moyen de ne rien faire!

      — Erreur! riposta le cinquième. Le bonheur est dans l'étude et le travail. Acquérir la plus grande somme possible de connaissances, c'est chercher à se rendre heureux!…

      — Et à apprendre que, tout compte fait, on ne sait rien!

      — N'est-ce pas le commencement de la sagesse?

      — Et quelle en est la fin?

      — La sagesse n'a pas de fin! répondit philosophiquement l'homme aux lunettes. Avoir le sens commun serait la satisfaction suprême!»

      Ce fut alors que le premier convive s'adressa directement à l'amphitryon, qui occupait le haut bout de la table, c'est-à-dire la plus mauvaise place, ainsi que l'exigeaient les lois de la politesse. Indifférent et distrait, celui-ci écoutait sans rien dire toute cette dissertation interpocula.

      «Voyons! Que pense notre hôte de ces divagations après boire? Trouve-t-il aujourd'hui l'existence bonne ou mauvaise? Est-il pour ou contre?»

      L'amphitryon croquait nonchalamment quelques pépins de pastèques; il se contenta, pour toute réponse, d'avancer dédaigneusement les lèvres, en homme qui semble ne prendre intérêt à rien.

      «Peuh!» fit-il.

      C'est, par excellence, le mot des indifférents. Il dit tout et ne dit rien. Il est de toutes les langues, et doit figurer dans tous les dictionnaires du globe. C'est une «moue» articulée.

      Les cinq convives que traitait cet ennuyé le pressèrent alors d'arguments, chacun en faveur de sa thèse. On voulait avoir son opinion. Il se défendit d'abord de répondre, et finit par affirmer que la vie n'avait ni bon ni mauvais. A son sens, c'était une «invention» assez insignifiante, peu réjouissante en somme!

      «Voilà bien notre ami!

      — Peut-il parler ainsi, lorsque jamais un pli de rose n'a encore troublé son repos!

      — Et quand il est jeune!

      — Jeune et bien portant!

      — Bien portant et riche!

      — Très riche!

      — Plus que très riche!

      — Trop riche peut-être!»

      Ces interpellations s'étaient croisées comme les pétards d'un feu d'artifice, sans même amener un sourire sur l'impassible physionomie de l'amphitryon. Il s'était contenté de hausser légèrement les épaules, en homme qui n'a jamais voulu feuilleter, fût-ce une heure, le livre de sa propre vie, qui n'en a pas même coupé les premières pages!

      Et, cependant, cet indifférent comptait trente et un ans au plus, il se portait à merveille, il possédait une grande fortune, son esprit n'était pas sans culture, son intelligence s'élevait au- dessus de la moyenne, il avait enfin tout ce qui manque à tant d'autres pour être un des heureux de ce monde! Pourquoi ne l'était-il pas?

      Pourquoi?

      La voix grave du philosophe se fit alors entendre, et, parlant comme un coryphée du choeur antique: «Ami, dit-il, si tu n'es pas heureux ici-bas, c'est que jusqu'ici ton bonheur n'a été que négatif. C'est qu'il en est du bonheur comme de la santé. Pour en bien jouir, il faut en avoir été privé quelquefois. Or, tu n'as jamais été malade… je veux dire: tu n'as jamais été malheureux! C'est là ce qui manque à ta vie. Qui peut apprécier le bonheur, si le malheur ne l'a jamais touché, ne fût-ce qu'un instant!»

      Et, sur cette observation empreinte de sagesse, le philosophe, levant son verre plein d'un champagne puisé aux meilleures marques: «Je souhaite un peu d'ombre au soleil de notre hôte, dit- il, et quelques douleurs à sa vie!»

      Après quoi, il vida son verre tout d'un trait.

      L'amphitryon fit un geste d'acquiescement, et retomba dans son apathie habituelle.

      Où se tenait cette conversation? Était-ce dans une salle à manger européenne, à Paris, à Londres, à Vienne, à Pétersbourg? Ces six convives devisaient-ils dans le salon d'un restaurant de l'Ancien ou du Nouveau