Correspondance, 1812-1876. Tome 1. Жорж Санд. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Жорж Санд
Издательство: Public Domain
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Жанр произведения: Зарубежная классика
Год издания: 0
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      Correspondance, 1812-1876 – Tome 1

      I

      A MADAME MAURICE DUPIN1 QUI ALLAIT QUITTER NOHANT2

      1812.

      Que j'ai de regret de ne pouvoir te dire adieu! Tu vois combien j'ai de chagrin de te quitter. Adieu pense à moi, et sois sûre que je ne t'oublierai point.

      Ta fille.

      Tu mettras la réponse derrière le portrait du vieux Dupin3.

      II

      A LA MÊME, A PARIS

      Nohant, 24 février 1815

      Oh! oui, chère maman, je t'embrasse; je t'attends, je te désire et je meurs d'impatience de te voir ici. Mon Dieu, comme tu es inquiète de moi! Rassure-toi, chère petite maman. Je me porte à merveille. Je profite du beau temps. Je me promène, je cours, je vas, je viens, je m'amuse, je mange bien, dors mieux et pense à toi plus encore.

      Adieu, chère maman; ne sois donc point inquiète. Je t'embrasse de tout mon coeur.

      AURORE4.

      III

      A.M. CARON, A PARIS

      Nohant, 21 novembre 1823.

      J'ai reçu votre envoi, mon petit Caron, et je vous remercie de votre extrême obligeance. Toutes mes commissions sont faites le mieux du monde, et vous êtes gentil comme le père Latreille5.

      Vous m'avez envoyé assez de guimauve pour faire pousser deux millions de dents; comme j'espère que mon héritier6 n'en aura pas tout à fait autant, j'ai fait deux bouteilles de sirop dont vous vous lécherez les barbes si vous vous dépêchez de venir à Nohant; car mon petit n'est pas disposer à vous en laisser beaucoup. Au reste, votre envoi a fait bon effet, puisque nous avons deux grandes dents. Vous seriez amoureux de lui maintenant: il est beau comme vous, et leste comme son père. J'aimerais autant tenir une grenouille, elle ne sauterait pas mieux.

      Adieu, mon petit père. Nous vous embrassons et sommes vos bons amis.

      LES DEUX CASIMIRS7.

      IV

      A MADAME MAURICE DUPIN, A PARIS

      Je ne sais pas la date. Nous sommes le deuxième dimanche de carême8.

      Je suis enchantée d'apprendre que vous vous portiez mieux, chère petite maman, et j'espère bien qu'à l'heure où j'écris, vous êtes tout à fait guérie; du moins je le désire de tout mon coeur, et, si je le pouvais, je vous rendrais vos quinze ans, chose qui vous, ferait grand plaisir, ainsi qu'à bien d'autres.

      C'est un grand embarras que vous avez pris de sevrer un gros garçon comme Oscar9, et vous avez rendu à Caroline10 un vrai service de mère. Le mien n'a plus besoin de nourrice, il est sevré. C'est peut-être un peu tôt; mais il préfère la soupe et l'eau et le vin à tout, et, comme il ne cherche pas à teter, mon lait a diminué, sans que ni lui ni moi nous en apercevions.

      Il est superbe de graisse et de fraîcheur il a des couleurs très vives, l'air très décidé, et le caractère idem. Il n'a toujours que six dents; mais il s'en sert bien pour manger du pain, des oeufs, de la galette, de la viande, enfin tout ce qu'il peut attraper. Il mord, comme un petit chien, les mains qui, l'ennuient en voulant le coiffer, etc. Il pose très bien ses pieds pour marcher, mais il est encore trop jeune pour courir après Oscar: dans un an ou deux, ils se battront pour leurs joujoux.

      J'espère, ma chère maman, que le désir que vous me témoignez de nous revoir, et que nous partageons, sera bientôt rempli. Nous espérons faire une petite fugue vers Pâques, pour présenter M. Maurice à son grand-papa, qui ne le connaît pas encore et qui désire bien le voir, comme vous pensez. Je veux lui faire une surprise. Je ne lui parlerai de rien dans mes lettres et je lui enverrai Maurice sans dire qui il est. Nous, nous serons derrière la porte pour jouir de son erreur. Mais j'ai tort de vous dire cela, car je veux vous en faire autant. Ainsi n'attendez pas que je vous prévienne de mon arrivée.

      Adieu, ma chère maman; donnez-moi encore de vos nouvelles. Je vous embrasse de tout mon coeur, Casimir en fait autant; pour Maurice, quand on veut l'embrasser, il tourne la tête et présente son derrière; j'espère que vous le corrigerez de cette mauvaise habitude.

      V

      A LA MÊME

      Nohant, 29 juin 1825.

      Vous devez me trouver bien paresseuse, ma chère petite maman, et je le suis en effet. Je mène une vie si active, que je ne me sens le courage de rien, le soir en rentrant, et que je m'endors aussitôt que je reste un instant en place.

      Ce sont là de bien mauvaises raisons, j'en conviens; mais, du moment que nous sommes tous bien portants, quelles nouvelles à vous donner de notre tranquille pays, où nous vivons en gens plus tranquilles encore; voyant pen de personnes et nous occupant de soins champêtres, dont la description ne vous amuserait guère? J'ai reçu des nouvelles de Clotilde11, qui m'a dit que vous vous portiez bien; c'est ce qui me rassurait sur votre compte et contribuait à mon silence puisque j'étais sans inquiétude.

      Si vous eussiez effectué le projet de venir à Nohant, nous aurions dans ce moment le chagrin de vous quitter. Je pars dans huit jours pour les Pyrénées. J'ai eu le bonheur d'avoir ici pendant quelques jours, deux aimables soeurs, mes amies intimes de couvent, qui se rendent aux mêmes eaux, avec leur père, et un vieil ami fort gai et fort aimable. En quittant Chateauroux, elles n'ont pu se dispenser de venir passer quelques jours à Nohant, qui était devenu pour moi un lieu de délices par la présence de ces bonnes amies. Je les ai reconduites un bout de chemin et ne les ai quittées qu'avec la promesse de les rejoindre bientôt.

      Nous allons donc entreprendre un petit voyage de cent quarante lieues d'une traite. C'est peu pour vous qui faites le voyage d'Espagne comme celui de Vincennes; mais c'est beaucoup pour Maurice, qui aura demain deux ans. J'espère néanmoins qu'il ne s'en apercevra pas, à en juger par celui de Nohant, qu'il trouve trop court à son gré. D'ailleurs, nous ne voyagerons que le jour et en poste. Nous sommes donc dans l'horreur des paquets. Nous emmenons Fanchou12, et Vincent13, qui est fou de joie de voyager sur le siège de la voiture. Pour moi, je suis enchantée de revoir les Pyrénées, dont je ne me souviens guère, mais dont on me fait de si belles descriptions. Ne manquez pas de nous donner de vos nouvelles: car il semble qu'on soit plus inquiet quand on est plus éloigné.

      Adieu, ma chère maman, je vous embrasse tendrement et vous désire une bonne santé et du plaisir surtout; car, chez vous comme chez moi, l'un ne va guère sans l'autre. Maurice est grand comme père et mère et beau, comme un Amour. Casimir vous embrasse de tout son coeur. Pour moi, je me porte très bien, sauf un reste de toux et de crachement de sang qui passeront, j'espère, avec les eaux.

      Nous resterons deux mois au plus aux eaux; de là, nous irons à Nérac chez le papa14, où nous demeurerons tout l'hiver. Au mois de mars ou d'avril, nous serons à Nohant, où nous vous attendrons avec ma tante et Clotilde.

      VI

      A LA MÊME

      Bagnères, 28 août 1825.

      Ma chère petite maman,

      J'ai reçu votre aimable lettre à Cauterets, et je n'ai pu y répondre tout de suite pour mille raisons. La première, c'est que Maurice venait d'être sérieusement malade, ce qui m'avait donné beaucoup d'inquiétude et d'embarras.

      Il est parfaitement


<p>1</p>

Mademoiselle Aurore Dupin avait alors huit ans.

<p>2</p>

Propriété de madame Dupin de Francueil, puis de George Sand, près la Châtre (Indre).

<p>3</p>

Portrait au pastel de M. Dupin de Francueil, qui se trouve dans le salon de Nohant.

<p>4</p>

Mademoiselle Aurore Dupin avait alors onze ans.

<p>5</p>

Vieil ami et correspondant de la famille.

<p>6</p>

Maurice, son fils, qui avait alors quatre mois.

<p>7</p>

Nom de François-Casimir Dudevant, son mari.

<p>8</p>

C'était le 17 mars 1824.

<p>9</p>

Oscar Cazamajou, neveu de George Sand.

<p>10</p>

Madame Cazamajou, soeur aînée de George Sand.

<p>11</p>

Clotilde Daché, née Maréchal, cousine de George Sand.

<p>12</p>

Femme de chambre.

<p>13</p>

Cocher

<p>14</p>

Le baron Dudevant, beau-pére de George Sand.